Avant elle
J'ai donc sauté une classe. Première adaptation à des élèves qui déjà, différaient de moi. Les 2001; plus grands en taille, et en âge, ils m'intimidaient que très peu, ce qui avait le don de les énerver. Heureusement, la gentillesse est une de ces qualités qui peut sauver. J'étais gentille, je l'ai toujours été, je détestais et déteste l'injustice donc les mis à l'écart étaient toujours dans mon clan. J'avais cette faculté de réunir des gens qui se détestaient et de les faire devenir les meilleurs amis du monde. Parfois c'était juste une méconnaissance de l'autre qui amenait cette haine.
Je me suis très vite fait à cette nouvelle vie. J'aimais l'école, j'avais des amis et j'aimais ma maîtresse. J'ai toujours eu une proportion à obtenir des meilleures notes lorsque je sentais de la fierté dans les yeux de mes professeurs, lorsque j'avais l'impression de leur faire plaisir.
Encore aujourd'hui je fonctionne beaucoup pour le bonheur d'autrui. Leur plaisir passe avant le mien et cela m'a joué beaucoup de tours.
Jusqu'en CE1, j'avais somme toute une vie chargée avec mes multiples activités extrascolaires mais la vie allait pour le mieux. Le premier changement fut lorsque j'ai dû changer d'école. Dire que je ne l'avais pas vu venir serait mentir. J'observais énormément, ma mère alors institutrice dans la même école subissait un harcèlement de la part d'une de ses collègues et personne n'osait agir dans toute l'équipe pédagogique. Je voyais ma mère triste. À ce moment, je me suis rendue compte pour la première fois de la fragilité émotionnelle de ma mère. Et c'est au fil du temps que je découvris son histoire qui revenait régulièrement sur la table.
Ma mère n'était pas une enfant désirée et avait été détronnée de son rôle de fille au profit d'un frère arrivé plus tard et lui, désiré. Ses parents, des adolescents trop jeunes avaient fait la bêtise de le faire à un bal, les forçant à rompre leur fiançailles pour se marier et éviter la venue d'une bâtarde. La fibre maternelle de ma grand mère ne s'est jamais développée provoquant de multiples traumatismes chez ma mère. A sept ans, elle perdait ses cheveux à cause du stress. La seule vraie mère qu'elle ait connue, fut sa grand-mère paternelle qui mourut à ses douze ans.
C'est à cette période que je me suis promis de m'en sortir seule, de ne pas pleurer des décisions, de cacher mes malheurs insignifiants qui pourraient lui causer de la peine. C'est à cette période que j'ai commencé à protéger ma mère.
La décision d'aller dans une nouvelle école en m'emmenant avec elle fut prise. Je changeai donc d'école, de camarades, d'amis. Mais j'étais courageuse, les premiers mois furent difficiles, je ne croulais pas sous les demandes d'amis, je passais mon temps seule sur un banc.
Mais j'ai très vite donné le change, si mon caractère plutôt calme (même si énergique) de petite fille modèle ne plaisait pas plus que ça, il fallait que je me rende indispensable. Je devais être celle du groupe sans qui les récréations sont tout de suite moroses. J'allais devenir le petit clown. Avec mon tempéramment à 100 à l'heure, il fut facile pour moi de donner le change, je devenais une toute nouvelle petite fille, garçon manqué toujours décoiffée qui joue au foot avec les garçons et celle qui protège les filles. Car oui, j'étais devenue les gros bras, pratiquant le judo et ayant pris du poids je faisais partie des plus fortes , des plus forts. Je battais les garçons sans soucis.
Pour revenir au poids, peut-être le seul point négatif à ces multiples adaptations, mon corps en prenait, j'étais désormais en surpoids alors que je pratiquais presque 10h par semaine de sport. Le problème ne venait pas de l'alimentation, mais des quantités. Je me sentais vide, je n'étais pas sure de moi et pour me protéger je m'entourais d'un mur de nourriture. Heureusement, la sécurité est vite revenue, mais depuis ce jour mon poids est devenu mon pire ennemi.
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