Qui perd gagne
de
Bouvaise
J’entends les pas qui martèlent le sol, puis monter l’étage ou je suis recroquevillé. Les longues jambes se profilent, fines, chaussées de cuir. Sa présence me coupe le souffle, manque de me faire vaciller. Il fait sombre à l’intérieur, c’est une chance car je connais ces murs. Les pas s’approchent un peu plus, il me faut fuir. Je dévale les escaliers, trébuche, me cogne sur les dernières marches, le sang gicle, ma tête résonne des cris qui me pourchassent. Je sens mon pied entravé, peut être bloqué dans l’un des nombreux trous, mais c’est elle qui me ramène, je suis fini.
Loin de tout, coincé entre la falaise et le bois, la maison d’un autre âge n’abrite personne depuis des lustres. Seul les jeunes comme André la connaissent et y trainent souvent. Mais de nuit, personne ne l’entendra où ne viendra. La pleine lune inonde cette nuit d’automne, témoin involontaire de la pièce qui se joue en dessous.
Je me débats comme un diable, lui laissant ma chaussure. Elle perd l’équilibre à son tour et bascule en arrière. Je me relève cours vers la fenêtre. Mon pied me fait horriblement mal, pas le temps pour la douleur. Je me jette contre la vitre et la brise de tout mon poids pour retomber dans les hautes herbes qui entourent la propriété. Je sens les bourrasques s’engouffrer sous mon blouson, il fait froid. La crosse d’un fusil s’abat sur mon visage, je hurle comme un chien, porte la main sur mon œil sanglant, injurie ma harceleuse. Le coup part immédiatement, éclatant mon genou droit. Je suis à sa merci, je me vois déjà mort.
Le deuxième coup brise le cœur de la nuit. Une fine pluie se met à tomber que le vent chasse de plus en plus fort au fils des minutes. Le silence devient roi dans ce décor de bout du monde, baigné des lueurs de l’astre lunaire.
Le coup fût mortel, son corps gît à côté de moi. Je vois son visage abimé par l’impact et les larmes coulent sur mon visage meurtrit. Comment ai-je réussi à survivre, ma vision se trouble, je sombre. Dans cette chambre d’hôpital je souffre le martyr, ma tête me fait mal. Impossible de remettre tous les morceaux du puzzle, de me rappeler comment tout a commencer. On me dit qu’elle s’est suicidée, mais j’étais à sa portée sans défense, pourquoi à t-elle flanchée si près du but.
Je sais juste que ce jeu était stupide, elle m’aimait trop pour s’y prêter.Table des matières
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Qui perd gagne | Chapitre | 2 messages | 9 ans |
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