33 – 1 Je peux flotter ici pour toujours
Un plafond blanc la dominait.
Tiens, encore une hallucination. Ma vue est étrange, je ne saurais dire pourquoi…
Et voilà que je vois Yahel, maintenant. Pourquoi tu souris, je ne comprends pas ce que tu dis. Va-t’en !… Oui, c’est cela. Laisse-moi. Laissez-moi tous. Laissez-moi mourir.
Et lui, c’est qui ?
Une lumière aveuglante envahit son œil gauche.
Non, pas lui !
Elle se crispa, attendant la suite.
Que vont-ils me faire encore ? Laissez-moi !
Plus tard, elle crut reprendre conscience, ne sachant pas ce qui s’était passé ensuite, quel laps de temps s’était écoulé, mais se corrigea aussitôt, croyant plus à la probabilité d’une nouvelle hallucination, ou l’illogique continuité de la première.
Elle sentait la douleur qu’on infligeait à son corps.
Mahdi, emmène-moi.
Comme à son habitude, il vint prendre son visage entre ses mains en souriant. Un sourire qu’il perdit. Et au lieu de l’encourager à résister, ou de l’inviter à le suivre, elle entendit sa voix tonner, imposante.
— Non !
Ses yeux s’ouvrirent brusquement, toujours sur ce plafond immaculé, alors que le son d’un cri rauque s’éteignait.
Qu’est-ce qui se passe ? M’auraient-ils encore droguée ?
Elle referma les yeux, tremblante, le cœur battant, ignorant les visages apparus devant elle, attendant la suite.
Plus tard, quelque chose lui serrait le cou, fort, si fort… Elle n’arrivait plus à respirer. Et cette odeur…
Encore plus tard, elle revit et revécut la même scène, à la fois dans et hors de son corps. Son roi qui lui ordonne, qui lui crie.
— Non !
Alors qu’elle voulait juste que tout s’arrête, à jamais.
Pourquoi non ? À quoi dis-tu non ? Qu’est-ce que tu entends par non ?
Et à nouveau ce plafond, ces visages. Son bourreau avait gagné. C’était la folie qui l’avait emportée. Cette folie qui avait remplacé ses geôliers et son tortionnaire par ses propres amis. Ou alors, elle était bien arrivée en enfer, condamnée à subir perpétuellement son supplice, entourée de démons métamorphes prenant le visage de Marc, de Simon, même celui du roi. Celui qui avait pris l’apparence de Yahel la secouait, essayait de la leurrer.
— Tara, c’est moi, je t’en prie, reviens parmi nous ! Tu n’as plus rien à craindre.
C’est cela, comme si j’allais te croire.
Yahel fixait une nouvelle fois ce beau visage aux yeux noirs.
— J’ai retrouvé l’espoir quand elle a ouvert les yeux, mais ça n’a pas duré. Elle restait les yeux dans le vide pendant des heures. Elle n’était pas là, comme absente. Dès qu’on la touchait, elle se contractait, elle nous fuyait, comme si elle ne reconnaissait personne, comme si nous étions des monstres ou des chimères… Je ne sais plus quoi faire. Ils me disent que c’est normal, que ce sont les étapes du réveil du coma, mais… C’est si long ! Et puis… Elle s’est crispée un jour qu’on a voulu l’ausculter, comme si elle s’attendait au pire, puis elle s’est enfoncée. Ils m’ont dit qu’elle dormait, mais à chaque fois qu’elle a rouvert les yeux par la suite, c’est comme si elle sortait d’un cauchemar. Elle crie… Et la peur dans son regard… Je ne la reconnais plus.
La femme aux yeux noirs soupira.
— Yahel, il est temps. Si elle est transportable, amène-la-moi. C’est ce que tu as de mieux à faire pour elle. La changer d’environnement lui fera le plus grand bien.
Silence.
— C’est dangereux. Le chemin le plus direct signifie prendre le risque de passer par des terres de l’ouest, donc de tomber sur eux. On devrait pouvoir entrer, mais ailleurs… Ils ont renforcé leur troupe au niveau de certaines parties de la frontière. Vers chez toi, plus possible de passer, que ce soit dans un sens ou dans l’autre, sans avoir affaire à un contrôle. S’ils nous arrêtent, ils la reconnaîtront.
— Tu peux faire un détour pour éviter le coude, mais ce sera un peu trop long dans son état. À mon avis, vous ne risquez pas grand-chose. Ils ne surveillent pas tant que cela la zone accédant au port.
