Chapitre 45 - 2 mai, Coldwater Canyon
Tous les regards se tournèrent vers Ana.
— Une autre femme dans l’entourage de McLay, demanda Brigitte ?
— En effet, McLay n’est pas l’homme d’une seule femme. En tout cas, c’est ce dont il se vante. C’est une des raisons pour lesquelles je ne l’apprécie pas. Juan et moi sommes très libres et nous considérons que notre conjoint ne nous appartient pas, mais malgré cela, nous n’avons jamais pensé qu’une autre personne, homme ou femme, puisse être affichée comme un trophée. C’est pourtant ce que fait McLay. Il collectionne les conquêtes féminines puis il s’en lasse et les oublie.
— Et donc, poursuivit Ange, vous pensez à une femme qui aurait pu avoir envie de se venger en tuant Sam ?
— Je sais que c’est une accusation grave, et je vous demande de considérer ce que je vais vous dire comme confidentiel.
— C’est un peu délicat comme position, nous cherchons à comprendre qui a causé la mort de cette femme, et pourquoi. Si vous nous donnez un nom, nous chercherons nécessairement à en savoir plus, et donc partager cette information, reprit Ange.
— Oui, je comprends, je vais quand même vous dire ce que je crois savoir. Avant de se montrer avec Samantha Page, le Docteur McLay était très proche de Joan Smith, l’anesthésiste de la clinique. En fait, il est bien possible qu’ils se soient connus avant car lorsque le Docteur Freeman nous a parlé de la collaboration possible de McLay, il y a un peu plus d’un an maintenant, Joan a très vivement approuvé sa candidature, mais, depuis quelques semaines, leurs relations se sont détériorées.
— Il semble peu probable qu’ils aient travaillé ensemble s’il est avéré que le Docteur McLay soit un imposteur, dit Ange. Mais par contre, cela pourrait laisser penser que cette Joan Smith est elle aussi liée au réseau mafieux qui a poussé McLay à Sunny Vale.
— Je pourrais demander à Cheyenne de chercher si elle trouve quelque chose, ajouta Brigitte.
— C’est une bonne idée, peux-tu l’appeler tout de suite, il n’est pas trop tard.
— Je crois que c’est un oiseau de nuit, je m’en charge.
Brigitte s’éloigna pour appeler l’enquêtrice. Pendant ce temps, Ange continuait à assembler les morceaux du puzzle.
— Donc, si je comprends bien, le faux McLay a été admis au sein de l’équipe médicale de Sunny Vale avec le soutien du Dr Smith. Est-ce qu’il y a eu des objections ?
— Non, John nous a présenté un CV et des lettres de recommandation convaincantes et comme nous avions un besoin urgent d’un bon chirurgien en renfort, nous l’avons tout de suite accepté. Le Docteur McLay, vrai ou faux, est un très bon praticien. Il m’est arrivé de travailler avec lui et il est tout à fait compétent, médicalement en tout cas.
— On peut éventuellement tricher un temps en consultations, mais pas tromper une équipe en salle d’opération, intervint Philippe.
— Absolument, nous n’avions aucune raison de douter. J’ai rapidement perçu la nature humaine de McLay, mais comme je l’ai dit, je n’étais pas une proie pour lui, donc je ne me suis pas spécialement inquiétée. Quand il a été évident pour moi que Steve et Joan avaient une liaison, ça ne m’a pas gêné non plus. Joan est une femme séduisante et elle n’est pas mariée. Elle est libre de sa vie.
— Soit, reprit Ange, McLay et Smith ont donc une relation extra-professionnelle visible mais qui ne nuit pas à la marche du service.
— Tout à fait.
— Comment a réagi le Docteur Smith quand McLay a commencé à fréquenter Mme Page ?
— Au début, je n’ai rien remarqué de particulier, je crois qu’ils s’entendaient plutôt bien à trois.
— Oui, dit Philippe, nous savons que Sam appréciait les aventures multiples, y compris avec d’autres femmes.
— Vraiment ? Moi je l’ignorais, reprit Ana. En tout cas, ça a duré quelques semaines sans problème puis j’ai remarqué que le climat était moins complice, plus conflictuel. Pas au bloc, où le Docteur Smith a toujours été très professionnelle, mais en dehors, durant les pauses ou les réunions de staff. Mais à ma connaissance, ils continuaient à se voir hors du travail.
— Donc, Sam Page, Joan Smith et Steve McLay ont entretenu un temps une sorte de ménage à trois, puis Joan s’est lassée du jeu, au point d’attenter à la vie de sa rivale. Vous pensez qu’elle aurait pu aller jusque-là, demanda Ange ?
— Je ne peux pas me prononcer, mais une anesthésiste a accès à toutes sortes de produits, qui, utilisés avec de mauvaises intentions, peuvent être parfaitement létaux.
— Nous n’avons pas eu connaissance des résultats d’autopsie. Nous ne savons donc pas ce qui a causé la mort de Sam, dit Philippe, mais il est certain qu’un sédatif administré à dose trop forte peut être mortel.
Juan avait abandonné la conversation qui ne le passionnait guère. Il avait entraîné Julie à l’écart pour lui parler de son travail. Après lui avoir fait visiter son atelier tout en racontant quelques anecdotes sur ses premières années sur le campus de l’UCLA, ils étaient revenus dans la maison et avaient conclu qu’il était temps de revenir à des discussions plus légères. Comme ils sortaient le champagne et les verres, Brigitte revint elle aussi.
— Cheyenne va se mettre en quête de cette Joan Smith, mais en attendant pourquoi ne pas goûter ce champagne que l’on nous apporte ? Je ne crois pas qu’on ira beaucoup plus loin ce soir.
— Excellente idée, dit Ana. Merci Juan, tu as toujours de bonnes initiatives. Que diriez-vous d’aller au bord de la piscine ?
— Nous n’avons pas de maillot, répondit Ange.
— Nous non plus, Juan et moi n’en portons jamais, et je vous assure que personne ne s’est jamais plaint.
— Alors, les filles, ça vous dit ?
— Pas de problème, répondit Brigitte en commençant à se déshabiller, le dernier nu sert le champagne.
Juan et Ana n’avaient que peu à ôter, mais Philippe eut moins de chance, victime de lacets récalcitrants, mais après tout, c’étaient ses bouteilles.
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