Ange

4 minutes de lecture

C'est l'histoire d'un ange. Il était magnifique. Ses deux grandes ailes pouvaient prendre une personne et tous ses malheurs pour les serrer fort contre lui, et montrer que tant qu'il serait là, avec ses ailes et son sourire, il la protègerait avec plaisir, au prix de son temps et de son corps, chaque larme ajoutant du poids à ses plumes et les arrachant petit à petit. Il vivait, rêvant de donner son cœur aveuglément. Mais si les anges restent seuls et ne côtoient pas les gens, c'est parce qu'ils n'ont rien à gagner, ils sont naturellement si purs qu'ils ne peuvent que se perdre.

Mais de son astre, il l'avait vue, cette personne qui semblait le voir, lui et toute sa beauté. Elle lui disait les plus douces paroles qu'il s'était fait entendre seul dans ses rêves. Et de son astre, il tomba, fonçant vers elle et les démons qui l'accompagnaient. Il aimait ses yeux, son sourire, ses histoires, ses tracas. Il se perdit entièrement en elle, lui donnant ses ailes. Il n'était plus rien, devenu une simple âme, aveuglé par ses sentiments, et il erra, aveugle, sans savoir qu'il n'y avait comme seule issue qu'un gouffre. Une chute fatale à quiconque n'a plus d'ailes. Et il tomba.

Un corps sans vie, défiguré par l'expression de sa propre souffrance, et rongé par cette maladie inarrêtable qui lui faisait comprendre que l'amour ne pouvait s'accorder à celui qui se perd dans quelqu'un, à celui qui, trop bon, donne tout ce qu'il a, oubliant que les anges n'ont pas de démons, et que ceux-ci ne peuvent que se soigner seuls, ou se partager à deux. Il apprit la douleur des démons et comprit que sa solitude avait été une superbe protection dont il s'était défait.

Déchu, misérable, il se promit de ne jamais plus se perdre en quelqu'un. Il erra dans son gouffre, seul et caché de tous, pour remonter en vain autant qu'il le pouvait. Il réussit, il revit le jour, son soleil, les couleurs. Il n'était plus aveugle, et il était libéré de ce gouffre.

De la seule aile qu'il avait récupérée, il rejoignit un nouvel astre, plus bas, car incapable de remonter plus haut. Il se pensait maintenant transformé. Certes, il voyait davantage les gens, et était plus enclin à la tentation. Mais une telle souffrance, ça ne s'oublie pas.

Et pourtant, un matin, il confondit de soleil. Au lieu d'admirer l'horizon, c'est une nouvelle personne qu'il regarda. Et il lui parla, rit avec elle, du haut de son astre, et fut tenté par elle, qui semblait ne porter aucun démon, et semblait ne pouvoir en transmettre aucun. Il chuta pour la rejoindre, et lui confia son aile, presque immédiatement. Il en fut immolé dans l'immédiat. Cette femme… elle portait de nouveaux démons que l'ange n'avait jamais connus. Il se pensait tant en sécurité après avoir vaincu un tel gouffre, il se sentait fort ! Mais pourtant..

Il l'avait cru, sans la connaître. Il lui avait accordé toute sa confiance, mais elle aussi. Il lui permit d'apprendre qu'elle n'était pas prête. Lui apprit qu'en vérité, les problèmes, ça n'avait jamais été "elles", mais lui, pour se permettre d'aimer si vite.

Il était son propre monstre, et il vit son nouveau visage, peut-être défiguré par ces souffrances, peut-être avait-il toujours été ainsi. Il était son propre diable, il n'était pas un ange, mais un démon, son démon. Car il aimait trop, écoutait trop, et ne parlait jamais. On lui avait dit qu'il était trop gentil… Il ne comprenait pas ce jour-là. Maintenant il comprenait comment on peut être trop gentil. Ce n'est pas un problème pour l'autre, mais pour soi-même.

Mais il l'avait accepté, et voulait rester pour cette deuxième personne, car il comprenait sa douleur. Si elle n'était pas prête, c'est parce qu'elle était toujours dans ce gouffre. Il lui dit la seule chose qu'il pouvait faire pour l'aider : "Je t'attendrai en haut, et quand tu seras là, si ton cœur le souhaite, on avancera ensemble." Sachant que dans cette phrase il se condamnait.

Il eut envie de se poignarder pour ses paroles. Mais il était une bonne personne. Trop bonne.

------------ ... ------------

L'ange se tenait au bord d'un précipice, le vide était envoutant, malgré l'écho fracassant jamais un endroit ne lui paru aussi paisible que le fond qu'il scrutait. Il releva ses yeux sur le ciel sombre qui avait perdu son éclat.

L'ange devrait se sentir léger, il n'avait plus aucune aile, mais son son cœur était si lourd de regrets et de douleurs.

Il entendit, ou imagina, il ne saurait le dire un appel derrière lui. Une jeune femme, à genoux, larmes aux yeux, tendant la main vers lui. "Ne pars pas, je t'en prie. J'ai besoin de toi."

L'ange sourit tristement. Une dernière fois. Il savait que répondre à cet appel serait sa fin. Non pas de sa vie, mais de lui, il ne connaissait que trop la souffrance, et ne vouait pus gouter a cette horreur.

Il était incapable d'y retourner malgré toute sa volonté, il ne pouvait plus se sauver, ni lui ni personne.

Il marcha droit vers lui, jusqu'à comprendre que plus aucun sol ne le portait, il n, y avait plus sous lui, que ce que son coeur aura toujours connu, le vide.

Le vent siffla à ses oreilles alors qu'il tombait, son cœur s'alourdissant à chaque instant, souffrant de connaitre encore cette impression de chute, en sachant qu'il n'y peut rien..

Il avait choisi de mettre fin à cette spirale de douleur, mais il savait que son acte laisserait une marque indélébile sur ceux qu'il avait aimés.

Si près du sol, il rêva d'une autre vie, heureuse et sereine.. mais c'est la un rêve, rien de plus qu'un rêve

Le corps de l'ange s'écrasa au sol.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire LatrodectuS ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0