Chapitre 21 - 28 avril, Los Angeles – Venice Beach – Malibu
Le samedi, en fin de matinée, la chevauchée trouva son terme chez EagleRider. Ils n’avaient eu aucun incident mécanique, les motos n’avaient présenté aucune forme de défaillance. L’employé en charge du nettoyage, en revanche, allait avoir du travail pour rendre aux machines leur brillant d’origine. Les chromes et les bulles de protection étaient maculés d’insectes écrasés, certains de taille notable. Le manager vint s’assurer de leur satisfaction et leur offrit à chacun une casquette portant le logo du magasin, ainsi qu’un fanion pour le Dream Vallée.
Julie se promenait dans le show-room, examinant tous les objets symboliques de la culture Bikers, songeant à l’image caricaturale, mais bien réelle, véhiculée par les gangs tels que les Hells Angels, les Outlaws ou les Bandidos. Un sujet de reportage ? Brigitte, de son côté, s’intéressait d’avantage aux machines. Nombre de clients et d’employés la suivaient du regard. Le balancement de sa poitrine sous son T-shirt ainsi que la protubérance de ses tétons sous l’étoffe disaient clairement qu’elle ne portait pas de soutien-gorge. Avec son petit boléro de cuir noir, son jean élimé et sa chevelure flamboyante elle aurait pu être une parfaite icône pour la boutique. Avant qu’ils ne partent, elle accepta le selfie proposé par le patron.
— La prochaine fois, je viens avec toi.
Philippe embrassa longuement sa femme sur le trottoir avant de monter en voiture.
— C’est promis.
— Et si on allait déjeuner au bord de l’océan ? on n’a toujours pas vu le Pacifique.
Julie était au volant, roulant sous les directives de Philippe.
— On peut aller à Venice Beach, c’est à dix minutes d’ici.
— On pourra se baigner ? demanda Brigitte.
— Oui, mais avec un maillot « complet », pas de topless ici.
— Dommage.
Les quatre amis rirent de bon cœur.
Ils eurent un peu de mal à trouver un endroit où garer leur voiture sans se faire honteusement rançonner dans un des nombreux parkings privés, les seuls à proximité de la plage.
— Vive le libéralisme, dit Ange. Dommage que je n’aie pas mon pare-soleil « Police ».
Ils déambulèrent un moment sur la promenade en front de mer, évitant les vélos, skates, trottinettes et autres coureurs qui partageaient le même espace. Les filles visitaient chacune des échoppes de vêtements, où tous les styles cohabitaient. Brigitte craqua pour une robe de couleur fluo, décorée de planches de surf et de palmiers. La coupe en était minimaliste, ne laissant que très peu à imaginer de sa généreuse anatomie. Lorsqu’elle ressortit de la cabine d’essayage, les deux hommes ne purent retenir leur admiration. Julie avait opté pour un simple T-shirt imprimé. Ils arrivèrent dans une zone proposant plusieurs bars et restaurants avec des tables dans des patios ombragés. Ils se contentèrent d’un repas léger, en prévision du Bar-B-Cue du soir. Le bain annoncé se limita finalement à une petite marche les pieds dans l’eau pour les filles, sous les yeux des deux amis installés sur la jetée. John leur ayant proposé de venir assez tôt, ils prirent le chemin de Malibu.
Comme ils se présentaient devant le portail, celui-ci s’ouvrit et ils croisèrent Shaina qui s’apprêtait à sortir. La jeune femme les accueillit chaleureusement avant de s’excuser en les priant de retrouver John qui leur ferait visiter la maison.
— Je dois m’absenter un moment, Sam m’a demandée de passer la voir, elle ne m’a pas donné d’explication. Je ne savais pas que vous étiez en chemin. John doit être sur la terrasse, en train de préparer la soirée.
— Il n’y a pas de problème, dit Julie, je crois que nous aurons de quoi nous occuper en vous attendant.
Le gros V8 de la Mustang rugit sauvagement en dévalant les lacets jusqu’à la mer.
— Elle a l’air bien pressée, j’espère qu’il n’y a rien de grave.
— Allons demander à John.
Ils traversèrent la maison, sous les yeux ébahis des deux françaises.
— Je croyais que ces villas n’existaient que dans les magazines, dit Brigitte.
