Chap. 1
Tom
Lundi 07 mars 2016, 21h00, bureau de la société Michelet Transport
Allongée sur un brancard, une femme rousse ouvre un œil quelques secondes. Un mal de tête lui martèle le crâne, elle a juste le temps d’entendre des voix avant de perdre connaissance.
Alors que les deux ambulanciers en uniforme bleu marine descendent avec précaution le brancard, l’inspecteur Tom Roche, appelé pour une affaire de meurtre, les laissent passer en bas des marches. Il jette un coup d’œil sur la femme.
- C’est la victime ? S’enquiert-il en notant qu’elle a un bleu sur le visage et une blessure sur le front.
- Le mort est là-haut, on ne sait rien de plus, répondit le second homme.
Le lieutenant monte, se réjouit qu’il n’y ait ni plots, ni indices à éviter, et se retrouve vite devant la porte ouverte du bureau. Il reste sur le seuil, afin de ne pas contaminer la scène de crime avant l’arrivée des scientifiques, mais aussi pour ne pas gêner le médecin légiste dans son travail. Accroupi près du corps, surchaussures aux pieds, le docteur Paul Bertrand, âgé d’une cinquantaine d’années, regarde d’un œil méticuleux, le crâne de la victime.
- Salut Tom… Je dirais que la victime est décédée vers dix-neuf heures.
- Salut Paul, c’est tout frais, on a de la chance.
L’allure bedonnante, le docteur se relève avec difficulté, fait attention aux éclats de verre, et arriva à la hauteur de l’inspecteur :
- Pour l’instant, je peux te dire que cet individu a été frappé violemment sur le crâne à plusieurs reprises. Je t’en dirais plus après l’autopsie. A toi de jouer maintenant.
Le lieutenant attend le départ de Paul pour pénétrer dans le bureau. Celui-ci se positionne au centre de la pièce afin d’avoir une vue d’ensemble. Sur la gauche, l’armoire de rangement est en parfait état. Il en est de même pour la plante verte qui l’accompagne. Toute la scène a eu lieu du côté droit. L’enquêteur se met face à la fenêtre. Sur sa gauche, une vitrine en verre, cassée, composée de trois étagères, dont l’extérieur de la façade est éclaté en mille morceaux sur le sol. La première présente des médailles et trophées. L’une d’elles est tombée de son crochet. La seconde expose des singes marron sourds, aveugles et muets. Les trois sont renversés. A l’inverse, le dernier niveau est intact. Les éléments décoratifs, pomme, ananas, poire, ont l’air à leur place. Sur la droite du lieutenant se trouve un bureau d’angle. Face à celui-ci, les deux chaises réservées à la clientèle sont renversées également.
Le cadavre est entre la vitrine et le bureau. Au vu des éléments l’altercation a eu lieu ici. Que s’est-il passé ?
Le lieutenant, sans trop le regarder, voit par de bref regard la carrure imposante du cadavre.
Comment cette femme a-t-elle réussit à avoir l’avantage sur la victime ? De plus que faisait elle sur les lieux ?
L’entreprise ferme ses portes à dix-huit heures à la clientèle, comme l’indique le panneau d’affichage sur la porte d’entrée.
Pourquoi est-elle restée sur les lieux après avoir tué la victime ?
Le lieutenant perplexe, sort de la pièce, ferme la porte et essait d’éluder une hypothèse.
Imaginons que cette entrevue soit professionnelle, cela explique les catalogues et la documentation de la jeune femme. Celle-ci fait son entretien. Pour une raison que j’ignore encore, une altercation éclate. La victime agresse physiquement la dame rousse, ce qui expliquerait les ecchymoses sur son visage. La femme, luttant pour sa survie, se défend corps et âme, parvient à avoir le dessus sur son agresseur et le tue. Quelques secondes plus tard, prenant conscience de son acte et sous l’effet des coups reçus, elle fait un malaise.
L’enquêteur de police fait la moue.
J’ai trop peu d’éléments à disposition pour être sûr de cette théorie. C’est possible… mais ça me paraît étrange tout de même.
Maintenant que le lieutenant à ce scénario en tête, il sait ce qu’il lui reste à faire. Aller voir la jeune femme à l’hôpital pour avoir des réponses.
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