Chapitre 8
Valentin souhaitait parler depuis un demi heure mais la montée ardue l’en empêchait. Quand Laurie lui avait dit que c’était une randonnée simple, elle avait omit de dire que l’on se retrouvait dans une montée constante qui empêchait toute conversation, au risque de perdre son souffle. Mais cela était peut-être mieux ainsi songea-t-il, il ne savait pas encore comment aborder le sujet avec le montagnard.
Une randonnée de quatre heures au total. Cela faisait longtemps que Henry n’en avait plus fait. Il avait rapidement retrouvé ses habitudes et ses marques, au contraire de son compagnon de fortune qui semblait se battre avec lui-même pour garder un semblant de respiration régulière. L’obstination dont il faisait preuve pour garder le rythme du montagnard l’amusait grandement. Il ne comptait pas ralentir, préférant voir combien de temps le citadin tiendrait encore avant de lui demander de ralentir.
Une obstination qui fut payante. Les deux hommes arrivèrent à la source une heure plus tard. Henry décida d’y faire une pause, permettant ainsi à un Valentin exténué de reprendre son souffle et se reposer un peu. Ce qu’il ne dit pas à Valentin était qu’ils n’étaient pas encore arrivés au sommet de la montagne. Il se délectait d’avance de la réaction que le parisien aurait à cette annonce.
- Je croyais que la randonnée était simple pourtant, fit remarquer Valentin, essoufflé.
- Elle ne l’a jamais été pourtant, rétorqua Henry un brin moqueur.
Henry prit une grande gorgée de sa gourde et avisant l’air assoiffé de son invité, proposa la gourde qu’il accepta reconnaissant. Valentin but goulûment et rendit la gourde aussitôt après.
- Merci.
Henry hocha la tête et rempocha la bouteille.
- On est pas encore arrivé en haut. Il nous reste encore environ une heure si on ne traîne pas trop, précisa Henry.
Les yeux écarquillés de Valentin finirent de l’achever et Henry éclata d’un rire tonitruant. Valentin comprit alors qu’il n’était pas de taille avec la sportive qu’était Laurie. Elle n’avait aucun sens de la mesure et il en pâtissait maintenant. Mais pour entendre le rire de Henry, il referait cette randonné autant de fois que nécessaire. Valentin le laissa rire tout son soûl et détourna le regard, préférant admirer le paysage. Il n’appréciait que très mal les rires moqueurs quand il en était la cible. Henry finit par reprendre son souffle et commenta les quelques pics que l’on pouvait déjà apercevoir.
- On peut presque voir la frontière Suisse d’ici, même si elle est à encore quelques kilomètres. Ces deux pics que tu vois là sont jumeau et sont très appréciés pour l’alpinisme et l’escalade. C’est la que l’on verra le plus de touristes pratiquant cette activité.
Valentin sentit que le terrain commençait à être adapté pour la discussion qu’il souhaitait avoir, il décida de se lancer.
- Vous proposez ce type d’activités ou des formules en partenariat avec des entreprises qui les proposent ?
Henry détourna son regard du paysage et détailla le parisien, suspicieux.
- On ne propose rien de cela, pourquoi ?
- Je me posais la question. Je n’ai pas réservé donc je n’ai pas regardé votre site, c’est tout. Valentin tenta de paraître le plus normal possible.
Henry remit son sac et reprit l’ascension. Valentin n’eut d’autre choix que de le suivre, comprenant que la la suite de la discussion devait attendre une prochaine pause.
***
L’arrivée en haut de la montagne fut un moment particulièrement solennel. Henry était arrivé en haut le premier. Il attendit patiemment que Valentin fasse de même et l’accueillit avec une accolade inattendue. Valentin fut d’abord figé puis rendit l’accolade. Il était fière de lui et comprit à cet instant pourquoi les randonnées en montagnes étaient aussi plaisantes. La sensation d’avoir réussit était particulièrement agréable.
Henry décida que c’était l’endroit idéal pour faire disparaître le pique-nique qu’ils avaient préparé avant de partir et s’installa sur un rocher. Valentin le rejoignit aussitôt, trop heureux de faire une pause et bien trop affamé pour refuser le sandwich que le montagnard lui tendait.
Ils mangèrent silencieusement, admirant le paysage. Arrivé au dessert, des pommes, Valentin se décida à reprendre la discussion.
- Il ressemble à quoi votre site internet ?
Henry s’était attendue à bien des questions mais pas à celle-ci, aussi ne répondit-il pas de suite. Il se demanda d’où venait ce soudain intérêt pour l’entreprise et pour des sujets aussi pointilleux mais se décida à donner satisfaction au parisien.
- C’est un site assez classique, c’est moi qui le gère et vu que les technologies et moi on ne s’entend pas toujours, je fais le strict nécessaire et cela est suffisant de ce que j’ai cru comprendre.
- Tu as eu des retours de clients à se sujet pour en être aussi sûr ?
- Les réservations se font quasiment toujours via internet. Rare sont les personnes qui font une réservation téléphonique. Pourquoi ?
- Laurie m’a dit que tu avais du mal à gérer le site mais que tu ne voulais pas lui donner la charge du site ou à quelqu’un d’autre. Je me demandais le pourquoi du comment.
Le silence se fit à nouveau et ils admirèrent un aigle survoler la vallée en dessous d’eux.
- Le fait que Laurie ait déjà un travail et s’occupe aussi de la maison d’hôte est déjà bien suffisant. Je me voit mal lui demander de s’occuper, en plus de son travail, de l’entretient et de la mise à jour du site. C’est ma fille, elle fait un travail qui lui prend beaucoup de temps et elle est mère célibataire. Je ne peux lui demander plus, surtout en tant que son père.
La discussion s’acheva ainsi et le silence reprit son droit. Une heure plus tard les randonneurs reprirent la descente, bien plus facile que la montée.
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