Silence
L'abîme de la sollitude m'a enveloppé tout à coup. Plus de note pour accompagner mon refrain, plus de pas pour suivre les miens, plus de frisson pour me tenir chaud. J'erre à présent sur une piste déserte qui n'a ni horizon ni âme. Les miens s'en sont allés, me clouant sur les genous, me soumettant à mes démons avec lesquels je renoue. Personne pour m'achever, personne pour me relever. Ni main tendue, ni poing serré, dans quel rêve me suis-je élevé, dans quelle gouffre vais-je sombrer ? Je suis un mot isolé, sans majuscule pour me présenter, sans point pour me retirer, mais avec le silence pour m'accompagner. Je suis une note, sans instrument pour me jouer, sans oreille pour m'écouter, mais avec le silence pour me dissimuler.
J'ai perdu mon ode enchantée, paroles envolées, coeur embaumé. Je n'ai plus de corps à l'ouvrage, d'élan pour m'émouvoir, de terme pour en finir. Bientôt je n'aurai plus d'esprit... Je ne sais plus quoi dire, quoi faire... Comme si je m'abandonnais après que l'on m'ai abandonné...
Comme exprimer le manque si l'on n'a plus ce qu'il nous faut ?
...
Que faire ?
...
Mais peut-être n'est-ce qu'un cauchemard !? Ma muse s'amuse à muser pour que je la désire encore plus !? Elle se tient là, en embuscade, prête à me rattrapper pour mieux m'agripper... Et je l'imagine encore dans mes mains, soumise à sa seule volonté, la mienne n'étant que le jouet de ses envies, les miennes n'étant que la volonté de ses mains. Je suis finalement l'instrument de ses désirs, les mots de ses plaisirs, la chair de son coeur et l'âme de son corps. Elle joue sur moi comme elle suit son inspiration, et quand elle romp la cadence, en moi résonne encore ses caresses...
(Syl06)
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