Chapitre 5 - Farhon
Le hameau se nommait Farhon d’où le nom du lac. Il se composait de quelques vieilles maisons en bois et de petits commerces. Juste assez pour permettre aux voyageurs de s’arrêter pour se reposer, profiter du lac et repartir avec les provisions nécessaires. Nous avancions en pleine nuit dans Farhon en cherchant une auberge.
— Les voilà capitaine, ceux sont eux deux qui nous ont attaqués pendant que nous nous promenions gentiment près du lac. Ceux sont des monstres.
C’était l‘un des bandits que nous avions rencontrés auparavant. Il était accompagné d’un vieux capitaine, barbe et cheveux gras, des boutons un peu partout sur le visage, puant l’alcool et sabre dégainé.
— Et bien ceux ne sont que des enfants là ! Il n’y a pas de quoi avoir peur.
— Mais capitaine ! Vous avez bien vu l’état de notre chef ? Je vous le jure ces enfants sont des démons !
Le fameux bandit glissa discrètement quelques pièces d’or dans la poche du capitaine. Peut-être pensait-il pouvoir corrompre un représentant de la loi.
— Des démons dites-vous ? Très bien jeunes gens, suivez-moi je vais vous emmener au poste. Je ne veux pas que vous fassiez du grabuge dans mon hameau. Je vais vous mettre en cellule pour la nuit.
— Quoi ?! Monsieur, ce qu’il s’est passé était de la légitime défense. Vous n’allez pas croire ce bandit ? Comme vous l’avez dit nous ne sommes que des enfants ? répondit Léonie tout en élevant la voix.
— Jeune fille. Celui qui fait la loi ici, c’est moi. Je n’ai pas de leçon à recevoir d’une fillette. Si vous êtes aussi innocent que ça, que faites-vous tous seuls sans adulte ? Allez ! C’est par ici que ça se passe ! Fit le capitaine en faisant des mouvements avec son sabre.
Ce fût plus fort que moi. Je voulus sortir mon épée de son fourreau, mais Léonie mit sa main.
— C’est bon Aeglos. Faisons ce qu’il dit.
Le capitaine nous indiqua la direction de son poste. Il ressemblait à un taudis. Des ronces avaient recouvert toute la façade. Après avoir vue l’extérieur, l’intérieur de la maison n’était pas vraiment une surprise. On pouvait apercevoir quelques trous au plafond. De la nourriture et des bouteilles d’alcool vides jonchaient le sol, laissant une odeur insupportable. D’un côté de la pièce, sur la droite, il y avait une grande cellule en fer pour y enfermer les criminels. La zone à l’intérieur était dépourvue de lumière mais on apercevait la silhouette d’une personne allongée sur un lit fabriqué avec de vulgaires planches de bois. La silhouette ne bougea pas d’un pouce lorsque nous sommes entrés dedans et on ne l’entendit pas respirer.
— Voilà, j’espère que ce séjour en cellule vous fera réfléchir sur votre comportement. Ne faites pas attention à l’autre là-bas, il n’en a plus pour très longtemps ici. Sa tête lui sera enlevée dès demain. En attendant, profitez bien pour vous reposer. Enfin si vous le pouvez hahaha !
Puis le capitaine repartit de la maison en claquant la porte et en nous laissant sans surveillance dans cette sombre maison. La nuit venait de tomber.
— Super ! Et maintenant on fait comment pour sortir d’ici ? Tu ne peux rien faire Aeglos ?
— Je ne vois pas comment je pourrais faire. Les barreaux ont l’air d’être très solide, je ne préfère pas risquer de casser mon épée en frappant avec. Et je ne vois pas comment utiliser l’eau pour nous faire sortir.
— Dites, vous deux ! Vous ne voulez pas faire un peu moins de bruit les tourtereaux ? J’essaie de dormir.
C’était l’homme allongé dans le coin de la cellule. Il était recroquevillé sur lui-même puis se retourna vers nous. C’était un adulte, peut-être la trentaine. Cheveux noirs ténèbres. Avec un tatouage tribal rouge sur la partie gauche du visage.
— Vous devriez en faire autant d’ailleurs, demain est une grosse journée.
— Et c’est vous qui dites ça alors que vous allez vous faire décapiter ? Vous ne voulez même pas essayer de vous enfuir ?
— J’aurais tout le temps et les possibilités de le faire demain avant mon exécution. Ou pendant même, cela pourrait être amusant.
Léonie fit les quatre cents pas dans la cellule, cherchant un moyen de s’échapper. Elle essaya d’utiliser son pouvoir et tenta de faire chauffer les barreaux.
— Impossible ! Sans feu je ne peux rien faire, chuchota Léonie.
— Tu n’en es pas encore capable jeune fille, mais ça va bientôt venir ne t’en fait pas. Je sens une grande puissance en toi, reprit l’homme.
