V
Il s’agenouilla à ses côtés, faisant fi du vomi tapissant le sol et ses vêtements. Un éclair passa dans ses yeux vides et, de son pouce gauche, il écrasa la paupière droite de Maëva. Elle hurla, mais il ne s’arrêta que lorsqu’un trou apparu. Puis, il l’énucléa férocement. Seule subsistait une cavité d’où s’écoulait l’humeur vitrée. Le liquide glissait le long de son visage déformé par la souffrance.
Enivré par la douleur de la candidate, l’animateur mit l’œil gluant dans sa bouche et croqua. Le liquide lacrymal coulant le long de sa gorge, il se mit à gémir de plaisir. Alors qu’elle s’évanouissait, il la gifla férocement. Plusieurs fois. En rythme avec la mélodie jouée par les haut-parleurs.
— La deuxième candidate est de nouveau parmi nous ! Vous pouvez l’acclamer. C’est parti pour le deuxième tour de … La Roue des Mutilations !
Comme avec Mathieu, il reprit son arme brillante malgré les gouttes ambrées et la fit chauffer. La flemme du chalumeau léchait le katana, laissant une couleur jaune-orangée, qui disparut quelques secondes plus tard.
— S’il vous plait, supplia l’esthéticienne borgne entre deux râles. Je … peux tourner la roue moi-même.
— Une valeureuse candidate que voilà ! Je suis impressionné. Mais ne vous embêtez pas.
Une lueur presque lubrique passa dans ses yeux éteints. Il jongla avec le katana brûlant et reprit la parole :
— J’adore trancher. Déjà tout jeune, j’adorais dépecer les animaux errants qui passaient devant chez moi. J’ai pris mon pied lorsque j’ai découpé mes parents. Leurs hurlements … Ahhhhh … Je les entends encore. Un délice ! D’ailleurs, si vous tendez l’oreille, vous pouvez distinctement entendre les gémissements de cette truie lorsque je lui arrache un sein ou les râles de cette ordure lorsque je lui coupe les testicules. Délicieuses aussi d’ailleurs. Tout ça pour dire que j’adore trancher.
Maëva tenta de cacher sa main, mais elle ne fut pas assez rapide. Une douleur insupportable traversa son corps, jaillissant de sa main sectionnée. Ses doigts remuèrent une dernière fois. Le présentateur, stoïque, sortit une nouvelle seringue dont l’aiguille pleurait un liquide noirâtre et l’enfonça dans le cou de la deuxième candidate. Paralysée, ses hurlements intérieurs lui soulevant la poitrine, elle était spectatrice de sa future mort.
L’animateur fit tourner la roue d’un mouvement ample et assuré. Le suspense était insoutenable. Théo ne pouvait détacher ses yeux de la roue mortelle. Et de ce présentateur sordide qui portait sur son visage la noirceur abyssale de son âme dévorée par les catacombes de la folie et de l’horreur.
La roue s’arrêta brusquement dans un bip strident.
— La Poire du Pape ! Communément appelée la poire d’angoisse. Cet instrument servait à punir les menteurs et les femmes adultères.
Il laissa quelques secondes de silence puis reprit :
— Ne zappez pas, je reviens.
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