Chapitre 34 - 1er mai, Downtown Los Angeles - West Hollywood

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Charlie Mortansen et Joe Cardoni avaient passé l’essentiel de la matinée à des tâches administratives sur diverses affaires en cours et ils ne furent pas fâchés de recevoir un appel du Docteur Lane, le légiste.

— Je n’ai pas encore eu le temps de rédiger le rapport officiel, mais si vous avez l’occasion de passer à mon bureau, je pourrai vous donner mes premiers résultats.

Charlie se demanda pourquoi ne pas les donner au téléphone, mais se dit qu’une petite sortie leur ferait du bien.

— Très bien, après déjeuner, est-ce que ça vous convient ?

— Parfait, je vous attends, répondit Lane.

Pendant le temps de la conversation, Joe avait consulté ses messages et il interpella sa partenaire.

— On a reçu une réponse des collègues des services du Trésor. C’est assez édifiant. Écoute ça, Pacific Page Inc. est dans le radar des agents du fisc pour des soupçons de blanchiment au profit d’un cartel mexicain.

— Bingo, dit Charlie, voilà une bonne nouvelle. Ont-ils quelque chose de précis concernant Blankart ?

— Non, ils n’en disent rien, mais ils n’enquêtent pas directement sur les personnes. Si une agence a un dossier sur lui, ce serait plutôt le FBI.

— Après la bonne nouvelle, la mauvaise. Allons en toucher un mot au chef.


Quelques minutes plus tard, les deux équipiers se retrouvaient dans le bureau du capitaine. Contrairement à ses agents, il ne fût pas enchanté d’apprendre que des gangs mexicains pourraient se trouver impliqués. Il espérait encore pouvoir boucler le dossier sur un suicide ou un accident, même si les informations collectées ne laissaient plus de doutes sur la qualification de meurtre.

— N’allez pas marcher sur les plates-bandes du FBI surtout, dit-il aux détectives. Pour le moment, restez éloignés de Blankart et laissez-moi me renseigner par le canal officiel. Je vous tiens au courant. Trouvez-moi plutôt d’urgence ce toubib à la Camaro blanche.

Après avoir avalé un sandwich acheté au food truck proche du poste de police, les détectives allèrent retrouver le Dr Lane. Celui-ci les accueillit amicalement et les invita dans son modeste bureau.

— C’est petit, mais c’est « chez moi ». Je pense avoir des éléments qui vont vous intéresser commença-t-il. Les premières analyses toxicologiques révèlent un taux d’alcool significatif, de l’ordre de 0,3 grammes, mais normal si la victime a consommé un peu d’alcool avant son décès.

— En effet, on a retrouvé des verres.

— Ce qui est plus intéressant, c’est que j’ai trouvé un taux élevé d’une substance narcotique, qui ne correspond pas aux somnifères classiques prescrits pour les insomnies, genre Stilnox ou autre benzodiazépine. Là, il s’agit plutôt d’une substance apparentée aux produits utilisés en anesthésie, de la famille des Propofol. On ne les trouve pas en pharmacie.

— Vous voulez dire qu’il faut rechercher un médecin ? On en cherche un justement, et il roule en Camaro blanche, dit Joe.

— Ma science ne permet pas de préciser la couleur de la voiture, mais oui, un médecin ou une personne qui a accès à une pharmacie d’hôpital ou de clinique. Par ailleurs, j’ai trouvé une légère trace dans le pli du bras gauche, sans doute le point d’injection.

— D’autres éléments Mark, demanda Charlie ?

— L’analyse des gaz dans le sang confirme l’asphyxie.

— Comment pensez-vous que le meurtrier ait procédé ?

— D’une façon qui reste à préciser, l’assassin a injecté une forte de dose de sédatif à la victime, provoquant une perte de conscience en quelques secondes, ainsi qu’une baisse de la capacité pulmonaire. En anesthésie générale, on doit souvent utiliser une assistance respiratoire, précisa Lane. Dans cet état, il a suffi d’un oreiller ou d’un sac plastique pour achever le travail sans douleur et sans traces visibles. Il y a toutefois un élément troublant, comment procéder à l’injection à l’insu de la victime ?

