Traversée de Cologne

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Traversée de Cologne sous une douce pluie. Traversée de la Belgique. Le jour a un air de coron et le ciel est de suie. Je suis impatient de retrouver le ‘Quai aux fleurs’, mon appartement. Un refuge ? Pareil à celui des dunes de Lituanie ? Ou bien une morne demeure désertée des motifs de l’écriture ? Je suis sur mon balcon. Je fume une cigarette. Je regarde les eaux plombées de la Seine, l’étrave de l’Île Saint-Louis, le minuscule Square Barye que n’égaie nulle rencontre amoureuse. Je me demande si Paris a encore une âme, s’il existe un endroit, une place secrète où se ressourcer, un jardin porteur de paix, dispensateur de plénitude.

   C’est toujours une grande douleur de perdre une création qui, en quelque manière, fait partie de vous. C’est votre chair qui est entaillée, qui se consume au feu de la tristesse. Je passe plusieurs jours à errer dans Paris, sans autre but que ma propre perdition parmi l’anonymat de la ville. Je traverse le désert du Village Saint-Paul, je vais m’asseoir sur les bancs de la Place des Vosges où j’essaie de me distraire en regardant l’architecture de brique des hôtels particuliers, Je longe le Canal Saint-Martin jusqu’aux premiers faubourgs de la Villette. Du sommet de Montmartre je m’immerge dans la brume qui monte lentement au-dessus du parvis de La Défense. Un itinéraire de nomade sans ses bêtes, sans but autre que d’espérer pouvoir se retrouver soi-même, se rassembler autour d’une flamme qui vacille.

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