Chapitre 10
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Julia remarqua que le dos d'un autre garçon s'était mis en travers de leurs regards. La connexion fut coupée mais Gwen ne le quitta pourtant pas des yeux. Elle n'y croyait pas, il était là, c'était bien lui. Le temps qu'elle envisage de se lever pour aller lui parler, David avança. Il s'en allait, il ne venait pas la voir, pas lui parler.
Il ne veut pas me voir ... Il m'a oublié ...
Gwen cru se sentir mal. Elle venait de se prendre une claque en pleine tête, pire que toutes celles qu'elle avait pris quand elle était enfant. Son regard commença à se brouiller et les larmes commencèrent à couler des yeux de la blonde.
Tout ça pour ça ... il ne m'a même pas calculé. Je suis tellement idiote.
- Chérie je suis ...
- Je ne veux pas en parler.
Julia essaya de lui remonter le moral mais en vain Gwen était fermée comme une huître. Elle ne voulait pas en parler, elle ne voulait même pas rester là, dans ce fichu bar. Elle rentra chez elle, silencieuse, malheureuse et se coucha plus triste qu'elle n'avait jamais été.
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Ludo l'avait vu, sur la terrasse, installée, avec sa copine. Il avait essayé d'anticiper pour qu'ils ne se voient ... mais trop tard. David s'était figé et ne réagissait plus. Qu'est ce qu'il pouvait faire ? Il ne devait pas le laisser aller la voir. Ludovic se plaça donc devant lui, cachant la blonde du champ de vision de son ami.
- Tu paries avec nous ou pas ? Lâcha Ludo, l'air de rien.
Quoi ? De quoi il me parle là ?
Le regard hébété, il ne comprenait rien de ce qu'il venait de se passer.
- La serveuse, l'Ossassuna, le numéro de téléphone ! T'as vu un fantôme ou quoi ?
Tous les garçons éclatèrent de rire et entraînèrent David avec eux en direction de la boite de nuit.
Non pas un fantôme ... un ange !
Il suivit le groupe, toujours ahuri de ce qu'il venait de se passer.
J'ai rêvé ? Ou elle était bien là ?
Le groupe fit la fête toute la nuit mais David avait la tête et surtout le cœur ailleurs. Il parti très tôt cette nuit là, et il rentra chez lui. Il se déchaussa, se déshabilla et s'installa à son bureau. Il attrapa une feuille blanche et un crayon à papier. Et il se mit à dessiner. Comme s'il n'avait jamais arrêté.
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Gwen était inconsolable depuis cette soirée là. Elle passait la majeure partie de son temps au lit, enfouie sous la couette à regarder des films d'amour. Le peu de fois où elle se levait, c'était pour aller aux toilettes. Elle s'était faite portée malade à son travail et n'avait pas mangé depuis trois jours. Elle pleurait quand elle repensait à sa vie, à chaque fois qu'elle le revoyait avancer sans s'arrêter. Elle aurait préféré ne pas le revoir plutôt que de vivre ça. Elle avait fini par éteindre son téléphone pour qu'il arrête de vibrer : trop d'appels de tout le monde, trop de messages pour savoir si elle allait bien.
Non je ne vais pas bien ! Rien ne va ! Laissez-moi mourir en paix !
Maël était passé à l'appartement, il avait tambouriné comme un fou sur la porte quand il avait compris qu'elle avait laissé la clé dans la serrure pour ne pas qu'il puisse l'ouvrir. Elle ne voulait pas le voir, pas lui parler. Ni lui, ni personne. Elle se sentait tellement triste, seule, nulle, moche, idiote ...
Elle avait essayé de reprendre son roman mais en vain. Elle n'avait plus d'inspiration, elle s'était envolée en même temps que lui. Elle ne faisait que penser à lui, et à ce qu'elle aurait du faire, et dire quand elle l'avait vu. Elle aurait du se lever, aller le voir, lui parler.
Mais pour lui dire quoi ? Je suis désolée ? Tu m'as manqué ? Ça n'a pas l'air d'être réciproque vu son attitude !