Sur une grande partie de la zone rouge, celle séparant le réseau du lion et ce pays ennemi, les dragons en surveillance et les caméras remplaçant les hommes, étonnamment, ne montraient que peu de mouvements. D’après leurs contacts, grâce à eux, même, les chances d’être envahi s’amenuisaient de jour en jour. Pour ce faire, leur ennemi avait besoin d’hommes, de machines, et de pétrole. Trop de ces soldats étaient occupés ailleurs. Et du pétrole, ils n’en avaient plus, leurs réserves à sec, et ne risquaient pas d’en trouver de leur côté. N’ayant pas anticipé cette situation pourtant inévitable, c’est d’autres matières premières dont ils commencent à manquer aujourd’hui. Pour préserver leur commerce, éviter les pénuries de nourriture, de médicaments et autres produits essentiels, ils étaient prêts à tout, même à faire du troc, ce qui arrangeait tout le monde. Ils n’étaient donc pas trop regardant sur l’origine de leurs produits.
— Et à mon avis, ils ne la cherchent pas. Regarde ce que nous avons réceptionné.
La femme transféra alors à Yahel un article de presse. On y voyait en photo un rectangle de terre fraîchement retourné, un bâton de bois planté dedans. À son sommet y était accrochée une chaînette d’où pendait un sigle qu’elle connaissait bien. Et une légende : “Vengeance accomplie : le soldat dragon n’est plus !”
— Ils ne parlent pas d’un de leur maton retrouvé mort ? demanda Yahel, moitié perplexe, moitié amusée.
— Non, juste une histoire de désertion. Un maton qui aurait disparu, accusé de s’être enfui avec une détenue.
Cette fois-ci, elle rit.
— Je vois. Je peux te dire qu’il y a réellement quelqu’un là-dessous… Je vois tout ça et je te rappelle, ajouta-t-elle, reprenant son sérieux.
Ils s’étaient arrêtés près d’autres véhicules, dont un équipé pour le transport de malades, dans une partie du port relativement déserte, la particularité de cette ville associée au réseau et reliée traditionnellement au reste du monde par la mer conseillant la prudence. Pour ne pas attirer l’attention, même les dragons se tenaient à l’écart. Si personne ne restait pour assister à la scène dans son intégralité, il y verrait un transfert de patient comme un autre, ou un échange de marchandise, tout simplement.
Trois coups contre la paroi côté cabine. C’était le signal de Marc. Yahel entreprit de repousser les caisses, dégageant une ouverture. La porte de la camionnette s’ouvrit. La femme aux yeux de jais fit de même de son côté avant de monter.
— Pas de problème sur la route ?
— Aucun. Tu avais raison, Adama, nous avons passé les contrôles sans problème. Ils sont vraiment trop sûrs d’eux. Ils n’ont jamais cherché à fouiller toute la cargaison. J’ai juste serré les dents au dernier arrêt. Elle a choisi ce moment pour commencer à s’agiter. La pauvre, voyager au milieu des patates…
— Voilà donc notre nouvelle petite protégée… dit cette dernière, observant le corps allongé. Cela ne pouvait pas attendre ? tiqua-t-elle rapidement, frôlant de la main un bras nu reposant sur la couverture, avant d’atteindre une structure enchâssée autour de cette autre main, formant un gainage métallique. Elle est encore si maigre…
— Je sais, ces armatures paraissent barbares quand on n’en a pas l’habitude, et cela n’a pas été évident. Il a fallu attendre, et ce fut particulièrement délicat avec ses chairs abîmées. Mais sans ça… Cela fait partie d’elle depuis si longtemps. Là, elle pourra bouger, retrouvant de suite un semblant de normalité… Elles sont réglées pour, insista-t-elle. Je t’assure qu’elle n’a pas souffert. Ces salauds n’ont fait que lui arracher les parties visibles. Sauf pour son œil, le plus endommagé, les connexions neurales étaient encore intactes.
Adama passa une main aux longs doigts fins sur le visage de sa nouvelle patiente. Un visage à la peau trop pâle, couturée de cicatrices par endroit, puis dans ses cheveux, des cheveux sans forme, inégaux, éparses, témoins de souffrance passées.
— Elle n’a pas l’air bien.
Les yeux clos, son visage fermé se contractait par moment, sa respiration de plus en plus forte.
Qu’est-ce que vous me faites encore ? Où m’emmenez-vous ? Laissez-moi… Mes jambes, j’ai mal ! Arrêtez d’appuyer sur mes jambes… Assez !
— Je pensais qu’elle faisait encore un cauchemar, mais l’anesthésiant ne doit plus faire beaucoup effet. Sans compter qu’elle a dû être un peu secouée durant le trajet. Ses jambes ont dû bouger.
— En effet, regarde.
Adama montra le poing serré de Tara, qui s’ouvrit, puis sa main tremblante se dirigeant vers sa jambe pour l’agripper. Yahel la lui attrapa.
— Chut, tout va bien, dit Adama à Tara, posant une main sur son front.
J’ai mal, laissez-moi tranquille… Mahdi ?… Non, ce n’est pas ta main, ni ta belle voix… Quel doux souvenir.
