Bradbury Challenge - 15/52
de Bajoka
Jadis, dans un royaume lointain, appelé le M'Braucopiramée vivait un empereur lépreux, Lecty. Le peuple L'adorait et L'adulait. Après des ères de dictatures, sous les règnes des descendants du souverain Lecty, la nation avait à sa tête un dirigeant bon et généreux. Il avait fait rappeler les hommes dans un combat qui durait depuis cinq ans, dans la contrée de N'Baicintuo. Tous Lui était reconnaissant d'avoir mis un terme à cette guerre. Il avait fait prospérer le royaume. On ne manquait plus de nourriture dans les chaumières. Il avait fait baisser l'impôt. Et l'on dit même qu'il a intercédé en faveur du peuple auprès des Dieux pour que la pluie tombe à nouveau et que le Grand Fleuve Vierière coule pour toujours.
Mais voilà que la maladie, Lui devenait insupportable. Les séances publiques où les prolétaires venaient faire leurs doléances commençaient à L'agaçait. Il était accablé autant par la maladie que par la populace. Il regrettait presque l'éloignement d'une grande partie de ses gens loin de Ses terres, sur les champs de bataille et de Ses oreilles qui n'entendaient que plaintes et réclamations.
Ne devrait-Il pas mener une croisade pour se délester d'une partie de Sa plèbe ? Les femmes pleureront leurs maris et fils et elles seront bien occupées dans les champs et autres, qu'on Lui laisserait en paix !
- Votre nation est déjà bien grande et Vous perdrez de Votre splendeur auprès de la populace Seigneur ! S'exclama un conseiller.
- Depuis que Vous avez mis un terme à la bataille, les gens ne jurent que par Vous, dit un autre.
- Et un peuple aimant est un peuple qui se laisse faire et agit sans protester, conclut un dernier.
Las, Le roi déclara :
- Alors trouvez-Moi une distraction digne de ce nom, de Sa voix étouffée par le tissu qui cachait Sa bouche et Son nez.
Dans tous le royaume, on entendit que Le roi s'ennuyait dans Sa cour et qu'Il voulait de « l'enjaillement ». Désireux de Le satisfaire, on vit la peuplade se précipiter aux portes de la demeure royale pour qui proposer un carnaval, pour qui un spectacle de marionnettes, pour qui un spectacle de cirque.
Ainsi, des traditions naquirent.
Pendant tous les mois où le soleil ne réchauffait pas, on préparait les chars qui défileront dans les rues pendant la première semaine où les fleurs bourgeonnaient.
Lors des trois mois où l'astre solaire brille de mille feux et réchauffait les cœurs et les corps, un grand chapiteau s'élevait dans le jardin royal et on pouvait y voir toutes une ribambelles d'artistes, que ce soit des funambules, des clowns et autres dompteurs de fauves. Parce que, oui, on pouvait aussi y apercevoir des lions, des tigres, et mêmes des éléphants.
Durant les mois où les feuilles tombaient des arbres, des compteurs faisaient la queue pour narrer au Roi monts et merveilles ou faire des spectacles.
Lecty se délectait de ces divertissements. Il pouvait réclamer cent fois pendant une soirée que tel ou tel tour soit rejoué, où telle histoire racontée.
Lui qui n'avait plus quitté Son palais depuis que la maladie L'avait cloué sur place, Il ne pouvait que Se permettre ce caprice. Jamais personne ne se plaignait qu'Il fasse cesser le jeu d'un comédien pendant un acte ou faire taire le ménestrel pour reprendre un passage que requerrait le monarque.
Mais en coulisse, on se disait que Le sire commençait à faire des siennes.
Un soir que le vent avait pris possession des artères du royaume, une danseuse faisait son spectacle devant un Roi admiratif. Il réclama une deuxième fois la même chorégraphie, puis une troisième fois, puis une quatrième fois. Celle-ci à bout de forces Lui refusa la sixième requête.
Tous retinrent leur souffle devant le refus de cette jeune femme, Miho Ptolyechépiria que l'un des conseiller avait dénicher.
Lentement et douloureusement, Lecty se relevait péniblement de Son lit en baldaquin, dont les voilages étaient tirés. C'était devenu là Son trône depuis que Sa chair tombait en morceau.
Debout, hors d'haleine Miho se tenait droite devant le lit et entendit le roi réclamer qu'elle s'approche de Son lit.
- Comment Votre seigneurie ? Le premier conseiller croyait avoir mal ouï.
Un œil noir de Son roi l'accabla.
- Et fait sortir tous ces gens et vous aussi !
- Mais... Mais... Votre...
- Est-ce toi ou moi, Le Maître de ces lieux ? Fit Le souverain, agacé.
- Et s'il vous arrivez...
- Il n'y aura que moi et cette femme, s'il m'arrive quoi que soit, qu'elle soit lynchée, ALORS PARTEZ ! Ces derniers mots avaient été hurlait et précédèrent des toussotements graves.
Un soigneur s'approchait, mais Le Roi leva une main pour le dissuader de Le rejoindre.
Les trois conseillers du Roi se consultèrent du regard.
- Faut-il que je me répète ? La voix était devenue sifflante et mauvaise.
- Euh... Non Votre Seigneurie. ALLONS, ALLONS, VOUS AVEZ ENTENDU L'EMPEREUR, SORTEZ TOUS, déclama le deuxième conseiller.
- Pas toi, Catin, fit le troisième conseiller, pour une Miho qui avait esquissé un geste en direction de la sortie.
Seuls tous les deux, L'empereur regardait la danseuse.
- Quel est ton nom, femme ?
- M...
- Et je te prierais de retirer ton voile et de me regarder droit dans les yeux !
