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Watch the world burn, Falling in Reverse.

Les flammes crépitent. Elles cuisent un morceau de viande placé sur une grille. Aurélien observe sa bienfaitrice qui remue une poêlée de légumes dans une casserole. Le garçon n’ose pas parler — et de toute façon, que peut-il dire à cette femme qui l’a sauvé des décombres ? Rien. Il frissonne. Il ajuste sa veste, souhaitant avoir pu emmener un manteau ou quelque chose de plus chaud. La survivante prend la viande et la dépose dans une assiette, la coupe en deux. Elle saisit la casserole et verse un peu de légumes dans une autre assiette. Elle ajoute un morceau de viande et lui servit l’assiette.

— Merci, marmonna-t-il, timide.

— Mange tout, gamin.

Et il mange lentement.

— Pourquoi n’aidez-vous pas les autres à sauver le monde ? demanda-t-il, brisant le silence après quelques bouchées.

— Pourquoi les aider ?

Aurélien se mord la lèvre inférieure, incapable de répondre. Pourquoi ? La femme lui sourit en déposant sur ses épaules une couverture.

— Les chanceux, et sûrement les plus stupides, ont abandonné la Terre pour vivre dans l’espace. Il n’y a pas de garantie qu’ils survivront. Et pis, il y a nous. Certains tentent le tout pour le tout ; ils sont admirables, hein.

Admirables. Ils le sont, songe le garçon aux cheveux blonds, mâchant un bout de viande dans sa bouche. Il se souvient que sa mère a été comme sa bienfaitrice ; impassible à la fin du monde, presque enjouée par moment, comme si le soulagement d’une humanité en ruine les libérait.

— Tu sais pourquoi j’ai choisi cet endroit ?

— Non, pourquoi ? dit-il, curieux de la réponse.

— Parce qu’ici, tu peux voir le monde brûler. La fin n’est pas nécessairement une fatalité, cela peut être une renaissance… Quelque chose à voir.

— Mais avant, il faut voir la fin de notre ère, termina Aurélien, frottant son ventre.

— Exactement.

Les flammes crépitent. Ici comme là-bas, elles dévorent les restes sur leur passage, se faufilent dans les ruines, effacent peu à peu un passé pas si lointain. Aux premières lueurs du jour, il se met à pleuvoir des cordes, dissipant les feux. Vers six heures, les survivants se mettent en route.

Au fil des années, l’espoir s'évanouit, le désespoir déverse toute sa rage, et l’humanité se résigne à cette nouvelle ère. De là, le renouveau apparaît comme un cadeau surprenant. La renaissance s’élance vers un avenir incertain parmi les débris de la station internationale des humains ayant trouvé refuge dans l’espace.

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