— Et oui, ici les seins valent de l’or. Mais je préfère les tiens tels qu’ils sont, ajouta Philippe.
— Les tiens sont très mignons aussi, précisa Ange à l’adresse de sa compagne. N’y change rien. De toute façon, nous n’avons pas le budget.
— J’aurais dû choisir un flic ripoux.
Ils descendirent l’escalier pour rejoindre John qui s’affairait autour d’une gigantesque cuisine de plein air. Bruleurs à gaz, grill et plaque de cuisson offraient de quoi satisfaire les besoins d’un petit restaurant. Sur la desserte voisine, les viandes prêtes à cuire auraient pu nourrir un village africain.
— Tu attends beaucoup d’invités ?
— Non, juste vous quatre, pourquoi ?
John accompagna les visiteurs vers l’aile opposée, au rez-de-chaussée et leur fit découvrir les chambres réservées aux invités. Chacune d’entre elles disposait de sa propre salle de bain, équipée d’une grande baignoire et d’une douche séparée. De grandes baies vitrées donnaient un accès direct à la piscine. Ange partit chercher les bagages avec les filles. Philippe en profita pour questionner John.
— Nous avons croisé Shaina qui partait rapidement. Il y a un souci avec Sam ? demanda Philippe.
— Je ne sais pas trop, je crois qu’il y a un petit problème avec la campagne de communication, mais je ne suis pas au courant des détails. Shaina m’a dit qu’elle allait régler ça. Sam est parfois un peu difficile à contrôler. Au fait, comment s’est terminée votre soirée ?
— Comme Shaina l’avait prédit, répondit Philippe en souriant.
— Alors je préfère ne pas avoir trop de détails. Ma femme et Sam sont très proches, mais Shaina préfère ne pas me laisser seul avec elle, si tu vois ce que je veux dire ! Je ne veux pas mélanger mon activité médicale et les relations intimes avec les patientes. C’est à la fois une question de déontologie et une bonne manière d’éviter les ennuis. Un scandale est vite arrivé, ce serait une catastrophe pour ma réputation et pour la clinique.
— Je te comprends, j’ai les mêmes principes, mais Sam n’est pas ma patiente, répondit Philippe avec un clin d’œil. Et puis dans une semaine, nous aurons quitté le pays.
Brigitte et Julie revenaient avec de petits bagages. Ange suivant avec les valises.
— Je ne pense pas que l’on aura besoin de tout ça, mais ces dames ont insisté, dit Ange.
— Cher John, pouvons-nous profiter de la piscine ? demanda Julie.
— Bien entendu, Mesdames, pour notre plus grand plaisir. Je vous laisse vous changer. Messieurs, je vous offre une bière ?
John entraina ses amis vers un bar aménagé à proximité de la cuisine extérieure et sortit trois bouteilles d’un grand frigo, rempli de boissons de toutes sortes.
— C’est pour nous aussi tout cela ?
— Non, c’est toujours disponible, en cas de besoin.
Comme ils trinquaient, ils entendirent deux bruits de plongeons derrière eux.
— Shaina ne devrait pas en avoir pour bien longtemps.
Comme ils entamaient la deuxième bière, les deux femmes vinrent les rejoindre.
— Qu’est-ce que je peux vous offrir ? Voulez-vous une bière ?
— Si tu as du vin blanc, je préfèrerais, dit Julie.
— Du chardonnay de Solvang ? c’est à deux heures d’ici, près de Santa Barbara.
— Pour moi aussi, ajouta Brigitte. Tu crois que je peux enlever le haut ici ?
— Bien entendu, personne ne regarde chez nous, ou alors depuis un drone, répondit John en riant.
— Et la vieille aux jumelles ? demanda Philippe.
— Elle n’a jamais existé. J’ai inventé cette histoire pour Sam, ça limite son penchant exhibitionniste. Certains de mes invités n’apprécieraient pas trop, surtout après son deuxième whisky.
Brigitte dénoua le haut de son maillot, libérant ses seins.
— Fais tout de même attention au soleil, il est sévère ici.
Julie l’imita. John porta un regard professionnel sur les deux femmes.
— Mesdames, j’ai le regret de vous annoncer que vous n’avez pas besoin de mes services.
