Pour une nuit
Mois de novembre. Froid et pluie.
Elle est seule avec un bébé de 8 mois et un petit garçon d'à peine 3 ans. Dehors ce soir.
Je ne compte plus les coups de fil pour dire et redire sa situation, pour pleurnicher un peu, pour tenter de convaincre, pour faire pression. Les structures d'accueil débordent, le service orienteur sature... je sais...
Vers 18 heures, je décroche une place en hébergement d'urgence, juste pour cette nuit.
Je lui note l'adresse, lui fais un plan de l'itinéraire pour trouver un arrêt de bus, lui donne des tickets. Elle rassemble ses sacs, habille son petit môme, emmitoufle le bébé dans la poussette et je lui ouvre la porte vitrée .
Elle me sourit comme jamais et n'arrête pas de me remercier. Je ne sais même pas si elle va trouver le foyer d'accueil.
Seule dans la salle d'attente, je me laisse tomber sur un fauteuil. Le service est désert et les bureaux éteints. Il y a des papiers de gâteaux au sol, des bouteilles d'eau vides, des chaises dérangées.
Avant de partir il me faut envoyer par mail une demande argumentée de mise à l'abri pour valider ma demande téléphonique. Femme seule avec deux enfants dans la rue. Je ne vois pas ce qu'il faut argumenter.
J'ai vraiment envie de chialer.
Une seule nuit putain, une seule nuit à l'abri...
Annotations
Versions