Le pont
Les yeux perdus dans le vague, fixant un point de l'horizon que je ne peux atteindre. Je me suis perdue dans une inertie dénuée de ressentis.
Les véhicules continuent leur route, en contrebas, en poursuivant leur chemin sur le bitume froid de leur vie monotone.
L'envie irrésistible de sauter me prend et j'imagine ma lente chute jusqu'à ce que je m'écrase sur la route. Cette vision m'apporte une sérénité nouvelle. Je me sens libre, libre de mes actes, libre de mes choix.
Les hurlements des camions me sortent de ma léthargie. Je peine à comprendre où je suis. Quelques secondes, pour m'apercevoir que j'étais toujours plantée là.
Une respiration, une expiration. Je reprends ma marche lasse et écœurée d'être prisonnière d'un monde où la multitude de personnes préfère vous voir sombrer.
Écrasée, malmenée et à bout de souffle d'être perçue comme l'erreur, l'intruse qui refuse de se modeler à l'image qu'on lui impose.
Je suis un oiseau, dont on coupe inlassablement l'extrémité des rémiges pour l'empêcher de prendre son envol, obligé de marcher de ses petites pattes déjà bien fragilisées par un parcours parsemé de ronces.
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