Xerxès - before the end
Quand Alex est arrivé chez moi sur bicyclette, je l’ai pris dans mes bras. Il a répondu à mon étreinte, et nous sommes restés là un certain temps.
- Je suis content que tu aies pu venir ce soir malgré la situation » je lui ai dit.
- Moi aussi… j’ai presque cru que je n’arriverais pas jusqu’à chez toi à temps.
J’ai jeté un œil à ma montre : il restait vingt bonnes minutes. On est allé dans le jardin pour s’assoir et regarder le ciel. Comme je ne savais pas trop quoi dire, je me suis tu. Alex non plus n’a rien dit. J'ai un peu attendu, mais comme j’avais envie de parler avec lui, j’ai brisé le silence.
- Tu penses qu’il y a quelque chose après la mort ? Genre, quand on aura clamsé, on ira où ? Si on va quelque part…
Alex a réfléchi quelques instants avant de répondre.
- En vrai, je ne pense pas qu’il y ait quelque chose après la mort. Tu vois, je considère qu’en tant qu’êtres pensants, être en vie et être conscient reviennent au même, pas comme les plantes. Par exemple, si ton cerveau est mort mais qu’on maintient le fonctionnement de ton corps, est-ce que tu es encore en vie ? Ton corps, oui, mais toi ? Pour moi, étant donné qu’on pense, on est en vie quand est conscient et vice versa. Et quand on dort, sauf cas rares, on n’est quasiment plus conscient. Donc le sommeil serait l’état le plus proche de la mort, avec comme différence que le cerveau continue de travailler quand on dort. Donc, quand "on aura clamsé", nos cerveaux seront morts et on ne sera plus conscients, mais on ressentira la même chose que quand on dort… Du moins, je pense.
J’ai essayé de m’imaginer ce que je pouvais ressentir quand je dormais, mais je n’ai pas réussi.
- Après, je ne peux rien prouver » a ajouté Alex. « J’essaie juste d’être rationnel. Peut-être parce que j’ai peur de mourir. Peut-être pas…
J'approuvais sa réponse alors je me suis tourné vers lui et je lui ai souris. Un sourire s’est dessiné à son tour sur son visage, puis il a lancé son regard vers le ciel, vers la comète…
Je me suis mis à l’observer moi aussi. C’était con, quand même. Parmi tous les endroits où Xerxès aurait pu se crasher, il a fallu que ce soit sur la Terre. Elle aurait pu foncer dans le Soleil ou partir sur Jupiter, ou même juste passer sans qu’on s’aperçoive de son existence, mais non. De tous les astres, elle a choisi le nôtre. Mes yeux sont passés sur les étoiles et je me suis demandé ce qui se serait passé si on avait vécu sur une autre planète…
Au bout d’un moment, j’ai tendu mon bras pour regarder ma montre. Il ne restait plus que cinq minutes avant de se faire oblitérer par Xerxès.
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