Elle avait essayé de mettre ses maux sur une feuille, mais elle se sentait tellement cassée, fracturée, brisée. Seule, si seule et incomplète. Comme un cœur sans sang. Rose sans Jack. Un téléphone portable sans réseau. Une voiture sans moteur. Une tête sans cerveau. Juliette sans Roméo. Une mélodie sans notes. Un livres sans pages. Raiponce sans cheveux. Un sourire sans dents. Des amoureux sans passion. Une école sans élèves. Clochette sans Peter Pan. Une cigarette sans briquet. Un ciel sans étoiles. Un soleil sans rayons. Harry Potter sans Ron & Hermione. Un oiseau sans ailes. Un sommeil sans rêves. Un gâteau sans chocolat. Le Roi Lion sans Simba. Un kinder sans surprise. Une séance au cinéma sans pop-corn. Anastasia sans Christian. Un rire sans joie. Un piano sans musicien. Bonnie sans Clyde. Des amis sans complicité. Un arbre sans racine. Virginie sans Paul. Un arc en ciel sans couleurs. Un enfant sans innocence. Victor Hugo sans Notre Dame de Paris. Un feu sans flammes. Un ange sans ailes. Un diable sans cornes. Minnie sans Mickey. La terre sans la mer. L'univers sans les astres. Lois sans Superman. Une larme sans sentiments. Une flèche sans Cupidon. Marion Cotillard sans Guillaume Canet. Une maison sans toit. Meredith sans Derek. Blair sans Chuck. Elle comprit à cet instant qu'elle avait toujours cherché dans les bras des autres hommes, dans les yeux de ses différents copains, ce qu'elle avait perdu avec David. Et la tristesse de l'avoir perdu une seconde fois la rongeait de l'intérieur. En essayant de comprendre, elle se demanda si les personnes qui hantaient nos pensées, qui vivaient dans nos cœurs, étaient vraiment faites pour nous accompagner dans la vraie vie ?
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Le fait d'avoir revu Gwen avait réveillé quelque chose en David. Il n'avait pas lâché son crayon de toute la nuit, et avait dormi que deux heures avant d'aller travailler. Il avait la tête dans les étoiles, scrutant chaque visage de blonde qui passait près du bar. A chaque pause qu'il avait, ou même quelques minutes de battement, il attrapait une serviette et griffonnait des dessins. En une nuit, il avait avancé sa BD plus vite qu'en deux ans. C'est fou comment l'effet de la voir avait résonné en lui. Comme si c'était sa muse, son inspiration. Malgré les quelques heures de sommeil, il était gai, enjoué et, étonnamment, heureux. Même s'ils ne s'étaient pas parlé. Cette pensée le renfrogna un peu. Il pensa à Loïc qui les avait coupés dans leur échange oculaire.
S'il ne m'avait pas coupé, je serai allé la voir ! Pourquoi il a fait ça ?
Parce que David n'était pas dupe. Il avait rejoué cette scène plusieurs fois dans sa tête et il avait bien vu que Ludovic avait fait exprès. Mais il se demandait pourquoi. Bien qu'il avait une petite idée au fond de lui.
Il voulait me protéger, je le sais. Il ne voulait pas que je me mette dans le même état qu'après notre rupture. Mais quand même ! J'ai presque trente ans, je ne suis plus un gamin, je suis capable de prendre seul mes décisions !
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Au bout de quelques jours, Gwen avait fini par ouvrir la porte à sa confidente, Julia. Elles avaient longuement parlé de ce qu'il s'était passé et de comment se sentait Gwen.
- C'est normal ma chérie, tout ce que tu ressens. Mais s'il te plait, ne t'enferme pas sur toi-même. Maintenant, qu'est ce que tu veux faire ?
Mourir ? Dormir ? Boire aussi ... je comprends mieux pourquoi mon père se noyait sous l'alcool.
- Tu ne crois pas qu'il faudrait que tu lui parles ?
- Ah non je ne pense pas. Tu l'as vu comme moi ! Apparemment, il ne souhaite pas me parler, du tout même
Julia regretta ce qu'elle venait de dire mais c'était trop tard. Mais, elle sentait au fond d'elle, que Gwen et David devait s'expliquer.
- Gwen, si vous ne parlez pas, tu vas rester sur cette image de lui, lâche, qui ne te dit pas bonjour et qui ne te parle pas. Ça serait dommage après toutes les belles choses que vous avez vécues, et les souvenirs que vous avez en commun. Vous vous voyez, vous vous expliquez, une bonne fois pour toute et vous passez chacun à autre chose ... Si c'est que vous voulez vraiment.