Le voile pendait sur le côté gauche de son visage et elle le regardait, Lecty se troubla un moment. Quand la jeune femme parla, Il repris consistance.
- Je me nomme Miho, Miho Ptolyechépiria.
« Veux-tu bien t'approcher Miho Ptolyechépiria !
- Et maintenant, est-il vrai que tu es une catin ?
Miho le scruta, indéchiffrable, le regard dur, puis :
- Je suis une aspirante, pas encore une catin... Votre Seigneurie !
- Une... Aspirante ?
- Je ne couche pas encore avec les hommes, je suis dans l'apprentissage de la séduction pour le moment !
- Hum... Et étais-ce là, une danse de séduction ?
Lecty sourit, Il avait vu une faiblesse dans ses yeux insolents.
« Je... Elle bafouilla et ses épaules s'affaissèrent. Puis, elle se redressa.
- Ce n'était pas de la séduction. Votre troisième conseiller m'a vue danser, alors que je n'en avais pas le droit, il m'a promis que si je le faisais pour Vous, il ne le répéterait pas à la directrice qui me la interdit.
- Ainsi donc, mon troisième conseiller fréquente les bordels... Hum !
Il continuait à la fixer.
- Pourquoi n'as-tu pas le droit de danser ?
- Parce qu'au salon, il y a celles qui dansent et celles qui s'allongent. Je ne suis pas assez belle pour la première, alors la directrice m'a assigné à la deuxième tâche.
- Rapproche-toi, tire le voilage et viens t'asseoir près de moi.
Miho le dévisagea, hésitante.
- C'est un ordre !
S'armant de courage, elle s'installa sur la couche, au pied du souverain.
- Plus près.
Elle fronça des sourcils et vint se mettre en tailleur, côte à côte avec lui.
- Et maintenant, retire les bandages de mon visage !
- Je ne peux pas !
- Pourquoi ? As-tu peur de ce que tu vas découvrir ? Crois-tu que mon visage soit plus laid que ceux des hommes qui vont...
Elle ne le laissa pas continuer et défit le premier bandage. Elle se disait que si elle pouvait voir sa laideur, elle trouvera les autres hommes plus beaux et ne sera pas incommodée par leur aspect pendant son prochain labeur.
Son cœur s'accélérait à chaque tour. Après avoir enlevé deux pansements, elle vit que l'autre en dessous était maculé, elle ferma les yeux et poursuivit ainsi.
Ne la lâchant pas des yeux, Lecty tint son bras, pour qu'elle cesse. Elle ouvrit ses paupières.
- Je veux que tu imprimes chaque image dans ta tête, gardes tes pupilles sur moi ! Cracha-t-il.
Elle déglutit. À la dernière bande son souffle était précipité, elle vit enfin Le vrai visage du Roi et cessa de respirer.
« Horrible, n'est-ce pas ? Reprends ton souffle !
- Les distractions sont les seuls plaisirs que Je puisse encore M'offrir. Si tant est qu'elle Me détourne de la douleur, Je redemande autant que Je veux un divertissement. Alors vois-tu, lorsqu'il te reprendra l'idée de Me défier, pense à cela ! »
***
- Voilà l'histoire de la rencontre de Vos parents, Mon Prince.
- Ma mère, La reine était une... Catin ! dit le prince dans un souffle.
- Elle ne l'est point devenue, si vous avez bien écouté, elle était aspirante, mais après cette fameuse nuit, Notre honorable souverain, ne l'a plus laissé repartir dans le bordel, ou alors est-ce elle qui n'a jamais voulu y retourner...
- Et le peuple L'adulait pourtant. Il Lui a fait confiance, alors qu'Elle était Une roturière.
- La cour d'aujourd'hui l'aime, mais celle d'avant Votre naissance ne L'a pas accueillit les bras ouverts. Mais, c'est une autre histoire.
- À quoi ressemblait-il sous ce bandage ?
- Nul ne le sait, à part Lui et Votre mère.
- Et les soigneurs ?
- Il ne laissait personne s'occuper de Son visage, Lui seul Le faisait et Votre mère.
« Je ne sais pas si je l'ai vue enfant, en tout cas, je n'en ai pas le souvenir... dit Le prince perdu dans Ses pensées.
- Mais pourquoi me dire la vérité que maintenant ?
- Parce qu'Elle voulait qu'à l'approche de vos dix-huit ans pour Votre sacre, vous soyez préparé à ce que vos ennemis ressortent des histoires pas très reluisantes. Et Elle m'a chargée de le faire à sa mort...
Dehors, une immense foule se tenait sur la place principale devant le palais impérial. Elle attendait avec impatience le couronnement du jeune Empereur Lecty II.
Table des matières
En réponse au défi
Bradbury Challenge 2017 - 2018 semaine 15
Bonjour à tou(te)s !
Reprenant le principe d'écrire une nouvelle par semaine, et ce sur une durée d'un mois, renouvelable pendant un an, nous vous proposons le défi de cette semaine !
— rédiger une courte nouvelle, avec ou sans chute, 1300 mots maximum (soit moins de 5 minutes de lecture) ;
— durée 7 jours, vous postez quand vous voulez jusqu'au septième jour inclus ;
— date de cette semaine (7jours) : du lundi 18 décembre au dimanche 24 décembre 2017 inclus ;
— sujet : libre !
Pour en discuter toutes et tous ensemble, bienvenue là :
https://www.scribay.com/talks/17270/bradbury-challenge-2017--2018-vous-etes-toujours-la--
Toutes les nouvelles, depuis le lancement, sont archivées dans les listes de lecture ici :
https://www.scribay.com/author/727823185/nouvelles--rbradbury--2017---2018
Bonne écriture ;)
☺
Commentaires & Discussions
Lecty | Chapitre | 2 messages | 6 ans |
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