« Hum bon diou… » Je me levais tant bien que mal de mon fauteuil en tenant ma canne, ma main tremblait en la soulevant tandis que je restais en appuis sur mes jambes.
« Faudrait pas qu’j’me retourne la crêpe…
— Ça serait la cerise sur le gâteau tiens ! Cria la voix aiguë de ma femme.
— La ferme vieille bique ! Murmurais-je pour moi-même en me dirigeant vers la porte du salon.
— T’as dit quoi, le croûton ?
— Rien, rien…
— Qu’est-ce que c’est que cette salade ? Faudrait pas me prendre pour une poire hein ! »
Ne prétend pas attention à la vieille, je continue mon bonhomme de chemin en sortant de la pièce précédente et j’entrais dans le couloir décoré d’un vieux papier peint jauni par le temps.
« C’est pas de la tarte tout d’même, dis-je pour moi-même.
— Tu vas où ? me cria-t-elle depuis la cuisine.
— Je vais faire le poireau au coin de la rue… répondis-je ironiquement, tout en me concentrant sur chaque pas.
— Tu veux me rouler dans la farine ?
— Ça ne risque pas te connaissant…
— C’est sur, c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe.
— Ouais bha vu ton état, le pot et plutôt fissuré…
— Tu peux parler, tu peux même pas marcher, vieux croûton !
— Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! dis-je avec philosophie.
— Quelle ivresse ? Celle que tu me laisses sur l’âme sans doute !
— Ho, ho, t’y vas pas avec le dos de la cuillère, vieille bique !
— Comme si tu étais une crème, vieux corniaud ! »
Je ferme la porte derrière moi, ça y est, je l’ai fait, j’ai pu atteindre les toilettes pour me soulager la vessie…