- C'est ce qu'il doit vouloir lui oui !
La conversation s'arrêta là et Julia fit promettre à Gwen qu'elle reprendrait le travail. Une fois son amie partie, Gwen erra dans son appartement, sans savoir quoi faire de sa peau ; elle alluma la télé puis l'éteignit, elle alluma l'ordinateur puis le ferma, elle prit un livre et le jeta sur le canapé. Il était tard, Julia était passée en sortant du travail et Gwen n'avait plus aucune notion du temps qui passait. D'après les dires de son amie, cela faisait cinq jours qu'elle n'avait pas mis le nez dehors.
C'est possible effectivement ...
Elle sortie sur son balcon et s'allongea sur son transat. Elle commença à regarder les étoiles tout en repensant à sa discussion.
Et si elle avait raison ? Si je devais lui parler ? Je veux savoir pourquoi il ne s'est même pas arrêté dire bonjour ! A moins que ce soit un message très clair : je ne veux pas te voir, te parler, je t'ai oublié. Oui ça devait être ça. Après tout, il devait être heureux maintenant, heureux sans elle.
Cette idée fit naître une larme dans les yeux de Gwen et finit sa course sur sa joue. Elle voulait qu'il soit heureux, bien sur, elle voulait que son bonheur. Même si son bonheur se conjuguait sans elle. Elle partie se coucher en repensant à lui, son premier amour, qu'elle n'avait jamais oublié et qu'elle aimait toujours. Elle n'avait pas vu Maël depuis plusieurs jours et c'était très clair dans sa tête : elle savait qu'elle avait toujours aimé David. Qu'elle avait toujours cherché chez les autres hommes ses qualités, ses yeux, ses défauts, ses sourires, son amour. Alors, elle voulait dormir et rêver, car dans les rêves, tout est possible et c'est souvent dans ces derniers qu'elle avouait à David la vérité, son erreur et qu'il lui pardonnait.
Le lendemain, elle appela Maël. Il fallait qu'ils parlent. Ce dernier arriva dans la soirée, la mine fatiguée. Il s'assit à côté d'elle et attendit
- Tu n'as rien à me dire ? lui demanda-t-elle
- C'est toi qui m'as appelé donc je t'écoute
Ça commence bien. Gwen prend sur toi, calme-toi.
- OK. Ecoute j'ai réfléchi, et je pense que nous deux ça va plus marcher.
Silence
- On est trop différents, et je ne veux pas me réveiller dans dix ans et me demandait pourquoi je suis avec toi. Même si on a eu une belle histoire, je pense que ...
- Et tu as mis deux semaines pour te rendre compte de ça ? lui cria-t-il en lui coupant la parole
Putain, ça recommence
- Oui, j'ai mis deux semaines parce que j'avais des œillères depuis sept ans ! J'ai longuement réfléchi et je me suis rendue compte que ... que ...
Soufflement fort.
- ... que je ne t'aimais plus.
Voilà c'est dit.
- Au moins c'est clair, merci d'être franche.
Je t'en prie.
- Je me suis rendu compte de la même chose que toi. J'attendais que l'on discute pour savoir où on en était mais je pense aussi qu'on a plus rien à faire tous les deux.
Bien ! Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas été d'accord sur quelque chose.
Maël se pencha et la prit dans ses bras. Il lui susurra d'être heureuse et qu'il viendrait prendre ses affaires demain dans la journée. Puis il se leva et parti de l'appartement. Gwen regarda la porte qui venait de se fermer et se dit qu'elle avait pris la meilleure décision depuis plusieurs mois.
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- Faut qu'on parle, lâcha rapidement David quand Ludovic eu refermé la porte.
Ils venaient de faire les courses pour les fêtes de la Madeleine qui arrivaient à grand pas et David avait pris sur lui tous ce temps pour lui parler. Il avait réfléchi à comment il allait dire le fond de sa pensée, sans vouloir se fâcher avec son meilleur ami. En entendant cette simple phrase, Ludovic su de quoi son ami allait lui parler. Il avait bien vu que depuis qu'il avait vu Gwen, ce n'était plus le même. Plus distant avec lui, toujours à dessiner alors que ça faisait des années qu'il n'avait pas touché un crayon. Il s'était préparé à cette discussion et a en assumer ses torts.
