Imaginez-vous (car en tant de restrictions, on peut difficilement se rendre en personne dans ces lieux) dans une ville bretonne, d'importance mais qu'on ne connaît guère internationalement, à part quelques mois tous les quelques ans, quand une course maritime y fait escale, bref vous voilà dans cette ville : devant vous, la crêperie (car comme toutes les villes bretonnes, elle est montsaintmichelisée et encombrée de plus de restaurants de spécialités régionales que de magasins utiles pour les résidents permanents) ; à votre droite, un magasin de pulls rayés (idem) ; à votre gauche, enfin, l'église locale, une cathédrale peut-être, mais impossible à savoir pour le moment car elle est fermée : utilisons le pied-de-biche de notre esprit pour forcer le passage, nous voilà tous à l'intérieur, pour une visite guidée improvisée ; admirez les vitraux refaits après la dernière guerre mondiale, où une garnison allemande avait pris possession de la ville ; admirez l'autel, qui n'est évidemment pas d'époque, comme vous l'indique la matière dont il est fait ; admirez encore les ex-voto, plus nombreux ici qu'en France intérieure, car prendre la mer a toujours été périlleux et que moultes jeunes filles sont venues remercier la Vierge d'avoir protégé leur fiancé, ou moultes loups de mer chevronnés sont venus remercier le petit Jésus d'avoir sauvé l'équipage d'un naufrage qui paraissait inévitable ; enfin, admirez cette plaque dans le carrelage, disant ''ici se tenait Jacques Cartier pour recevoir la bénédiction de l'évêque de Saint-M*** juste avant de partir pour le Canada''.