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Au bout du couloir où Madame aimait danser se trouvait un téléphone qui sonnait à quatre heures chaque nuit, annonçant la venue du Baron. Madame exigeait toujours à toute heure le silence quand nous devions préparer les chambres des invités. Gare à ceux qui osaient faire le moindre bruit ; coups de fouet et doigts tranchés en étaient la punition. Madame, une Mère dévouée envers son enfant, qui me prenait sous son aile quand elle le voulait. Réveiller les morts était un exercice quotidien. Si j’étais un monstre pour autrui, j’étais son petit ange préféré. Les ficelles du métier, toutefois, je les avais apprises avec Monsieur, mon Père, si imposant. Les couloirs aussi lugubres que joyeux inspiraient à tout invité un sentiment malaisant, qui se résultait souvent en mauvais pressentiment. Les hommes et femmes respectables finissaient toujours pendus, la tête parfois plantée dans un piquet. Madame et Monsieur, mes bien aimés parents, m’avaient laissé comme héritage ce beau manoir à ma mort. Depuis lors, je hantais ces murs, me nourrissait des âmes qui pourrissaient et dévoraient les pauvres malheureux qui pénétraient en ces lieux. Madame et Monsieur, sans doute, se prélassaient ailleurs et terrorisaient encore une fois le monde. Peut-être laisseront-ils une nouvelle progéniture quelque part…
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