Bon appétit!
L'atmosphère venteuse,
Une brise légère, des paroles résonnèrent.
Le poisson-lune s'exprima à son tour :
- « Dis-moi, Simcha qui découvrit la source?
N'était-ce pas les poissons?
Qui trouvèrent les eaux scintillantes?
Encore nous.
Dès le départ, le poisson ne l'a pas vu comme trésor,
N'a pas su considérer ce qui lui a été donné sans effort.
Toi, poisson, qui n'as pas trouvé d'autre utilisation de cet or que celle de nourriture pour les requins.
Qui blâmer? Ceux qui sont avares ou toi qui a mauvaise vue?
Tu sais nettoyer la poussière dans les yeux d'autrui, mais qu'en est-il de la boue dans les tiens?
La main qui sait donner ne sait-elle pas aussi concéder un refus? »
Silence.
- « Simcha, sais-tu qui tu es? Et quel est ton nom?
Natan B'Simcha, celui qui donne avec joie.
En réalité, une chose te distingue des autres.
Ta particularité n'a rien avoir avec l'ingéniosité de tes mains.
Mais elle provient de ta capacité à voir le monde avec un filtre.
Oui, il faut beaucoup d'audace et de courage pour vouloir changer ce monde.
Qui te blâmera d'avoir essayé?
Tu ne t'es pas contenté comme nous d'observer.
Tel un médecin, voulant guérir le mal à la source.
C'est aussi avec ces yeux que tu as perçu la détresse de la dame.
Ce requin fort imposant, aux dents de géants faisant trembler ceux qui s'opposent à elle.
Mais de tous, il n'y a pas plus seule au monde qu'elle.
Qu'y a-t-il de bon à tirer d'un cœur malade?
Toi Simcha,
Tu as su dès le départ qu'on ne peut donner que ce qu'on a. »
--« Il y a une différence entre le moi que je suis et le moi que je voudrais être.
L'un dicte sa conduite à l'autre qui subit sans brancher.
Pourrais-je cesser d'être moi?
C'est tellement dur d'être lui.
Ce monde n'est pas fait pour les gens comme nous.
Même quand je me dis : « c’est bon, j'en ai assez ».
J'y mettrai un arrêt, resterai dans mon coin à m'occuper de lui et moi.
Mon cœur se serre. Le moi que je suis reprend le dessus.
Pourquoi ceux qui savent donner se retrouvent toujours dépouillés?
Seuls ceux qui prennent, se réjouissent, voient leurs efforts aboutir. »
« En réalité, vous n'êtes pas si différents tous les deux.
Puisque de la descendance des requins ta race provient.
Il faut de tout pour faire un monde,
Ceux qui donnent et ceux qui prennent.
Cependant, ce qui t'a été donné, l'usage ne dépend que de toi.
Donner et aimer, c'est bien, tant qu'il y'a une mesure.
Celui qui donne sans compter finit par s'oublier.
En portant la mer sur tes épaules, tu t'es noyé.
Oubliant qu'en toutes choses, il faille un équilibre. »
--« Que faut-il donc faire? Ne plus aider?
Rester silencieux face aux cris sourds des malheureux?
Observer, attendre que le bateau trouve lui-même le bord? »
« Maintenant deux chemins se dessinent devant toi.
Retourner où tu as laissé ton cœur ou rester ici à observer…
Mais si tu y retournes, assure-toi de faire les choses bien cette fois-ci. »
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