— Plougastel Aix-en-Provence, je n'aurai jamais dû faire le trajet dans la journée, mais la nurserie voulait absolument que les porcelets de deux jours soient livrés au labo de génétique le soir même.

José, fatigué, se remémorait sa journée. Parti à 5h du matin, avec le chargement porcin à l'arrière de son pickup Toyota, il avait fait un arrêt sur Avignon pour récupérer des analyses ADN.

Lassé de la monotonie de l'autoroute où il s'endormait, il emprunta la D 900 jusqu'à Apt pour ensuite prendre le défilé de Lourmarin direction Pertuis.

José ne s'attendait pas à trouver un brouillard à couper au couteau à la sortie d'Apt.

Jamais il n'aurait penser que cette route sinueuse soit fréquentée par autant de camions. Avec ce brouillard et la nuit qui avançait déjà, ajouté à l'éblouissement des phares, il n'y voyait rien. Il était pressé de sortir ce cette purée de pois.

Soudain, au détour d'un virage, en face de lui un camion déboucha sur sa droite, il donna un coup de volant à gauche pour l'éviter et entendit l'énorme klaxon du camion, comme une corne de brume. Ce fût le dernier souvenir qu'il emporta avec lui. Sa voiture franchit un petit parapet en pierre et s'envola pour plonger dans le ravin de la rivière de l'Aiguebrun.

Le choc du véhicule brisant le taillis touffu de chêne, libéra la cargaison du pickup et quatre petits porcelets, groggy mais vivants, dévalèrent la pente jusqu'à la rivière.

L'esprit de josé avait, lui, déjà pris la direction d'un autre monde !