La maison des souvenirs
2 La maison des souvenirs
C’est lors d’une de ces sorties qu’en passant devant une villa à l’abandon ma mère eu l’idée de s’arrêter et de visiter cette maison du moins de l’extérieur. Le long de la route, bien située, de belle facture, cette maison pourrait correspondre à leurs besoins. Il faut dire que mon père n’était pas très chaud à cette idée de venir aménager et emménager à Anderlues car il venait de terminer la construction et la finition d’une villa à Dampremy. J’étais fier d’avoir participé à la finition et à l’aménagement extérieur, je me souviens avoir déplacé des tonnes et des tonnes de terres que mon oncle qui possédait un camion amenait une ou deux fois la semaine. Avec toutes ces terres il nous fallait les étendre au niveau de la maison suivant la route et faire une pente pour passer avec la voiture et pouvoir la rentrer au garage situé en sous-sol, à l’arrière du bâtiment. Je me souviens avoir fait le jardin nous devions mettre des gants tellement l’usine de La Providence polluait, nous avions les mains noires de suie quand nous travaillions le jardin, si nous balayions la terrasse le matin et que le soir nous recommencions, certains jours ou le vent soufflait dans notre direction, nous avions encore un petit seau de cette suie pour dix mètres carrés.
C’est cela qui faisait aussi que ma sœur était malade des poumons, maintenant que l’on y réfléchit, ce n’est pas étonnant car ces poussières, nous les respirions aussi et à l’époque personne ne se plaignait. J’ai beaucoup de souvenirs aussi dans cette maison, mais quelques-uns m’ont marqué un peu plus, le jour où ma mère a accouché de ma deuxième sœur, je me souviens avoir pleuré, pleuré à ne pas savoir sécher mes larmes car je ne savais pas où ma mère partait ! Je la vois encore devant la porte blanche à petits carreaux d’où le soleil éblouissant de printemps éclairait largement les yeux de ma mère. Le lendemain, un nouveau membre dans la famille, je ne me souviens plus si j’étais content. Maintenant c’est quelque fois oui, quelque fois non ! Mais quoique je fasse ce sont mes sœurs et elles le resteront. Le jour où je jouais à sauter dans les lits avec la plus grande de mes sœurs et qu’un pied de son lit s’est retrouvé dans le plafond de la salle de bain. Pour que mes parents ne voient rien, j’ai eu l’idée, que dis-je la grande idée, de mettre des livres en dessous et la carpette au-dessus. L’idée était bien mais quand ma mère à fait le nettoyage, bonjour les dégâts, qu’allait-il se passer ? Interrogatoire, punition nous allions nous faire battre jusqu’au sang et finir nos jours dans un orphelinat ! Mais non, rien de tout cela, ce fut mon père qui s’y colla, il n’avait pas complètement terminé le plancher, il manquait un morceau de plaque pour terminer, ce qu’il devait faire plus tard mais comme cela ne se voyait pas, c’était tombé aux oubliettes et comme plus personne n’y pensait et que lui n’avait pas fait son travail ce fut lui qui se fit gronder ! Il fut condamné à terminer au plus vite ce plancher que l’on puisse recommencer à jouer ! Le jour aussi où nous nous sommes battus et qu’elle a lancé un livre « Unigro » après moi et je peux vous dire qu’en ce temps-là ils faisaient un kilo ! Le souci, c’est que celui-ci a atterrit dans la vitre et à cette époque les vitres étaient en demi-double c’est-à-dire très fines ! La vitre n’a donc pas fait de résistance, elle s’est vite échappée de la fenêtre laissant un beau trou béant. Ce jour-là, mes astuces et autres papiers collants n’y ont rien fait à part ramasser les morceaux…..mais mon imagination prenant le dessus, je racontais aux parents que la fenêtre c’était brusquement refermée et que le carreau c’était cassé. Pour ma mère, cela est passé, nous avons mis un carton collé sur le reste de la vitre. Vers dix heures du soir mon Père rentre et je raconte encore avec force et détermination mon histoire puisqu’elle était passée haut la main à ma mère. Mais quand mon père eut vu la scène du crime, en une seconde, tout s’écroula il avait vu directement que j’avais menti, des débris de verre étaient derrière le meuble alors que la fenêtre s’était claquée, bizarre, mon père se retourna sur moi et me dit : Je suis peut-être fatigué mais il ne faut pas me prendre pour un imbécile, personne n’est blessé ? Demain matin on reparlera de ça, allez au lit, bonne nuit. Comment voulez-vous passer une bonne nuit alors que vous vous dites que « demain matin, il faut que j’affronte mon père et faire passer un tel mensonge ! ». J’étais tellement fatigué que quelques secondes de tourment et le marchand de sable avait fait son œuvre. Le matin à l’heure de vérité, j’espérais que mon père se lève plus tard mais il n’était pas homme à trainer au lit ! Je lui dis mon plus beau bonjour, et sa réponse fut directe et le carreau que s’est-il passé ? Sans hésitation, je balance ma sœur en l’accusant directement et la punition suivi aussi directement, nous devions payer le carreau et le remplacer nous-même. Une vitrerie se trouvait à cent mètres de la maison, la vitre fut achetée et remise sans délai, nous fûmes ainsi acquitté et sans payer la vitre ! Voilà quelques souvenir marquant pour moi dans cette maison il y en a encore beaucoup d’autres mais cela pourrait faire l’objet d’un livre.
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