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Mikhaïl Komarov était à peine retourné dans son bureau que Craig le bipait de nouveau. Quel fils de pute ! marmonna-t-il entre ses dents, avant de rebrousser chemin. Il s’imagine que c’est en me harcelant que les choses avanceront ? Komarov était fou de rage, mais plus grave encore, il était terrorisé. Qu’est-ce qui avait bien pu se passer cette nuit-là ?
Komarov venait à peine d’entrer dans le bureau de Craig que celui-ci lui balança à la tête un porte-documents que Komarov attrapa maladroitement au vol.
— C’est quoi ? demanda-t-il, stupéfait.
— Vas-y ! Ouvre !
Mikhaïl s’exécuta. Son sang ne fit qu’un tour lorsqu’il reconnut le logo CTC. Son logo. Ses fichiers spéciaux. Ceux là même que Craig n’était pas censé voir.
— Alors, Mikhaïl ?
— Je…
Komarov se calma rapidement. Les documents étaient flous. Hormis le logo, imposant, le reste des documents était totalement illisible.
— Eh bien, commença Mikhaïl, ce sont mes rapports. Ou, tout au moins, une partie de mes rapports. Sur les travaux CTC.
— Je le vois bien. Mais sais-tu seulement d’où je les tiens ? Je t’ai toujours fait confiance. Je n’ai pas à vérifier moi-même chacun de ces documents. Alors que font-ils ici, à ton avis ?
— Je…
— Les flics viennent de me les apporter, fit Craig, très doucement. Ils les ont récupérés sur la pellicule toute déglinguée d'un vieil appareil photo miteux, une espèce d'étrange relique d'espionnage de la Guerre froide. Appareil qu’ils viennent de récupérer à moins de deux cents mètres d’ici.
— Je… ne saisis pas.
— Sur un cadavre ! Ils ont récupéré ces photos sur un cadavre gelé dans la Moskova ! Un espion ! Et tu sais quoi ? Le numéro 101 est avec lui, à la morgue. Je leur ai dit que je ne savais rien sur ces hommes. On ne peut rien divulguer. Mais va t’assurer que c’est bien le numéro 101. Fais semblant de vérifier que, par hasard, tu ne connaîtrais pas ce fumier de photographe un peu trop curieux.
Sans un mot, Mikhaïl Komarov sortit du bureau.
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