Assise là
Assise là à contempler un monde si laid
D’une couverture imparfaite
D’une misère parfaite.
Assise là à dessiner la beauté cachée
D’un monde évanescent
D’un lieu coruscant.
Assise là à plaindre la nature cruelle
D’une bonté immatérielle
D’un sadisme sans pareil.
Assise là à maudire la terrible humanité
D’une bienveillance rare
D’un comportement babillard.
Assise là à contempler ces belles couleurs
De printemps, dit-on, d’une saison parfaite
Qui dévore notre cœur, qui diminue la rancœur.
Assise là à dessiner ces champs éternels
D’automne, chante-t-on, d’une saison imparfaite
L’aube d’écrire à nouveau un poème à propos d’Elle.
Assise là à plaindre la Nature immortelle
D’hiver, murmure-t-on, aux rythmes endiablés des frimas
Jolie ornement au sein d’une empyrée visuelle.
Assise là à maudire le monde de sa laideur
D’un mal vicieux ancré dans le coeur de l’humain
Qui dévore pensée et énergie en son sein.
Assise là à découvrir d’une stupeur effroyable
Cette beauté qui agite tant de poètes, tant d’écrivains
D’une apparence parfaite, d’un somptueux décor incroyable.
Assise là à dévorer le paysage étincelant
D’une clarté bienveillante, d’une lumière mensongère
À déchiffrer le futur hésitant.
Assise là à écrire une lettre à Elle
Par les maux viennent les mots
D’une rigueur éternelle.
Assise là à contempler un dernier choix
De songer à cette tristimanie qui ronge le coeur
De repenser à ce qui fait foi.
Assise là à caresser le ciel rosé
De sentir au bout des doigts une pourriture avancée
De sentir la main de la Mort se poser.
Assise là à esquisser une dernière fois
Ce qui aurait pu, ce qui a été
De laisser une trace à la fois.
Assise là à contempler le passé
Noyau silencieux, bâtisse à l’abandon
Vêtements tavelés, cadavre tué.
Assise là à se souvenir d’une mort cruelle
Dans un monde si laid
Aux mains d’une humanité factuelle.
Poète oubliée
Enterrée, bafouée, cachée
Assise-là
Elle était là.
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