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Il étale avec application le lubrifiant dans la raie. Serait-ce un indice ? J'appréhende avec délice, en sens vibrer mon pénis. Dans cette position, j'ai l'impression d'être une volaille prête à être enfournée.
— Tu veux savoir ce que ça fait d'être un oiseau rare ? me demande-t-il.
— Comme si t'allais vraiment me laisser le choix ?
— On ne peut plus rien te cacher, mon petit poulet !
Dindon de la farce, c'est humiliant à souhait. Je suis content de la situation dans laquelle mon imagination tordue m’a fait me placer. Je suis ravi de constater la facilité avec laquelle Il arrive à tirer parti de la situation. J’ai envie de Le féliciter. C’est tellement bon.
Un léger frôlement. Une décharge. Je dois me redresser, interdire tout accès. Mes poignets sont bloqués, mes fesses restent écartées. Seule ma nuque peut se contracter. Ma gorge déployée est la seule échappatoire, l'unique exécutoire. L'action de la plume est insupportable. Je bats des pieds et des mains autant que me le permettent mes liens. Les sensations drolatiques ont un côté très excitant. Comble de la situation, l'instrument de torture titille ma raie jusqu'au scrotum et descend sur mes testicules. Je ne ferme pas les yeux, je les plisse, tente de les écraser entre mes arcades et mes pommettes. Mon membre, lui, ne demande qu'à exploser.
Je me sentais volaille prête à être enfournée, le cuisinier avait donc oublié de me badigeonner ?
La plume continue de me tourmenter. Je la sens bifurquer pour attaquer mes cuisses. Je n’ai que le temps de pousser un « oh non ! » de désespoir, que déjà, accompagnée d’un « oh si ! » sadique et déterminé, elle se met à s’agiter sur les adducteurs. Cela figurerait presque de repos mérité mais je suis trop fatigué. Je serre les dents, les poings... Je veux qu'elle me laisse tranquille. Qu'Il envoie la sauce, je suis prêt à être fourré. La délivrance se fait attendre. Prend-Il un malin plaisir à me pousser hors de mes retranchements, sortir des sentiers balisés ? Nous sommes sur une ligne de crête pentue. De tous côtés, les crevasses béantes se font menaçantes. Ces gouffres glacés sont prêts à nous avaler. Un seul pas de côté et nous roulerons dans un de ces abîmes de perdition, dont jamais nous ne reparaîtrons. Eux, s'en repaîtront.
Isolé dans ma bulle, je n'ai rien entendu. Elle est arrivée sans crier gare, raide et douloureuse. Sans douceur, elle va, elle vient, repart, revient avec rancœur. Bloc butoir soumis aux coup de boutoir, mon corps tourmenté est maintenant ballotté, secoué d'arrière en avant, la nuque écrasée. Avec la sueur, nos peaux s'embrassent et se séparent sans classe. Je retiens mes cris, Il râle avec démonstration. La canne pénètre, force et ramone le conduit trop étroit. Point de bistre à ôter mais le karcher semble s'imposer, dans ce corps vicié... Il jouit, je me dédis.
À cinglante défaite, sanglante levrette.
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