Sa respiration commença à s’apaiser.
— Attends, elle… Pfiou, tu lui as remis la dose.
Yahel ressortit la seringue de la perfusion.
— J’en ai assez de la voir souffrir.
Le corps de Tara se relâcha, son visage se détendit, alors qu’Adama lui caressait le front et le visage.
— Voilà son dossier.
Adama le prit, regarda brièvement à l’intérieur, puis le posa.
— Rassure-toi, on a aussi ce qu’il faut pour prendre le reste en charge.
Elle souleva la couverture, dévoila un instant les jambes de Tara, la remit, fit de même en découvrant son torse.
— Pauvre enfant. Et tu t’étonnes qu’elle ne parvienne pas à reprendre conscience ? Elle est bloquée, mais on va tout faire pour l’aider. Comment t’expliquer ? Elle doit ré-apprivoiser son corps, en reprendre possession. Pour le moment, il n’est que souffrance pour elle.
Yahel prit la main de Tara, cette main qui s’était tendue désespérément tout à l’heure pour aller extirper le mal. Un des seuls vrais gestes qu’elle l’avait vu faire ces derniers jours.
— Je peux rester ?
— Non. Rentre, et laisse-lui du temps. Je t’appellerais pour te donner des nouvelles, et je te dirais quand ce sera le moment. Fatima ?
— Oui, je suis là.
Adama la recouvrit bien soigneusement, cachant ses bras. Une fois sûr que personne ne jouait les curieux, les trois femmes la firent passer du véhicule au brancard. Yahel s’accrocha à Marc pour les laisser partir. Ce n’est que quelques minutes plus tard qu’un autre arriva, l’arrière plein de caisses de bananes, dattes, café et autres plantes médicinales.
Tiens, des oiseaux.
Certains lançaient un appel au loin, d’autres riaient en réponse.
Comme il fait chaud…
Les oiseaux émirent leurs cris une nouvelle fois. Elle tourna son visage dans leur direction. Elle voulut les voir, mais dut refermer les yeux, tout si clair, si lumineux.
Elle les rouvrit, lentement.
Un linge humide passa doucement sur son visage. Son regard quitta les oiseaux pour trouver qui était derrière ce linge. Une femme lui souriait. Cheveux couleur des blés, visage doux, mais marqué, avec un regard comme habité par une ombre.
Serait-ce toi qui viens soulager mon fardeau chaque fois ?
— Tu es réveillée ?
Non, ce n’est pas toi. Ce n’est pas ta voix.
Le linge continua, voyagea de son visage à son cou. Elle referma un instant les yeux, s’étira un peu pour inviter le linge à rester poser sur ce cou qui la tirait invariablement, toujours du même côté, alors qu’un léger courant d’air caressait sa peau. Elle avait de la chance, l’illusion plaçait ce joli panorama, si apaisant, du bon côté.
Ça rafraîchit. Et il fait si bon… C’est un rêve bien agréable.
Un soupir lourd souleva sa poitrine. Son regard retourna vers ces appels venant de l’azur.
— Qu’est-ce que tu regardes, les goélands ? Ça a l’air de te plaire…
Je ne les entends plus… Ah si, ils sont encore là. Ils volent juste en silence. Et c’est quoi, ce bruit ? Un grondement sourd ? Non, plutôt un chuintement… Ça s’en va et ça revient… ça me berce… Je l’aime bien, cette hallucination. Dommage… Comme les autres, elle ne va pas durer. Je resterais bien éternellement, mais je ne le mérite pas, je vais bientôt replonger.
Mahdi, où es-tu ? Je ne vois plus rien !… Je brûle, j’étouffe, ils m’étranglent…
Ah, tu es là. Mahdi, je ne peux plus respirer, ils m’écrasent… Je t’en prie !
— Non !
Toujours la même réponse. Pourquoi…
De la lumière.
— Chut, tout va bien, tu es en sécurité avec nous, chut… Ma pauvre, calme-toi, avec tes jambes, tu vas te faire mal si tu bouges trop.
Qui êtes-vous ? Laissez-moi ! J’ai mal, lâchez-moi !
— Elle fait encore un cauchemar. Ce n’est pas la première à passer par là, mais Yahel a raison, c’est impressionnant.
— Elle était pourtant si calme aujourd’hui. Quand elle ne dormait pas, elle restait des heures à regarder dehors. Carole a même pu lui faire sa toilette sans qu’elle ne bronche une seule fois.
— Et la nuit, c’est une bête traquée… Je vais essayer de la calmer.
Ah, Mahdi, belle voix, je ne te vois pas, mais je sens que tu caresses mon front.
Je suis si fatiguée…
— C’est bien, elle se rendort.
— Excuse-nous, ma belle, on va devoir t’embêter un peu. On te met un masque sur le visage, c’est juste pour que tu te sentes bien, pour t’aider, le temps de te soigner. On essaie comme ça, mais si c’est trop dur, on adaptera, ne t’inquiète pas.
