Je t'aime un peu...
Hier encore, je pensais que ma vie se limiterait au simple reflet que me renvoyait le psyché jour après jour. Aujourd’hui je ne vois plus que l’ombre de moi-même. Je vis dans un palais doré sans amour, ni haine. Tel un bel objet posé là, je brille par la beauté que mère nature m’avait pourvue dès ma naissance.
Tu es là assise à la même place depuis des mois, tu ne me regardes plus, ne me parle plus. Ton absence me pèse bien autant que la sienne. Tu m’as abandonnée à mon propre désespoir. Comment faire pour que tu reviennes auprès de moi et remplir l’espace vide que tu as laissé ?
La brosse dans mes mains, inlassablement je la caresse, elle a encore le doux parfum de ta tignasse blonde. Hier encore, je pouvais te serrer dans mes bras, ta tête posée sur mes genoux, mes doigts caressant tes cheveux si longs, si doux. Il t’arrivait de t’endormir ainsi et moi j’étais rassurée par ton souffle chaud qui se déposait sur moi.
Tu ne sais pas combien de fois, tu aurais pu m’envoyer un geste d’espoir et ainsi tu aurais soulagé ma peine. Tu ne comprends pas que je souffre tout autant que toi. Tu m’as abandonnée en même temps que ses petits yeux qui se sont fermés pour la dernière fois. Ton regard me manque, autant que le sien. Tes yeux n’ont plus de larmes. Ton cœur semble être tari.
Je ne peux quitter le bouquet posé sur la commode, les fleurs ne sont pas fanées, elles ont simplement séché. Je me souviens très bien le jour où tu me les as offertes, le sourire sur ton visage, tes petites lèvres rosies par la fraicheur du printemps. Je n’oublierai jamais, ton teint de porcelaine, tu ressemblais à ces poupées que les filles s’arrachaient pour noël.
Tu sembles figée, statue dans un musée, exposée au regard sans jamais pouvoir s’exprimer. Ta beauté, je dois me contenter. Tu es si belle que je ne peux qu’espérer à nouveau te retrouver. Ton corps s’est un peu affiné, tu te nourris comme un oiselet. Tes rondeurs sont toujours dessinées, tu me fais toujours autant rêver. Tu ne sais pas à quoi je pourrai m’abaisser pour pouvoir venir poser mes mains sur toi.
Je sens ta présence, j’entends ton souffle, tes petits pieds nus courant sur le plancher. Où es-tu ? Pourquoi ne me réponds-tu pas ? Je recherche autour de moi, seul le miroir me raccroche encore à cette sombre réalité. Je manque d’air, j’étouffe, je me noie. Je ne ressens plus rien, je suis une coque vide, à qui on a volé la perle qu’elle protégeait. Je voudrai faire autrement je n’y arrive pas.
Tu es vraiment l’amour de ma vie, tu le sais et pourtant tu m’as oublié. Tu ne veux pas voir en moi ce qui pourrait te rappeler son souvenir. Tu es hantée par des fantômes, tes nuits sont agitées de cauchemars, tu l’appelles désespérément. Tes mots sont durs, tes reproches tout autant et pourtant tu ne peux savoir comme ils me font du bien. Tu me parles là où le reste du temps tu m’ignores.
Aujourd’hui, je me regarde enfin dans le miroir, je ne te perçois plus à mes côtés. Je veux seulement garder ton souvenir en moi tout prêt de mon cœur. Aujourd’hui dans le miroir, je vois l’homme qui est dans ma vie et que j’ai tellement laissé de côté. Je l’aperçois, debout derrière moi, il attend que je lui envoie un signe. Je sais que sa patience, son amour je les ai malmenés. J’ouvre mes yeux, mon cœur, je ne veux pas le perdre lui aussi.
Tu me souris pour la première fois depuis des mois, tes yeux sont embués, une larme coule sur ta joue. Ton corps tremble, tu revis. Tes mains ont lâché la brosse, qui tombe à tes pieds sans un bruit. Tes doigts saisissent les roses, tu les effeuilles une à une.
Je t’aime un peu ma fille que je chérissais,
Beaucoup plus aujourd’hui que j’ai dû te laisser,
Passionnément nos vies tu as comblées.
À la folie, je ne peux pas, cela me détruirait.
Pas du tout, ton père je ne pourrai pas laisser.
Tu m’aimes un peu plus chaque jour
Beaucoup de temps tu m’accorderas
Passionnément tu m’accompagneras.
À la folie, tu ne te résigneras pas.
Pas du tout, la vie nous séparera.
Attrape rêve
Défi Au départ, il y eut une oeuvre de Assow
Le défi est simple : choisir une peinture et écrire un texte à partir de celle-ci.
Pour cet exercice que j'ai déjà réalisé par le passé mais que je souhaite reprendre, l'oeuvre était : La fille à la fenêtre de Dali.
Elle était accompagnée de cette consigne :
"Dans la tete de la jeune femme (1ere personne), elle pense devant sa fenetre et son mari arrivant la découvre telle que nous la voyons. (3ème personne, il parle d'elle via le "Tu")"
Vous êtes libre de conserver ce point de départ ou de choisir une autre oeuvre.
Au plaisir de vous lire !
Femme à sa toilette de Berthe Morisot
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