Chapitre 5
“Madame la Duchesse de Verneuil, Monsieur le Marquis de Tinténiac, salua-t-elle les deux jeunes amants avec une révérence ostentatoire.”
La belle Yasmine parut effrayée par l’apparition de cette femme veuve à vingt ans et s’éclipsa après l’avoir assuré de son amitié.
“Ah, Madame la Duchesse de Noirmoutiers. Je ne vous pensais pas rencontrer à cette heure si matinale, remarqua Lysandre, les yeux encore éperdus d’amour pour sa blanche et bête colombe.
— J’ai pour habitude de me promener dans les Jardins avant le déjeuner, lorsqu’ils sont encore déserts ; je trouve mon repos dans le silence et la solitude.
— Quelque chose est-il à l’origine de votre déplaisir, Madame ? Est-ce la raison pour laquelle vous cherchez du réconfort dans la nature et le chant des oiseaux ? interrogea-t-il naïvement.”
Yvonne ne laissa rien transparaître de son impatience ; comment avait-elle pu tomber sous le charme d’un homme aussi sot et insipide que Lysandre ?
“Quelque chose, quelqu’un, qu’importe ? répliqua-t-elle amèrement.
— Auriez-vous quelque amant qui vous aurait causé du chagrin ?”
Ah, le pauvre idiot, s’il savait… Et dire qu’elle était l’instrument de son rapprochement avec sa rivale étrangère…
“Je vous remercie pour votre sollicitude, Monsieur le Marquis, mais je ne suis pas prête à me livrer si tôt. Mon cœur me pèse, et mes pensées sont encore confuses. Je me sens mal, je vais rentrer chez moi.”
Elle mit fin à la conversation et pressa le pas pour s’éloigner au plus vite ; les fragrances suaves et l’air dégoulinant d’amour la rendaient malade.
Au moins avait-elle pu statuer sur Lysandre ; il ne la méritait pas. Cependant, le voir courtiser Yasmine avec tant d’ardeur la répugnait encore plus. Que faire ?
Pensive, la Duchesse de Noirmoutiers se renferma chez elle et s’assit à son bureau, réfléchissant au contenu d’une nouvelle lettre.
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