Il suffirait...
Il suffirait d’avoir à disposition un matériel d’écriture
De déposer une dernière fois les traces d’une vie à peine étincelante
D’esquisser un sourire fané, déformé par l’asthénie, de s’abandonner à une rupture
Peut-être évidente, peut-être salvatrice, peut-être même brillante.
Il suffirait de s’allonger dans un silence si plaisant
De fermer les yeux, d’oublier le monde autour de soi, d'éradiquer les autres
D’esquisser des larmes, cachées par la façade monotone, un abandon martelant
Qui dérive dans le flot de pensées, tantôt épuisé, tantôt noir, à cause des autres.
Il suffirait de se trancher la gorge, d’avaler des cachets, de se jeter d’un pont
Pour entendre ce silence si chaleureux dont les cris ne sont plus qu’une arme rouillée
À peine, sans doute, je m’enfoncerai dans le gouffre, au plus profond
De mon existence, j'abandonnerai la moindre essence pour ne pas mourir brisée.
Il suffirait de se poser dans un coin bien tranquille, dans une forêt bien humide
Où rien ni personne ne peut s’y rendre, ne peut me pousser davantage dans un épuisement si intense
De s’allonger dans l’herbe, sous la pluie, à observer ce ciel timide
Qui déverse la paix à peine cachée par les torrents d’essence
de la vie.
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