Un tendre souvenir
Avec le temps les images deviennent floues, et pourtant comment oublier tous ces tendres moments partagés avec cette femme qui a tant compté pour moi et qui m'a quittée bien trop tôt.
Je me souviens de ces vacances passées à ses côtes. Il me tardait tant de la retrouver et souffrait tout autant quand mes parents venaient me chercher. Elle a gâté mon enfance et mon adolescence. J'étais sa petite poupée, couturière à ses heures, elle me confectionnait des tenues que j'aimais tant porter. Je pouvais dire fièrement à mes amies que c'était ma mamie qui les avait cousues. Elle était ma fée et moi j’étais sa Cendrillon. Elle transformait mes journées avec tant de facilités. Nous profitons l'une de l'autre, rien ne pouvait nous perturber.
Le souvenir qui me revient et me fait sourire instantanément, est celui de cette attention particulière qu'elle me réservait pour mon anniversaire. Quelle chance d'être née en juillet. Doucement je la réveillais, je me blottissais au chaud près d'elle pour un câlin, une histoire, juste le plaisir de sentir son parfum.
Et là les vingt juillet, c'était différent. Elle se levait plus tôt, descendait dans son jardin au pied de sa grande maison familiale, elle cueillait une rose qu'elle s'empressait de déposer dans un joli vase sur la table, sur un napperon qu’elle avait brodé de ses mains. Elle me préparait un merveilleux petit déjeuner avec des douceurs que j'aimais tant. Alors j'entrais dans la pièce, pieds nus, les cheveux légèrement ébouriffés malgré le soin qu'elle avait pris à les tresser la veille.
Mon regard s'illuminait devant cette belle découverte, les années se succédaient et j’attendais ce jour avec la même impatience. Ce matin-là, un petit paquet s'était ajouté à la rose, décoré du joli papier fleuri qu'elle appréciait tant. Je le saisis délicatement et prenait tout mon temps pour dévoiler ce qu'il cachait. Une petite poupée de porcelaine avec deux grands yeux bleus m'observait. Une larme coula sur ma joue, je la pris dans mes bras, la serrant fort et me précipita dans ceux de ma mamie.
Cette journée était encore plus exceptionnelle que les autres à mes yeux, souvent elle s’agrémentait d’une balade dans la garrigue, au chant des cigales, j’aurais pu penser qu’elles aussi se joignaient à la fête et m’entonnaient à leur manière un joyeux anniversaire. Nous flânions main dans la main le long des rangs des vignes, où nous retrouvions mon grand-père qui vaquait à leur entretien, prenant soin de ce cépage qu’il affectionnait tant.
Sous ce ciel bleu profond, avec ma chienne Belle qui nous accompagnait, nous refaisions le monde, elle me racontait ce qu’elle aurait voulu pouvoir faire, ces rêves qu’elles ne pourraient jamais réaliser. Il n’y avait jamais de regrets dans sa bouche, elle me garantissait qu’elle était heureuse de la vie qu’elle avait eu jusqu’à présent. Elle la remerciait tout autant que la mienne fut épargnée quand à quatre ans, je dus subir une lourde opération au cœur. Si finalement c’était pour cela qu’elle me protégeait tant.
Puis nous terminions toujours, pas rejoindre mon arrière-grand-mère qui vivait avec eux. C’était un autre temps, celui où on prenait grand soin de ses ainés. Nous préparions à six mains le repas du soir, j’ai appris tant de choses avec elles. Comment oublier le gâteau d’anniversaire qu’elles prenaient tant de soin à me préparer avec des petits beurres trempés dans un café fort et accompagnés d’une crème au chocolat. Aujourd’hui, je le prépare à mes deux garçons avec la même application et qui sait un jour je le partagerai à mon tour avec mes petits-enfants.
Pour terminer cette journée, comme chaque soir, nous nous installions sur la terrasse au frais, admirant les étoiles, observant la voie lactée ou attendant avec impatience une étoile filante. Après avoir bu notre tisane à la verveine, que nous récoltions au cours de nos excursions, nous rentrions. Alors, elle venait s’assoir à côté de mon lit. Nous commencions par réciter en cœur « un notre père » qu’elle m’avait appris juste comme ça. Elle ne voulait en aucun cas m’obliger à suivre une quelconque religion. Elle me caressait la tête, tout doucement je m’endormais, comblée par cette belle journée et impatiente de partager le même bonheur le jour suivant.
Cet amour qui nous unissait l'une et l'autre, était sans nul autre pareil, elle était toute ma vie et quand j'ai dû la laisser partir, mon cœur s'est brisé. À qui pourrai-je à nouveau me confier, combien de fois j'aurai voulu lui parler juste pour lui raconter ma vie, juste pour un dernier baiser sur ma joue. Elle est partie sans que je n’aie pu seulement pu lui dire au revoir et que je l’aimais tant.
Aujourd’hui en écrivant ces quelques mots, tant de souvenirs remontent en moi. Ils sont bien toujours là dans un coin de ma tête et resteront pour toujours dans un petit coin de mon cœur. J’aurais tellement d’autres souvenirs à raconter, peut-être une autre fois. En attendant quand je vois mes fils grandir, je souris. Elle m’a appris la bienveillance, la chaleur d’un câlin, l’écoute, le partage et surtout l’amour. Tout ceci est ancrée en moi.
Mon jardin est agrémenté de roses au doux parfum, de verveines, de thym, de romarin, et de raisins. Toutes ces fragrances ont bercé mes vacances. Des odeurs de brioche, de pain, de petits plats en sauce agrémentent nos repas. Et avant tout, je suis une maman câline, bisous, aimante, réminiscences de mon enfance où je fus tant choyée par ma mamie.
Merci Brioche, pour ce défi.
Attrape rêve
Défi Redevenez gamin de Brioche :
Si vous songez un instant à votre enfance, y a-t-il des images qui vous reviennent toujours ? Que ce soit banale ou étrange, revisitez un de ces "monuments" de votre enfance. Vous pouvez choisir l'enfant comme narrateur ou bien la troisième personne
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