— Les meurtriers étaient deux. Et ils venaient d’avoir une bonne partie de jambes en l’air, répondit Joe.

— OK, alors elle était euphorique après le sexe et l’alcool, et l’un des deux hommes lui a tenu le bras quelques secondes pendant que l’autre faisait la piqûre.

— Nous ne sommes pas certains qu’il s’agissait de deux hommes.

— Ça ne change pas le scénario. Je suppose que vous n’avez pas retrouvé la seringue.

— Non, en effet, ils ont dû repartir avec, répondit Joe.

— Merci Mark, on a un début de reconstitution maintenant, compléta Charlie.


Une fois dehors, Joe s’arrêta pour allumer une cigarette.

— Tu as repris ?

— Ben oui, j’ai décidé d’arrêter le bourbon, alors il me faut bien une compensation. De toute façon, on mourra tous un jour ou l’autre alors autant choisir.

— Ouais, c’est ton point de vue, mais pas dans la voiture. Moi je vais prendre un café.

— Chacun sa drogue. Je te rejoins dans 5 minutes.

Quelques minutes plus tard, les deux policiers se retrouvaient dans la voiture.

— On fait un saut à Sunny Vale, proposa Charlie. On essaiera d’en savoir un peu plus sur les finances de la clinique.

— Parce que tu crois qu’on va te présenter la comptabilité comme ça ?

— Non, mais on ne sait jamais. Si on ne le fait pas, le capitaine nous le reprochera.

— OK, allons-y, ça ne fait pas un grand détour de toute façon, conclut Joe.

Charlie gara la voiture banalisée sur le parking Visiteurs et les deux collègues se dirigèrent vers la réception. Le hall était luxueusement meublé et décoré. Une hôtesse élégante se tenait derrière un comptoir pour accueillir les patients et leurs accompagnateurs. Elle comprit vite que ces deux-là n’entraient dans aucune des deux catégories.

Joe jeta un coup d’œil à la plaque de cuivre posée sur le comptoir.

— Bonjour Mademoiselle Jones, nous souhaiterions parler au Docteur John Freeman.

— Est-ce que vous avez rendez-vous, demanda-t-elle, certaine de la réponse.

— Non, répondit Joe en sortant son insigne, nous sommes de la police de Los Angeles.

— Le Docteur Freeman est actuellement en train d’opérer, il ne pourra pas vous parler avant un moment.

— Est-ce que Madame Freeman, votre directrice financière, serait disponible alors ?

— Je vais me renseigner, rappelez-moi vos noms.

— Détectives Mortansen et Cardoni.

— Voulez-vous vous asseoir, le temps que je l’appelle ?

La jeune femme décrocha son téléphone et après quelques instants se retourna vers Joe qui était resté à proximité.

— Madame Freeman ne peut pas vous parler. Elle suggère que vous appeliez son avocat, Monsieur Antonio Vargas.

Joe serra les poings et remercia la réceptionniste avec un sourire forcé avant de faire signe à Charlie.

— Elle nous renvoie vers son avocat, c’était à prévoir. De toute façon, on n’a rien contre elle.

— Tant pis, on aura essayé.

Reprenant leur voiture, ils suivirent la signalisation qui les contraignait à contourner le bâtiment pour sortir du parking.

— Stop, cria Joe !

Charlie écrasa les freins.

— Qu’est-ce qui te prend ?

— Regarde, dit Joe, une Camaro blanche. Avance doucement.

Devant la voiture, une plaque portait l’inscription « Réservé Docteur McLay ».

— On dirait qu’on n’a pas fait le déplacement pour rien ! On y retourne.

— Non, dit Charlie, il ne va pas s’envoler, sinon, il serait au Mexique depuis longtemps. Nous allons d’abord chercher des informations sur ce brave Docteur.

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