Histoire de chats
Une heure plus tard, lorsque Roland descendit, un Mir narquois lui lança :
« Agréable réveil ?
– Qu’est-ce qu’il raconte, celui-là, aucun bruit n’a été fait sur cette terrasse ? Vous voulez dire à partir du moment où vous avez cessé vos ébats, avec votre harem ?
– Non, non, Roland, je ne parlais pas de “mes” ébats… Tu ne crois pas qu’il est temps de se tutoyer ?
– Pourquoi pas ? D’autant qu’il y a belle lurette que tu tutoies tout le monde ! »
Silaid, arriva à ce niveau, suivie de Gaël.
« Bonjour ! Prêts au départ, leur lança-t-elle ?
– Bonjour ! bailla Roland.
– Bonjour ! Silaid, Gaël, avez-vous bien dormi ? Comme tu peux le constater, Silaid, nos amis eux dorment encore, ils n’ont pas récupéré de leurs quarante-huit heures de marche ! Ha ! Oui, avec Roland, nous sommes convenus de tous nous tutoyer.
– Je vois que tu as la santé, mais il était peut-être inutile de les mettre dans cet état ? railla Roland.
– Indispensable ? Non, mais tellement… bon ! N’est-ce pas ?
– Roland, es-tu d’accord pour leur accorder jusqu’à dix heures ? Et toi, Gaël ? Mir, nous ne pourrons attendre plus longtemps ! »
Les deux premiers acquiescèrent.
« Merci pour eux, je vais en exploration si personne n’y voit d’inconvénient ? »
Silaid et Roland approuvèrent.
« Je peux venir ?
– Non, Gaël, je t’aime beaucoup trop pour te mettre en grand danger, alors reste dans la tour !
– Mais…
– Mir, à raison, confirma Silaid !
– D’accord ! D’ailleurs, je vais aller jouer une demi-heure pour rassembler les bestioles, conclut Roland.
– Je t’accompagne pour veiller sur ta sécurité, Gaël monte sur la terrasse et observe les mouvements des monstres. »
Silaid et Roland marchèrent une heure avant d’apercevoir les canards-zombies. Roland s’assit et commença à souffler dans l’oo’lu, pendant que Silaid patrouillait sur les côtés et sur leurs arrières, afin de s’assurer qu’aucun palmipède dentu ne prendrait son compagnon par surprise. Après une demi-heure, ils se mirent en route. La masse, se dandinant dans le clac, clac, clac des becs armés de dents, suivait Roland, qui interprétait toujours l’abattoir. Il était neuf heures trente, lorsque Silaid, qui avait distancé Roland d’une dizaine de minutes, entra dans la tour. Shirley, Kay et Nibs étaient debout et prêts au départ. Gaël était en grande conversation avec Mir, lui expliquant que de la terrasse, il avait vu Miou détruire des canards morts-vivants ; que Miou était un chat, avec qui il s’était lié au poney fringant ; que personne ne voulait le croire, mais qu’il était certain qu’il s’agissait de Miou. Mir l’assura qu’il ne doutait pas de lui, et était persuadé qu’il avait raison.
Au moment du départ, Mir fit fort pertinemment remarquer qu’il était inenvisageable de faire traverser Mediatika, aux monstres qu’ils guidaient. Ils mirent donc le cap à l’est, afin de passer hors de vue de la cité. Ils n’eurent ainsi jamais connaissance de la mystérieuse disparition, qui agitait toute la ville. La veille, tous les hommes de la garnison furent occupés à éteindre un incendie, déclenché par un chat maladroit, qui avait renversé le brasier d’un marchand de grillades. Ce n’est qu’après avoir circonscrit le sinistre, regagnant leur poste, à la porte du sud, que les gardes demeurèrent ébahis, devant l’inexplicable absence de la tour droite, dont il ne restait étrangement qu’un escalier montant à un étage inexistant.
Le ka-tet marcha quarante heures avant de trouver un nouveau refuge. Mir continuait ses reconnaissances, afin d’éviter les habitations isolées. Nibs, Gaël, Kay et Shirley cueillaient, ils chassaient le gibier à poil, remplissaient les gourdes aux points d’eau ; ils tiraient ou occupaient, alternativement, le travois. Silaid veillait à la sécurité de Roland.
Le ka-tet entra dans la forêt, la progression de la harde de canards-zombies en fut passablement ralentie. Arrivé à cent toises de la clairière, sise à moins d’une heure de marche de la sente du fol, Roland cessa de jouer. Devant la chaumière, ayant contenu “Le Grimoire”, Mir refusa absolument d’y pénétrer, il proposa, ou plus exactement persuada (le tout-puissant sait par quels moyens) ses compagnons de rejoindre le temple récemment apparu dans les environs.
Alors que le reste du ka-tet suivait Mir, Roland s’attarda. Il grimpa le long de l’échelle posée contre le pignon de la maisonnette, entra dans le grenier. Il observa attentivement les lieux, pas de grimoire, pas de chatte noire, mais venant de nulle part un chat d’un blanc immaculé se dirigea vers lui, lui communiquant :
« Te souviens-tu de moi ? Tu m’as fait me regarder dans un morceau de verre-dragon noir !
– Oui, je me souviens de toi. Ta mère t’avait utilisé pour démontrer l’innocuité de “Le Grimoire”. Et d’ailleurs, où est-elle ta mère, si elle est ta mère, bien sûr ?
– C’est bien ma mère, elle est sortie, elle recherche un impudent qui a eu l’audace de s’établir sur notre territoire. Je la saluerais pour toi.
– Fais comme cela ! »
Roland quitta le grenier et allongeant le pas, rejoignit le ka-tet.
***
« Merlin, croyez-vous qu’il soit raisonnable pour Roland Silaid et les autres de s’installer dans le temple de Bastet ?
– Qui sait disciple, qui sait ?
– Dites Merlin, c’est normal tous ces trois ?
– De quels “trois” parles-tu ?
– Ben, c’est la troisième session du MOOC. Il y a dans cet atelier d’écriture trois personnages féminins dont les noms sont liés : Silaid, Cybelle et Sébyle. Une aventure a pour titre “La troisième Quête”. Dans l'oeuvre “Silaid en Fantasy”, il y a trois personnages qui dissimulent leurs regards. Et peu s’en faut que trois histoires n’aient été développées dans cet atelier.
– Pourquoi “peu s’en faut” ?
– Ben ! Parce que RosenDero a écrit un chapitre et n’a pas continué.
– Je comprends ! Néanmoins, cherche bien, et peut-être trouveras-tu ta troisième histoire.
– Heu ! Et ma réponse ?
– Coïncidence ? Magie ? Là encore, disciple, cherche bien et tu trouveras la réponse. »
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