57. Retournement

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Je ne pouvais plus faire marche arrière à présent. Il fallait que mon plan fonctionne sinon G et moi allions y passer. Je devais faire vite.

— Je ne vous ferais aucun mal si vous promettez de laisser ma sœur en dehors de tout ça, énonçai-je en éloignant légèrement le couteau de la gorge du président.
— Je...Oui, d'accord.
— J'imagine que vous aviez une famille, vous devez savoir ce que c'est. Ce sentiment d'être capable de tout risquer pour protéger quelqu'un.

Son regard parût lointain quelques instants. Il devait repenser à ses proches. Sans doute morts à présent mais ça montrait qu'il avait tout de même un semblant de cœur au fond.

— Aussi je refuse de me sacrifier, annonçai-je posément.

Il se tourna vers moi, un peu plus confiant. Je m'assis sur le bureau, la dague toujours à la main.

— À vous de m'écouter. Je peux laisser votre sœur tranquille puisqu'elle n'a pas été diagnostiquée comme immunisée par mes scientifiques mais je ne peux pas non plus vous laisser repartir. Je dois penser au bien commun. Les gens méritent ce remède. Ma famille n'est peut être plus là mais la population de ce pays mérite de l'espoir. Je ne peux pas leur retirer car vous voulez vous la couler douce avec votre sœur ! Vous devez aider vos concitoyens ! Le monde ! Un remède, un vaccin, peut importe ce qu'ils comptent faire, cela protégera les gens, les empêchera de devenir ces abominations !

C'était un beau discours. Et j'étais d'accord avec lui dans l'ensemble. Ce serait beau de pouvoir sauver tout le monde. D'empêcher les zombies de transformer les gens. De leur épargner cette souffrance. Mais le monde est cruel. Encore plus aujourd'hui. Rien ne se passe comme prévu. Et généralement, ça devient vite le bordel. Ces derniers mois le prouvent. Et je venais de retrouver G. On venait de s'installer. On commençait à retrouver de l'espoir comme il disait. Je n'allais pas jeter tout ça au feu. Je n'allais pas me sacrifier pour le bien commun. Oui c'était égoïste. Et alors ? On l'est tous non ?

— Vous devez le faire ! insista-t-il.
— Je ne veux pas mourir ! Vos scientifiques m'ont promis que j'aiderai les gens et au final, leur sérum m'a pris un ami ! Lui aussi avait de l'espoir ! Il souriait même quand ce putain de bouffeur de cerveau l'a entaillé ! Il y croyait ! Et quoi ? Il en est mort ! L'espoir l'a tué !
— Tant qu'il est possible, il faut réessayer, vous ne croyez pas ?
— Je refuse de mourir pour faire un sérum qui ne marchera peut être jamais... Ne suis-je pas non plus l'une de vos concitoyennes ? N'ai-je pas le droit à de l'espoir moi aussi ?

Il parut ébranlé que je lui retourne son propre discours à la figure. Je n'avais pas prévu ça. Je m'étais dit que je le menacerai jusqu'à ce qu'il accepte de nous laisser tranquille. Je ne pensais pas m'aventurer dans un telle situation larmoyante sur l'espoir.

— Alors trouvons un terrain d'entente, proposa Briggs.

Quoi ? Ça avait vraiment marché ? Je n'y aurais jamais cru si on me l'avait dit avant cette entrevue. Il n'en fallait pas plus pour que je saute sur l'occasion. Trouver un terrain commun nous permettrait de nous en sortir et de pouvoir vivre ensemble avec Gretha et les autres, et c'était tout ce que je pouvais souhaiter pour le moment.

— Je vous propose de faire des prélèvements une fois par mois. Du moment que ce n'est pas trop extrême comme me prendre un bout de cerveau. Et que ça ne gêne pas ma vie quotidienne. En échange, ma sœur, mon groupe et moi obtenons une sorte de statut d'immunité diplomatique. Plus de kidnapping sur notre camp par des soldats armés. Je viendrais de moi-même pour voir vos foutus scientifiques et je devrais repartir dans les vingt-quatre heures qui suivent. Entendu ?

Il sembla réfléchir un moment. Je pensais m'être montrée assez large. J'étais passée de rien du tout à un prélèvement par mois. Finalement il hocha la tête et nous nous serrâmes la main. J'eus à peine le temps de remettre ma dague dans ma botte que les soldats entrèrent avec G. Elle ne semblait pas avoir été malmenée. Nonchalamment, Briggs porta un mouchoir sorti de sa poche à son cou pour essuyer le sang de l'entaille.

— Soldats, un changement de plan a eu lieu. Escortez ces demoiselles à leur campement. Avec les plus grands égards. Je prendrai contact directement avec elles par radio pour la suite des événements.

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