- Je sais ce que tu vas me dire ...
- Peut être mais je vais le dire quand même. On sait tous les deux ce qu'il s'est passé l'autre soir, je sais que tu l'avais vu et tu t'es quand même mis volontairement entre nous deux. J'attendais de la voir, je voulais la voir même, tu le savais, mais tu t'es quand même interposé. Je veux savoir pourquoi. Pourquoi tu as fais ça ? Je pense avoir la réponse, mais je veux quand même qu'on en parle.
Silence.
- C'est à ton tour de parler mon vieux !
- Je l'ai fais pour toi. Je ne voulais pas que tu sois à nouveau malheureux comme il y a neuf ans. Tu te souviens comment tu étais quand je t'ai récupéré après votre rupture ? En pièces, en morceaux, en lambeaux. Tu as même failli ne pas te présenter aux épreuves de ton baccalauréat !
David se souvint de cette époque de sa vie, douloureuse, qu'il avait enfoui au fond de lui.
- Tu ne faisais que me dire que tu allais la reconquérir, que tu allais lui sortir le grand jeu et que vous alliez vous remettre ensemble. Tu as espéré, pendant des mois, et personne n'arrivait à te faire revenir les pieds sur terre.
David se rappela des dessins qu'il lui avait faits, d'eux, d'elle. Il se remémora le bon pour un restaurant qu'il lui avait inventé et les fleurs qu'il lui avait fais livré toutes les semaines pendant un mois.
- Mec, je sais que tu l'as dans la peau cette fille, on le sait tous. C'est pour ça que tu n'as jamais réussi à te poser sérieusement. Mais j'ai eu trop peur qu'elle te brise encore, et définitivement.
David savait la chance qu'il avait d'avoir un meilleur ami comme lui. Il savait que c'était pour son bien et de l'entendre, ça confirmé son amitié profonde et sincère. Mais son amour pour Gwen était plus fort que tout.
- Je te remercie, vraiment. Mais je veux la voir, je veux lui parler. Il le faut, je ne dors plus depuis que je l'ai vu. Elle me hantait avant la nuit, mais depuis que j'ai croisé son regard, elle me hante jour et nuit.
Ludovic réfléchit rapidement et lança
- Si ça peut me faire pardonner, et t'aider, je peux essayer d'organiser ça ...
Il ferait ça ?
- Vrai ? Tu sais où la joindre ?
- Oui ... Ludo rougit et hésita à poursuivre. Je sais où elle travaille ...
Quoi ? Mais ... Comment ?
- Elle bosse à la maison de retraite, en ville. Je le sais, parce qu'elle a gardé des contacts avec ma mère après son stage en psychiatrie. Et puis, la fille avait qui elle était l'autre soir, je la connais de vue ...
David hésita un moment avant de lui sauter au cou ou de lui briser. Finalement, il lui décrocha un sourire digne d'une pub pour dentifrice et ils commencèrent à organiser ce rendez vous que David attendait tant.
Flashback Dix
C'était un soir caniculaire d'été. Ils étaient allongés dans l'herbe au parc du Lucky, près de chez elle. Ils regardaient les constellations tout en discutant de tout et de rien. Il connaissait toutes les étoiles par cœur et lui comptait les histoires de chacune. Leur préférée était celle d'Andromède et de Persée. En lui comptant toutes ses légendes, il jouait avec ses cheveux et elle lui caressait le torse en dessinant le signe de l'infini.
Soudain, elle lâcha :
- Après le lycée, je te suivrais à Bordeaux, tu feras ton école de dessin et moi mon école d'infirmière. Et après on se mariera et on aura sept enfants, comme Andromède et Persée
- Sept enfants, rien que ça ! Rigola-t-il.
Puis plus sérieusement, il lui dit :
- Tu penses que tu me supporteras pour toujours ?
- Oui j'en suis sure ! Tu es l'homme de ma vie
- Tu dis ça mais ...
- Il n'y a pas de mais ! Je le sais, je le sens au fond de moi. Je ne veux personne d'autre que toi. Tu es l'homme de ma vie, de mes rêves, le seul qui me rende heureuse
- Je t'aime tellement que par moment ça me fait peur ... Je ne sais pas ce que je ferais sans toi
- Rien du tout, c'est pour ça qu'on ne se quittera jamais.
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