— Tu peux me servir un verre de vin ? demanda Shaina du haut de la terrasse. J’enfile un maillot et je vous rejoins.
La jeune femme arriva quelques minutes plus tard. Imitant les françaises, elle s’était contentée d’un string permettant d’admirer une silhouette ne devant rien à la chirurgie, mais beaucoup à la pratique de son sport favori. Elle avait le teint mat et les cheveux sombres, héritage de ses ancêtres mélanésiens, une poitrine fine et ferme ainsi que de très jolies fesses.
— Vous venez les filles, on laisse les hommes aux fourneaux. Je vous fais visiter la maison ? je vois que John a manqué à ses devoirs.
John avait démarré la préparation d’une impressionnante pièce de bœuf, entouré de ses comparses, tout en débattant des vertus comparées de la vie en Californie et des traditions françaises, la bière à la main. Les trois femmes réapparurent quelques minutes plus tard, pour se rendre directement dans le jacuzzi. Shaina interrogea ses deux invitées sur leurs carrières et leurs modes de vie. Elle fut particulièrement intéressée par les anecdotes aventureuses que la journaliste avait pu vivre durant ses nombreux voyages. Elle-même se disait satisfaite de sa vie facile mais enviait les rapports humains que les deux françaises pouvaient développer dans leur environnement professionnel. Le monde dans lequel elle vivait aux côtés de John lui semblait superficiel et irréel.
— Mais tu as ton amie Sam, on dirait qu’elle a une vie bien remplie, remarqua Julie.
— Oui, Sam est une bonne amie mais je la trouve parfois un peu trop débauchée.
Shaina leur raconta l’essentiel de la vie de Sam, ses rôles à Hollywood, son mariage puis sa vie solitaire.
— Elle a une vie mondaine et fastueuse, mais au fond d’elle-même, je crois qu’elle n’est pas heureuse.
— Elle n’aime que les hommes ? demanda Brigitte.
— Je ne sais pas, elle ne m’a jamais fait d’avances.
— Tu aurais voulu qu’elle le fasse ?
— Je ne sais pas, je n’ai jamais essayé.
— Nous, on est amies depuis vingt ans, et on prend beaucoup de plaisir toutes les deux.
— Ange et Philippe sont au courant ?
— Bien sûr, dit Julie, et ils aiment nous regarder.
La jeune femme eut l’air surprise, mais se reprit très vite.
— A l’université, j’avais des amies lesbiennes, mais je préférais sortir avec des garçons.
— Nous aussi, je te rassure, ce n’est pas incompatible.
— Vous êtes bisexuelles alors ?
— Oui, on peut le dire comme ça, répondit Brigitte. C’est un double plaisir. Tu veux caresser mes seins ? j’adore sentir les mains d’une femme sur mon corps, c’est beaucoup plus délicat que des mains d’hommes. Brigitte prit la main de Shaina pour la poser sur sa poitrine et lui faire parcourir ses courbes. Elle sentit l’hésitation quand elle fit glisser ses doigts sur le téton qui se durcit immédiatement.
— Regarde, maintenant Julie est jalouse. Tu as deux mains.
La jeune femme partagea ses caresses entre les deux amies. Puis Brigitte commença à effleurer l’épaule, le bras puis le buste de Shaina, tandis que la main de Julie remontait doucement sur sa cuisse.
— Tu aimes ?
Shaina ne répondit pas, se laissant glisser dans l’eau pour offrir son corps à ses nouvelles amies. Lorsque les doigts de Julie rencontrèrent la fine étoffe du maillot, elle se raidit un instant avant d’écarter les jambes dans les bulles, prête à découvrir cette nouvelle sensation. Puis ce fut la main de Brigitte qui se glissa sous le tissu à la conquête du bouton sensible. Dès qu’elle commença à le caresser, la respiration se fit plus rapide, le corps se cambra davantage avant de se relâcher subitement dans un râle de plaisir. Julie posa ses lèvres sur celle de la jeune américaine pour un baiser langoureux. Shaina répondit et leurs langues se mêlèrent.
— Ta première fois.
— J’en garderai le souvenir toute ma vie.
À quelques mètres de là, les hommes continuaient à discuter sans se douter de ce qui venait de se passer dans leur dos.
John retourna une dernière fois sa viande.
— On ne vous manque pas trop j’espère !
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