Chapitre 5
Des semaines s’écoulèrent. Albéric vint régulièrement au palais culbuter Dahut qui ne cessait d’en redemander. Rarement, un amant lui avait autant plu. Elle avait même délaissé la plupart des autres.
Outre ses prouesses en chambre, le druide avait une conversation agréable et partageait nombre de ses convictions. La princesse avait l’impression d’avoir enfin trouvé son âme sœur après plusieurs centaines d’années. Pourtant, elle savait que ces dernières étaient réservées aux Faes. Et qu’en tant que métisse, une telle chose n’existait pas.
Toujours est-il qu’elle faisait découvrir ses terres à Albéric lors de longues promenades. Il connaissait certainement chaque bosquet d’arbres de l’île, songea-t-elle en souriant, une chaude moiteur se propageant le long de ses jambes.
— À quoi pensez-vous, majesté ? la questionna-t-il.
Un rictus malicieux se dessina sur les lèvres de la princesse.
— Je ne nécessite pas plus de réponse, ricana-t-il en effleurant la peau de sa joue.
Le vent provenant de l’océan faisait virevolter ses boucles brunes. Adossé au mur épais de la digue, Albéric glissa sa main le long de sa gorge devenant languissante.
Dahut frémit. Habituellement, elle se lassait de ses amants, ayant l’impression de tourner en rond. Avec Albéric, elle avait cette sensation que chaque fois, elle le découvrait.
Elle se nicha entre ses cuisses fuselées et respira son odeur typique d’herbes aromatiques. La fraicheur de la saison sombre s’était installée et lui offrait l’occasion de se blottir contre lui. Un hennissement quémandeur retentit au bas des digues.
Dahut jeta un coup do'œil désolé à Morvar'ch. Elle n’avait pas eu beaucoup de temps à partager avec l’étalon et celui-ci réclamait son attention.
Les doigts d’Albéric glissèrent sous son corsage pétrissant sa poitrine. Dahut plongea dans son regard avide. La fraicheur de l’air remplacée par une vague de chaleur. Morvar'ch gémit de nouveau, mais la princesse l’ignora, captivée par les caresses prodiguées et la verge tendue qu’elle sentait au travers de ses robes.
— Je voudrais que chaque jour de ma vie soit pareil à aujourd’hui, déclara Albéric.
Dahut rosit de plaisir.
— Moi de même.
Elle s’adossa au mur de la digue et baissa les culottes du druide afin d’accéder à son sexe. Lorsque celui-ci fut libéré, elle s’accrocha au cou d’Albéric et descendit dessus. Quand ils eurent joui en même temps, son amant lâcha :
— Faire l’amour avec toi est magique.
Dahut eut un rictus malicieux.
— Tu veux voir quelque chose de vraiment magique ?
Il acquiesça.
— Regarde bien !
D’un mouvement fluide, elle retira le reste de ses robes et lui confia. Puis, frissonnante, elle grimpa sur le mur et plongea dans l’océan en contrebas.
Le froid glacial de l’eau la saisit, sa respiration se figea. Elle se concentra alors sur son noyau magique situé au niveau de son cou et sourit quand elle sentit son corps de transformer.
D’un geste, elle appela Albéric et lui désigna la longue queue aux écailles noires et écarlates qui remplaçait ses jambes.
— Je suis magique ! cria-t-elle.
— Et folle ! Tu vas attraper la mort !
Elle haussa les épaules. Une fois transformée, elle résistait aux températures extrêmes. Elle savoura cette sensation de sérénité qui l’emplit. Se propulsant avec aisance jusqu’à la digue, elle jeta un dernier regard à sa nageoire avant de saisir les barreaux d’échelle soudés dans la muraille.
Elle revint à la hauteur d’Albéric qui eut un sourire gourmand en la voyant apparaitre. Ses ardeurs calmées par le vent glacial, Dahut enfila prestement ses vêtements.
— Tu me laisseras te toucher ainsi ? demanda-t-il avec hésitation.
— Ce soir, dans mes appartements, promit-elle.
Jamais elle n’avait dévoilé cette forme à un mortel. Morvar'ch hennit du bas des druides.
— Allons nous réchauffer au palais !
Lorsqu’Albéric grimpa sur son dos, l’étalon piaffa.
— Arrête, voyons ! Tu es pire qu’un enfant qui doit partager un jouet ! le sermonna la princesse.
Le cheval lui envoya une vision d’eux deux galopant seuls sur Ys.
— Nous le ferons encore. Il est jaloux, c’est tout, expliqua-t-elle.
Le druide haussa les épaules.
— Je peux comprendre. Moi aussi, je n’apprécierais pas trop de te partager…
Le dos de Dahut se tendit.
— Je n’ai pas renoncé à prendre d’autres amants…
— Je sais, mais pour l’instant tu n’en prends pas, n’est-ce pas ?
Elle hocha la tête.
— Tant que je te comblerai…
***
Dans l’intimité de sa chambre, à l’abri des regards indiscrets, Dahut transforma ses jambes pour Albéric. Les yeux de ce dernier admirèrent les écailles qui renvoyaient la lumière des flammes dans la cheminée.
— Je peux ? dit-il, la main à quelques centimètres.
Elle opina du menton. Au contact, elle frissonna. Plus sensible qu’habituellement. Jamais personne n’avait ainsi touché sa queue.
— Cela n’est pas désagréable de ne pas être dans l’eau ?
— Je dois utiliser ma magie pour humidifier mes écailles. Sinon, elles sécheraient et me démangeraient… Je ne le fais presque jamais.
Ses doigts la caressaient avec dévotion, lui procurant des ondes de plaisir.
— Tu es si belle ainsi…
Elle sourit quand elle aperçut son sexe dressé et décida de lui prêter toute l’attention nécessaire.
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