Il y a un monstre sous mon lit. Maman et papa ne veulent pas me croire mais je le sais, il y a un monstre sous mon lit. Je ne l'ai jamais vu mais je sais qu'il existe. Je ne l'ai jamais entendu, ni touché mais je sais qu'il est réel. 

Un jour, j'ai demandé aux autres enfants s'ils avaient un monstre sous leur lit. Ils ont ri. Ils ont dit que les monstres, ça n'existaient pas et ils sont partis. Après ça ils se moquaient tout le temps de moi. Puis ils ont oublié ma question. Je n'ai plus osé en parler.

Il y a un monstre sous mon lit et personne ne me croit. Je sais qu'il est est là, je le sens au plus profond de moi mais personne ne me croit. Je ne l'ai jamais vu, jamais entendu mais je sais qu'il est gentil. C'est un bon monstre, j'en suis certain. De toute façon, un monstre qui vit sous mon lit est forcément gentil, non ?

Je ne sais pas à quoi il ressemble, mais je l'imagine avec plein de poils et de grands yeux tous ronds. Je pense qu'il a aussi de longs bras musclés et des jambes puissantes. Il doit avoir des mains avec des griffes et des pieds palmés qui ressemblent à des mains. Ses oreilles sont comme celles d'un chat et ses crocs sont pointus, sa queue est longue et souple, elle aime bien s'enrouler autour des pieds de mon lit. Et il a un sourire jusqu'aux oreilles.

Mon monstre est beau : il est de plein de couleurs différentes, semble fait à partir de plusieurs animaux et ressemble à une grosse peluche poilue. J'aimerais bien le serrer dans mes bras, mais il reste caché sous mon lit. Je ne l'ai jamais rencontré mais je sais qu'il me protège des mauvais rêves et des méchantes personnes qui viennent enlever les enfants la nuit ou leur faire des trucs bizarres. Je le sais parce que depuis qu'il est là, je ne fais plus de cauchemars et parce que personne n'entre jamais dans ma chambre la nuit. Je suis sûr qu'il fait peur aux mauvaises personnes et aux méchants rêves.

Mais je crois qu'il a peur de moi et que c'est pour ça qu'il ne veut pas sortir de dessous mon lit, il doit croire que je vais lui faire du mal, ou pire, le manger. Je voudrais lui montrer que ce n'est pas vrai et que moi aussi je suis gentil, comme lui. Il va falloir que je réussisse à l'apprivoiser, comme ça il acceptera peut-être de sortir de sous le lit et de jouer avec moi. Comme ça, j'aurais enfin un ami. Un ami rien qu'à moi.

Je t'en prie, monstre, sors de sous mon lit et viens jouer avec moi. En échange, je te donnerai un nom.