Addiction
Boulevard Bonne Nouvelle. Paris. Dans la journée beaucoup de paumés, des SDF, des livreurs quelques passants pressés en mission vers la boulangerie et les commerces de la rue Saint-Denis. Le soir, les derniers coursiers et les premiers dealers.
Ce serait une opportunité idéale pour en choper le maximum. Les revendeurs, mais aussi les plus gros, les convoyeurs. Il n’y a plus qu’eux sur les autoroutes !
Mais comme d’habitude en temps de crise, c’est la trêve dans la chasse au trafic. On ne va pas en rajouter, n’est-ce pas ? Le remède serait pire que le risque. Le raisonnement se décline sur plusieurs plans : la drogue, c’est l’économie des quartiers, une des seules qui sera peu ou prou épargnée à l’heure du déconfinement. Un amortisseur non négligeable. On ne va pas risquer que les quartiers s’excitent au milieu des élections municipales (soit que la nouvelle équipe ne soit pas encore nommée, soit que le deuxième tour soit reporté, soit que tout se rejoue en fin d'année). Un coup de canif dans le statu-quo risquerait de rebattre les cartes. Ne rien changer aux forces en place. Donc, ménager les dealers.
Ménager aussi les forces de l’ordre. Au moment où chef Castaner attend d’elles des actions particulièrement impopulaires, criminaliser une population d’ « imbéciles » comme de vulgaires agents de sécurité, sans leur fournir de protection adéquate, déjà que ça râle, on ne va pas en plus risquer des pertes au milieu des tours, mobiliser les pompiers qui ont d’autres chats à fouetter, gérer les bavures…
Et puis, comment prendre en charge les accros privés de leur dose ? Pas le moment de remplir les hôpitaux ou toute autre structure de désintox. Pas le moment de priver les gens stressés de leurs joints, non plus. Comme dit un ami : ça le calme, ça lui permet de tenir. Tout en assurant que les autres, ça les rend paranos.
Quand est-ce qu’on légalise ?
2 avril 2020
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