Chap. 8
Claire
13 h 46, Place de la Bourse, Résidence Lyautey, 1er étage
L’ambulancier vient de fermer la porte derrière lui, Claire est enfin chez elle. Son appartement si calme à l’ambiance et décoration apaisante. Les murs blancs augmentent la luminosité, tandis que les meubles en bois naturel apportent une douce chaleur. Elle n’a qu’une envie c’est de s’affaler sur le canapé. Mais avant la jeune femme file dans sa chambre pour mettre une tenue confortable. La blouse blanche à pois d’hôpital laisse place à un ensemble de jogging gris. Pas très féminin, mais cela n’a aucune importance.
Lors de son départ ce matin, le docteur Figier l’a informé du caractère spécial de son hospitalisation et de l’impossibilité de lui rendre ses affaires personnelles. Repu par le festin culinaire de l’établissement, elle fut autorisée à regagner son domicile. Repue par le festin culinaire de l’établissement, elle fut autorisée à rentrer chez elle. Le trajet en ambulance n’en avait été que plus gênant et très désagréable. Claire est restée assise en tenue légère sur le brancard face à un pompier posant sur elle, des regards insistants.
Pervers…
Pour chasser cette image de son esprit, elle marche jusqu’à la baie vitrée de son salon et admire la vue : le quai Maréchal Lyautey sur La Garonne, ses bateaux au rythme berçant remplis de touristes qui déjà profitent de congés ou de longs week-ends. Elle peut voir comme ils sont sereins et éblouis par la ville entre hiver et printemps, comme ils rient, font des selfies ou flirtent dans un coin.
Claire se sent seule, la présence d’un homme en cette situation lui manque. Le seul être masculin séduisant qu’elle ait vu en deux ans de célibat s’avère être inspecteur !
Très séduisant… mais cela ne l’empêchera pas de me mettre en prison s’il me croit coupable. Dans quel pétrin je me suis fourré !
Tout en s’affalant sur le canapé, elle ferme les yeux un long moment pour se reposer. Ses blessures aux visages et derrière la tête la font encore souffrir, elle prendra les médicaments prescrits par le Docteur Figier dans quelques minutes. Elle doit réfléchir. Machinalement, ses doigts pianotent sur le tissu du sofa. Elle se sait innocente, mais est incapable de rester sereine.
Le seul délit que j’ai commis dans ma vie, c’est de voler un sachet de bonbons à la boulangerie lorsque j’étais enfant !
Les questions fusent dans son esprit. La police lui a-t-elle tout dit ? L’interrogatoire était-il destiné à lui tendre un piège ? Qu’est-ce que la police va trouver pour l’accuser ? Vont-ils aller jusqu’à inventer des preuves ? Où vont-ils être assez intelligents et honnêtes pour voir qu’elle n’y est pour rien ?
Claire se lève, fait les cent pas et prononce à voix haute comme pour se donner du courage :
- Bon, je récapitule. Hier, j’avais rendez-vous avec M. Michelet à 18h. Prise dans mon travail, je pars en retard, presse le pas, arrive sur les lieux puis entre dans le hall d’accueil… Après c’est le trou noir total.
Avec ça, je ne vais pas aller loin ! Je ne peux pas rester comme ça !
Résolue à trouver la vérité, elle l'ouvre l'ordinateur resté sur son bureau, s’installe et tape « amnésie » dans la barre de recherche.
Définitions médicales, symptômes et guérisons défilent aux ordres de la souris, mais rien ne lui convient, il ne s’agit que de médicaments et repos. Elle veut plus, il faut une solution radicale. Après de longues minutes de recherche, elle trouve enfin ce qu’elle désire, un hypnotiseur. Ces yeux sont de plus en plus lourds, mais elle persiste. En se renseignant sur les méthodes, Claire comprend que le praticien l’endormira et fera régresser ses souvenirs progressivement.
Peu de temps après elle finit par s’endormir sur le clavier. À l’écran, la page des adresses des 2 différents hypnotiseurs reste affichée.
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