Le sous-sol

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Dans un sous-sol, il y a un singe aux pommettes rosées,

Il compte.

Il vérifie ses données, calcule ses angles, il est à peu près sûr de réussir son coup.

Demain : petite virée dans les égouts.

Là bas il y a des discussions, des chants, de la boisson, en somme c'est toute la vie sociale qui ne se trouve pas dans le sous-sol.

Ses plans il les connait, il ne peut pas en faire part aux autres, mais ils savent bien qu'il mijote.

La dernière fois qu'il est allé aux égouts (était-ce l'année dernière ? était-ce hier ? le temps n'est plus très important, il s'agit d'éternités renouvellées voilà ce qu'il se dit), il y a eu beaucoup d'agitation !

C'est fatiguant de s'agiter, mais il faut bien, sans quoi on se perd, tout seul, dans son sous-sol, bêtement…

Alors il accepte, quel autre choix ? et il retourne à ses chiffres, sa data, ses possibilités.

Il y a longtemps il vivait là haut, sur la terre ferme, il regardait le ciel, et tout se passait comme si c'était la seule vie possible...

Sa première descente est arrivée par hasard, au gré d'une occasion trouble, lors d'une fête peut-être, ou d'un calvaire, mais enfin, sur la terre ferme, le calvaire est un caviar aux yeux des habitants de l'égout.

A ses yeux, pas grande différence, mais enfin ses yeux, ils sont dans ses calculs, c'est à dire loin du social et loin de l'agitation.

Des fois il se regarde, il se mire, il change souvent, il se reconnait parfois, il n'y comprend rien, quelle importance !

Il faut parler, écrire, calculer il faut surtout calculer, le reste, c'est du nécessaire fatiguant.

Demain, son coup réussira, il le sait, mais si près d'échapper au sous-sol, il pondère...

Il en connait qui, arrivés à son stade, se sont arrêtés, brusquement, satisfaits somme toute de leur condition.

Avec un peu de réflexion, il sait bien qu'il parle de lui, qu'il s'est déjà arrêté, maintes fois, peut-être que désormais il joue sa dernière cartouche...

La dernière, non pas qu'il ne pourrait s'en fournir d'autres, mais il est las, il n'y a plus rien à voir de nouveau ou d'intéressant aux égouts, ou pas assez.

En fait, peu lui importe, le temps c'est des éternités qui se renouvellent, et lui c'est un singe.

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