Abraham dévoila le grand miroir argenté, où se reflétait le mystérieux tourbillon bleu.

- Comment cela va-t-il se passer ? demanda Miranda, effleurant de sa main l'étrange illusion.

- Pour un temps très court, chaque disparu va traverser le miroir et vous demander si vous souhaitez repartir avec eux ou pouvoir leur dire adieu une dernière fois. Voila Alice...

La petite fille traversa alors le miroir, vêtue d'une robe blanche. On aurait dit un ange...mais peut-être l'était-elle vraiment ?

- Ils sont prêts à vous voir. Il faut se dépêcher, nous n'avons plus beaucoup de temps, leur expliqua-t-elle.

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Lorsque Laura apparut, une étrange sensation saisit Miranda, comme si les deux parties séparées de leurs âmes venaient d'être à nouveau réunies. Elle se sentait en paix et sereine, cela ne lui était plus arrivé depuis si longtemps...

- Bonjour Miranda, cela fait des années que j'attendais ce moment. Je n'y croyais plus.

- C'est vraiment toi ? sanglota Miranda, n'osant toujours pas y croire.

- Oui, c'est bien moi, ta sœur jumelle, venue d'un autre monde. Nous avons peu de temps, je voulais te dire que tu n'étais en rien responsable de ma...mon accident. Ce n'était et ne restera qu'un accident malheureux et rien d'autres. Tu n'as pas à t'en vouloir.

- Je regrette tellement, sans moi rien ne serait arrivé.

- Alors écoute moi bien Mira, ce que j'ai appris en arrivant sur cette autre Terre, c'est qu'il n'y a pas de hasard. Le destin le voulait ainsi. Je me devais d'être là bas sur cette terre en sursis pour que je puisse trouver la solution à tous leurs problèmes. C'était décidé ainsi, j'en suis sûre. Alors ne regrette rien. Je vais repartir maintenant.

- Non, non, je viens avec toi. Je n'ai rien ici.

- Si, je le dois et ta vie est ici Miranda, pas là-bas. Tu te trompes, tu peux aider beaucoup de gens et réparer les injustices.Tu dois recommencer ta vie, te reprendre en main, surpasser le passé pour mieux te reconstruire. Raconte ton expérience, fais en sorte que ce qui t'es arrivé ne puisse plus arriver à d'autres personnes, tu as tant à donner, à apporter. Je t'aimerai toujours petite sœur, même si nous sommes séparés à jamais, je serai toujours là, dans un coin de ton cœur. Je dois repartir, ils m'attendent. Sois heureuse Mira, tu le mérites.

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Eric fut le second à sortit du miroir. Il avait changé, en mieux. Il avait perdu du poids, son visage était resplendissant. Face à lui, Sarah se sentit vieille.

Pourtant, il la prit dans ses bras et pleura sur son épaule, tellement heureux de pouvoir à nouveau la serrer contre lui.

Ils n'avaient point besoin de mots pour se comprendre. Un seul regard suffit pour que sa décision soit prise. Elle embrassa tout le monde pour son dernier adieu. Elle prit Abraham dans ses bras, le remerciant encore et encore pour le merveilleux cadeau qu'elle venait de lui offrir. Puis elle suivit son mari dans le tourbillon bleu et leur lança un dernier sourire, la joie transfigurant son visage avant de disparaître définitivement.

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Lizzie était telle qu'elle était avant sa disparition, toujours aussi belle et joyeuse. Mais comme il s'y attendait, elle venait juste lui faire ses adieux.

- Nathan, je suis heureuse de te revoir une dernière fois. Je sais tout ce que tu as dû traverser, ces épreuves terribles qui ont failli gâcher ta vie, à cause de moi.

- Non, tu...

- Chut ! C'est ainsi. J'ai refait ma vie Nathan de l'autre côté et il est grand temps que tu refasses la tienne aussi. Je veux que tu reprennes confiance en toi. Comme l'a si bien dit Laura tout à l'heure, c'est le destin qui nous a choisi. Mon fiancé est comme moi, un bénévole au grand cœur et nous avons organisé toute l'évacuation, aidé les familles les plus démunis à rejoindre les vaisseaux, soigné ceux qui avaient du subir la colère de la Terre... Je suis heureuse là-bas mais ce monde n'est pas pour toi.

- Très bien. Je t'aimerai toujours Lizzie, pleura-t-il en lui prenant les mains.

- Non, tu passeras à autre chose car tel est ton destin, crois moi. La personne est d'ailleurs déjà auprès de toi, sans que tu le saches. Vis Nathan, sois heureux le plus possible comme je le suis aujourd'hui. Adieu.

Il la regarda partir, retraverser ce miroir. La savoir en vie, si loin de lui, lui faisait mal mais pas autant qu'il le pensait. Peut-être avait-elle raison après tout ? Il était grand temps de passer à autre chose.

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Alice se tourna alors vers Abraham et Mickaël.

- Le Grand Créateur n'est pas en colère contre vous. Abraham, tu as tenu ta parole, fait ce que ton cœur te dictait de faire. Tu as toujours été un homme bon et admirable. Mickaël, ta faute est pardonnée, tu as expié tous tes péchés et tu es un homme libre à présent.

- Que va-t-il advenir des Gardiens ? demande Mickaël.

- Ils sont libres de vivre normalement, maintenant que les passages n'existent plus et c'est mieux ainsi.

- Et pour toi Alice ? que va-t-il advenir de toi ?

- Je n'existe pas vraiment, je suis en dehors du temps, de l'univers... Nous seuls, les veilleurs de temps avons le pouvoir de passer de monde en monde et c'est très bien ainsi.

- Je vais rester dans ce monde, déclara Mickaël. J'en ai assez des voyages incessants et de l'immortalité. Je veux vieillir et mourir comme tout un chacun. Voilà mon dernier souhait.

- Il est exaucé, répondit Alice, puis se tournant vers Abraham : et toi, mon vieil ami, que décides-tu ?

- Je veux mourir en paix. Je suis malade, Alice. Tant que j'étais un gardien, la maladie n'a pas évolué, mais j'en ai assez. Je crois qu'il est grand temps que je rejoigne ma femme bien-aimée.

- Le pacte est rompu. Vous êtes libres tous les deux. Il est temps pour moi de repartir et je reprends le miroir, vous n'en avez plus besoin à présent. Je ne vous dis pas adieu mais un simple au revoir. Peut-être nous reverrons-nous un jour ou pas. Seul le Grand Créateur en décidera.

Elle disparut alors avec le miroir, ne laissant d'abord qu'une ombre puis plus rien. Elle était partie, emportant le miroir argenté, son miroir qu'elle avait offert par amour à son père.

La tempête au-dehors s'arrêta, tandis que les douze coups de Minuit retentissaient. Noël était là mais ils avaient déjà tous reçu le cadeau que jamais ils n'avaient espéré recevoir.

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