— Qu’avez-vous dit ? Je ne vois pas de quoi vous parlez.
— Tu es une élémentaliste mademoiselle, je me trompe ? Ah ! Et ton petit copain aussi. Je le ressens comme-ci je pouvais le toucher. D’ailleurs vous devriez faire attention à ne pas trop vous faire remarquer.
— Elémentaliste ? Que voulez-vous dire par là ? m'étonnais-je.
— Oh ! Vous n’êtes pas au courant ? Je vais vous expliquer alors.
— Nous expliquer ? Qui êtes-vous d’abord ? demanda Léonie.
— Je m’appelle Boromir. Je suis chasseur de tête. Rassurez-vous je ne tue pas. Mon boulot consiste à trouver des jeunes élémentalistes comme vous deux et de les conduire jusqu’à Elament, l’école des élémentalistes. C’est là-bas que vous devez vous rendre pour apprendre à maîtriser votre don, pour votre bien et surtout celui des autres.
— Elament ? C’est donc là-bas que nous devons aller. Mais je n’ai jamais entendu parler d’une école qui s’appelait Elament. Comment vous croire ? le questionnai-je.
Boromir se leva tout doucement en grimaçant. Le lit n’avait pas l’air d’être très confortable. Puis il sortit une bague de sa poche.
— J’étais sur la route pour aller chercher une jeune fille pouvant contrôler le feu. Lona, Louny ou Lonie je ne sais plus. Elle semble vivre aux alentours du mont Yeann.
— Je m’appelle Léonie ! dit-elle d’un air agacé.
— Ah oui c’est ça ! Léonie ! C’est bien ce que je disais. Voilà pour toi. C’est une bague très particulière. Je te conseille de la mettre tout de suite et de la garder précieusement. Bien entendu ce n’est pas une demande en mariage, hein.
— Mer… Merci mais… En quoi est-elle si spéciale ?
— Si tu regardes bien, elle possède le symbole du feu. Elle te permet d’avoir une source de feu lorsque tu veux utiliser ton don. Il te suffit de le penser et le tour est joué.
Boromir se tourna ensuite vers moi et leva les bras en l’air.
— Désolé jeune loup, mais je n’en ai pas pour toi. Je ne savais pas qu’elle serait accompagnée de son petit ami.
— Hey ! Ce n’est pas mon petit ami. Nous sommes seulement des compagnons de voyage.
— Oui oui admettons.
Boromir se frotta les mains et dit :
— Bon ! Et bien puisque je viens d’accomplir la première partie de ma mission avec brio, nous allons pouvoir entamer la seconde partie à savoir se mettre en marche pour Elament. Je vais nous faire sortir d’ici. J’espère que vous n’êtes pas trop fatigués car cela risque de se corser un peu. Tenez-vous prêt à sortir et à me suivre.
Sortir ? Mais comment allait-il s’y prendre ? Il est pratiquement impossible de briser les barreaux de cette cellule.
— Ecartez-vous, s’il vous plait. Nous allons sortir par ici, affirma-t-il en se tournant vers le mur.
Il ferma les yeux, se mit de côté et arma son bras comme pour donner un coup de poing. S'il espère faire s’écrouler le mur en donnant un coup de poing, autant arrêter tout de suite.
Petit à petit, un tourbillon d’air se forma autour de lui. On pouvait le voir grâce à la poussière qui se soulevait du sol. Puis, il donna un grand coup de poing sans toucher le mur et provoqua un énorme courant d’air et faisant s’écrouler le mur.
— Par ici la sortie je vous prie.
Nous sortîmes de la cellule, et coururent en direction de l’est du hameau. Nous nous faufilâmes à travers les ruelles étroites en restant dans l’ombre. Soudain, le son d’une cloche raisonna dans Farhon.
— Les prisonniers se sont échappés ! Ne les laissez pas s’enfuir ! Cria un villageois qui découvrit le trou dans la cellule.
Comme l’avait prédit Boromir, il allait être difficile de s’échapper d’ici sans combattre. En arrivant aux portes du village, nous fûmes interceptés par le capitaine.
— Encerclez-les et tenez-les en joug !
Plus moyen de s’échapper maintenant. Nous étions tous les trois pris au piège.
— Accrochez-vous à moi les tourtereaux. La météo annonce une tempête.
— Une… Une tempête ? s’étonna Léonie.
Léonie et moi nous agrippâmes à Boromir de toutes nos forces. Au vue de ce qu’il avait fait dans la cellule, on n’osa pas imaginer ce qu’il pourrait faire maintenant. Comme tout à l’heure, un énorme tourbillon d’air se créa autour de nous. Puis le capitaine se montra et cria :
— Il prépare quelque chose ! Ne le laissez pas faire ! Attaquez ! Tuez-les s’il le faut !
Aussitôt, les archers tirèrent alors sur nous, puis les épéistes suivirent. Je fermai les yeux et espérai un miracle.
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