J'ouvre les yeux, l'horloge indique onze heures. Je m'étire longuement lorsque mon smartphone se met à vibrer. Instagram, snapchat ? Non, il ne s'agit ni d'un énième mail de Linkedin, ni d'un spam venu de l'autre bout du monde. Je prends quelques secondes pour considérer la notification, Ha, mourir, moi ? Dans deux minutes qui plus est. Je ne peux nier la créativité de l'entreprise, que cherchent-ils, de l'argent ? Je dois leur communiquer le numéro de ma carte bleue, afin d'échapper à un sort aussi cruel qu'inattendu, un coup de vice de la causalité, qui jamais ne s'excuse ni ne se retourne sur les destins piétinés !? Pris d'un éclat de rire, je me lève, m'étire à nouveau, et marche en direction de la cuisine. Soudain, je me fige. Une minute... Et si... Et si ce message disait vrai ? Non, c'est absurde ! La mort, je n'y pense pas, enfin, presque pas et lorsque je l'imagine, quand je lui donne corps et qu'elle se vêt avec joie de sa matérialité, je suis pétrifié. Mais si c'était vrai, si la corde, déjà solidement nouée autour de mon cou, n'attendait plus que le sol se dérobe sous mes pieds, que ferai-je alors ? Devrais-je faire mes adieux à ma famille ? Ecrire un dernier texte ? Profiter d'un ultime plaisir intellectuel ou charnel ? Oser, agir enfin ! Mince, j'ai passé ces deux minutes à penser.