La corde à mon cou, la mort à ma porte
La corde à mon cou, la mort à ma porte. Mon heure a sonné.
Elle cognait depuis des années, patiente, inépuisable. Chaque coup résonnait dans l’appartement vide. J’ai tenté de l’ignorer. J’ai acheté des fleurs pour colorer mes journées. Elles ont fini par faner, une à une. J’ai adopté un chien, pensant que sa présence me tiendrait compagnie. Il est parti avant moi. On ne peut échapper à cette ombre qui nous traque. Elle nous prend tout et lorsque plus rien ne reste, elle nous emporte.
Aujourd’hui, elle est là, dans l’entrebâillement de ma porte. Sans faire le moindre bruit, elle se faufile derrière moi. Elle resserre délicatement la corde. Je sens son souffle glacial sur ma nuque. Elle caresse ma joue et essuie les quelques larmes qui y tombent. La fin approche, tout ce qui me passe par l’esprit, c’est le visage de ma mère. Ce visage quand tu perds un être cher.
Le regard sans âme, ses pleurs ont vidé ses yeux de toute vie. Son sourire qui ramenait de la joie dans le quotidien si banal a disparu avec son fils. Elle m’a donné la vie, et en retour, je lui lègue mes démons. L’idée qu’elle a échoué, qu’elle n’a pas pu sauver son fils, la rongera sans répit, tout comme son deuil.
J’ai longtemps pensé à abréger mes souffrances. J’ai pensé au quand. J’ai pensé au comment. Mais à ma mère? Je n’y ai pensé à aucun moment.
Maintenant, il est trop tard.
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