Chapitre 1 - Le Commencement
Lessien et moi nous promenions ensemble dans le village comme à notre habitude. Nous aimions finir notre escapade en nous arrêtant près du puit. Ce dernier se trouvait un peu en retrait des habitations, loin de la foule du marché et des voyageurs. Un parfait endroit pour profiter du beau temps et de la légère brise. Ce moment silencieux aidait à oublier les soucis avec les autres jeunes du village. Lessien ne me considérait pas comme un monstre, elle disait toujours :
- C’est parce que tu es différent que je t’aime grand frère !
Je pense que c’est elle la plus forte dans ce genre de situation. Lorsqu’on sortait, je n’étais jamais seul. Depuis que je suis arrivé dans leur vie, les autres habitants ne fréquentent plus mes parents. J’avais tout chamboulé. Eärendur, mon père et le forgeron du village, était un homme fort et respecté avant mon arrivée. Depuis ce jour, il reçut de moins en moins de clients. Il prétexta cette baisse de profit pour prétendre qu’il pouvait enfin se consacrer à sa famille comme il l’avait toujours voulu. Mais je savais qu’il aurait souhaité une meilleure situation. Ma mère était vendeuse dans la boulangerie de Luxania. Elle nous apportait toujours quelques pains invendus, ils étaient excellents. Même constat auprès de ses clients. Peu à peu, les sourires se transformèrent en méfiance. Mais Idril gardait toujours le sourire.
Nous vivions à Luxania, la capitale de la région du Luscannian au pied du Monts Yeann. C’était une ville resplendissante où l’on trouvait tout ce dont on avait besoin. Se présentant en longueur, continuant le dénivelé de la montagne par une grande et large route pavée allant du nord au sud. Une autre grande route pavée croisait celle-ci d’ouest en est. Au milieu du carrefour, un immense carré de marchands y prenait place. Idéalement positionné pour accoster les voyageurs et les inciter à acheter.
La plupart des maisons de la ville étaient en bois provenant de la forêt alentour. Principalement du chêne et du châtaignier, en lame de bois, en madrier ou encore en poutre.
Ce jour-là, ce fût l’évènement de trop. Je n’avais pas agi comme il l’aurait fallu... D’autres jeunes avec qui je n’avais aucune affection vinrent à nous.
- Les amis ! Vous voyez ce que je vois ? Le monstre blanc est de retour ! On va le chasser d’ici ! lança le chef de la bande.
Le chef de la bande était le fils du chef de la milice de Luxania. Comme on pourrait si attendre, il profitait du statut de son père pour être intouchable face aux autres. Il menaçait d’envoyer son père à quiconque refuserait ses requêtes.
Cette fois-là était la fois de trop. Accompagné par ses sbires, armé d’un morceau de bois et de pierres, ils nous ciblèrent ma sœur et moi. D’habitude, tout n’était que jurons et gestes inappropriés.
- J’ai hâte que mon père me félicite d’avoir chassé un monstre de la ville, disait-il.
Choqué par sa réaction, je ne pus esquiver la première vague de pierres. J’eus le temps de mettre mes mains devant moi pour protéger mon visage.
- Aïe !
Mais Lessien fût elle aussi touché.
- Les gars ! Apparemment cela ne suffit pas pour faire fuir le monstre ! Faut-il que je continue ? cria la brute.
- Oui ! Oui ! répondirent ses sbires.
Ils tirèrent une seconde vague de pierres. Mais je n’en pouvais plus. Jusque-là je ne faisais que subir, je me taisais pour ne pas avoir de problème, mais là, il fallait faire quelque chose. Lessien était prise dans cette galère et je ne pouvais plus le supporter.
Je me mis devant ma sœur pour éviter qu’elle ne soit touchée et tout en mettant mes mains en avant, je criais :
- LAISSEZ-NOUS !
En un instant, de l’eau jaillie du puits, flotta, se plaça rapidement devant moi en formant un bouclier et stoppa le tir. L’instant d’après, le bouclier se déplaça vers les assaillants et propulsa le chef de la bande quelques mètres plus loin. Ses sbires le relevèrent et partirent en courant, criant au monstre.
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