Non, laissez-moi tranquille, je veux voir les oiseaux danser dans le ciel, j’ai moins mal dans ces moments-là.
— Tout va bien, respire.
Enlevez-moi ça, qu’est-ce que c’est encore ? Ça sent bizarre, c’est… Ma tête est si lourde…
Elle avait du mal à garder les yeux ouverts.
Vous perdez votre temps, vous ne saurez rien de plus.
— On y va doucement, il ne faut pas qu’elle bouge ses jambes.
Des mains lui soulevèrent la tête et le dos, l’assistèrent jusqu’à ce qu’elle soit en position assise, la soutinrent pour éviter qu’elle retombe. Étrangement, sans broyer ses membres, sans assener de coups pour qu’elle obéisse. Puis quelque chose de frais s’étendant sur son dos, et autre chose. Une main, passant et remontant, jusqu’à son cou, là où ça tirait à droite. Elle lâcha un grognement plaintif. Ses yeux voyaient des draps blancs, des mains. Autour d’elle, du monde. Pourtant, pas moyen de lutter. Son corps ne répondait pas. Il ne répondait plus depuis longtemps. L’enfer était un piège qui vous engluait, qui vous condamnait à subir sans aucun moyen de défense, qui aimait vous faire croire que vous l’aviez quitté pour rendre votre calvaire encore plus dur à supporter quand il vous y replongeait.
— Pardon, ma chérie, vas-y, respire… C’est bientôt terminé.
Elle grogna encore.
Ça fait mal, arrêtez !
Et en même temps, c’est étrange… c’est comme si mon dos me tirait moins… Ils essaient de me faire perdre la tête. Inutile, je l’ai déjà perdue.
— C’est bien.
Cette main qui revenait sur son front. Non, deux. Sur ses temps aussi, son crâne. Elles l’enveloppèrent. Elle sentit à peine qu’on la recouchait. Les mains avaient quitté son dos, vinrent devant, là où ça brûle et ça tire aussi. Elle se concentra sur celles qui enveloppaient sa tête, les laissa finir.
— Allez, on va essayer de t’enlever cette sonde. Prêt ?
— Vas-y Fatima.
Mais qu’est-ce que… Qu’est-ce que vous m’arrachez ?
Elle se mit à tousser.
— C’est rien, doudou, ça va passer… Là… Bois un peu.
Tiens, avec une paille aujourd’hui ?
La fraîcheur de l’eau soulagea sa gorge. On lui laissa juste prendre trois gorgées. Une main douce et pleine d’assurance lui souleva la tête en la soutenant par la nuque. Elle finit calée au creux d’un bras généreux. Elle aperçut ce visage rond de tendresse, avec plein de couleurs en dessous. Des couleurs où elle colla sa joue.
— Ah ben toi aussi, tu me trouves confortable ! Vous voyez, les filles !… Tu en veux encore ? Tiens ! continua cet étrange démon au visage d’ange, une fois de petits rires apaisés.
Elle sentit une nouvelle fois la paille dans sa bouche, en aspira une autre gorgée. Elle ne put avaler tout de suite.
Mais que…
Elle en retint sa respiration, ouvrant les yeux de surprise.
C’est doux, c’est sucré…
Elle referma les yeux, se décida malgré tout à laisser le précieux liquide suivre son chemin.
— Alors, ma doudou ?… Te vexe pas si je t’appelle comme ça. C’est un petit mot affectueux, tous mes protégés y ont droit. Mais si ça te plaît pas, n’hésite pas ! Allez, ma doudou, on y va !
Elle rouvrit les lèvres, n’osant y croire, mais la paille revint. Oui, elle y retrouva la même saveur. Son cœur battit plus fort. Avec sa langue, elle promena le nectar dans sa bouche.
— Elle savoure… Bravo Aïssatou !
Elle avala, prit une troisième gorgée de douceur, avala encore, se demandant si elle avait quitté le purgatoire.
Dommage, je me sens si lasse…
Et elle s’endormit.
— On va attendre qu’elle se réveille et on lui en redonnera.
Lorsque cette main lui souleva la tête, la paille revint contre ses lèvres.
Oui, c’est encore ça !
Elle en téta une gorgée, deux, trois, quatre, encore, plus… Elle s’accrocha, ne voulait plus qu’on lui enlève, ne voulant plus quitter ce rêve.
— Holà ! Doucement doudou, tu vas…
Un spasme dans son ventre.
Non, regretta-t-elle.
La paille disparut. Une main vint lui masser le ventre, et ce qu’elle craignait n’arriva pas.
— Je sais, c’est bon, mais on va attendre un peu. Il faut y aller progressivement pour laisser le temps à ton corps de se réhabituer.
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