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- Vite ! Que quelqu’un prévienne le docteur … Crie quelqu’un.
Je cours, bousculant au passage des gens. Mais je n’ai pas le temps de m’excuser. Je cours, ma blouse ouverte volant dans tous les sens. J’arrive près de la civière et voit beaucoup de sang.
- Que s’est-il passé ? Je demande
- Aucune idée … il y a eu des coups de feu dans une supérette … on l’a retrouvé gisant par terre … blessures par balle … une logée dans la cage thoracique, une autre lui a perforé le foie … Me répond l’ambulancier.
- Il perd beaucoup trop de sang … hémorragie externe … qu’on me prépare tout de suite le bloc opératoire. Je crie.
Je cours au même rythme que la civière, les mains sur ses blessures, essayant de stopper l’hémorragie.
- Homme blanc … dans la cinquantaine … 1m50 environ … yeux noisettes, cheveux châtains coupés très courts … retrouvé gisant sur le sol d’une supérette sur main street … blessé par balles… pas de pièce d’identité … porte un vieux jean bleu, un t-shirt vert défoncé, un blouson en jean, une paire de chaussure de sécurité et une vielle casquette … je répète : pas de pièce d’identité … envoyer un avis de recherche avec cette description … central, terminé. Hurle un policier dans son talkie-walkie.
- « Ici central, bien reçu »
C’est le chaos autour de moi. J’essaie de rester concentrer, cet homme a plus que jamais besoin de moi. Il ne le sait pas encore – ils ne le savent pas encore -, mais il est aux portes de la mort. Tout ce sang, cette hémorragie sans raison apparente, veut tout simplement dire que quelque chose d’autre a été touché. Peut-être son cœur : il a bien reçu une balle dans la cage thoracique. Les ambulanciers s’embrouillent souvent avec ça. Soudain les bips du moniteur s’affolent.
- On est en train de le perdre … le défibrillateur … le défibrillateur … Je crie.
On me l’apporte.
- Une paire de ciseaux … Je demande.
Je prends la paire qu’on me tend et déchire son t-shirt. Il y a tellement de sang que je suis obligée de l’essuyer avec son t-shirt déchiré.
- Préparez-vous … charger …
Doum ! Sa poitrine monte violemment et retombe tout aussi violemment. Pas de pouls.
- Augmentez … charger …
Doum ! Toujours rien. Je respire fort et du revers de la main essuie les gouttes de sueur sur mon front. Je m’apprête à recharger lorsque deux hommes entrent en tremble dans l’hôpital.
- Il est où … Bobby … Bobby … bordel lâchez-moi. Cri le premier.
- Calmez-vous monsieur … veuillez attendre à la réception. Dit un infirmier en les poussant vers la réception.
- Touche moi encore et je te jure que …
-Dean ! Cri le deuxième. Excusez-nous mais c’est important … nous cherchons un homme, la cinquantaine … il a reçu une ou deux balles … on a appris qu’il a été admis ici. Est-ce que vous ne saurez pas où …
Il s’arrête de parler en regardant dans ma direction et devient livide. L’autre suit son regard et à son tour devient pâle.
- Oh, non. Bobby … Murmure ce dernier.
Le deuxième type, l’armoire à glace, j’ai l’impression de le connaître. Je me secoue la tête pour me remettre les idées en place.
- On y retourne … un … deux … trois … Je crie.
Doum ! Rien. Pas de pouls. Je commence à paniquer. De mes mains, j’exerce de très forte pression sur sa poitrine. Je continue encore un instant et sans m’arrêter je crie :
- Charger … envoyez …
Doum ! Il ouvre brusquement les yeux et a du mal à respirer.
- Un masque à gaz. Je demande. Vite ! On a un pouls.
On me le donne et je le lui mets. Il se stabilise. Je récupère son t-shirt par terre et le pose sur ses blessures en appelant un infirmier qui vient aussitôt à mes côtés.
- Mettez bien vos mains là … voilà ! Serrez bien et surtout ne lâchez pas … emmenez le en salle d’opération. On l’opère tout de suite … donnez-moi deux minutes. Allez-y.
Ils se dirigent illico presto vers le bloc opératoire.
-Fils de pute …
Furieuse, je me retourne.
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