Chapitre 18
« Je suis en bas de chez toi. S'il te plaît il faut qu'on parle»
C'était le énième message qui lui envoyait. La énième fois qu'il sonnait à son interphone.
Tu veux qu'on parle ? Très bien comme tu veux.
Elle attrapa ses clés d'un geste rapide et dévala les escaliers des deux étages en un rien de temps. Sa bouche béante laissait transparaître sa surprise et Gwen se planta devant lui. Elle n'avait pas pris le temps de se coiffer, se maquiller ou s'habiller convenablement. C'était un dimanche après midi, au milieu des fêtes de la Madeleine et elle n'avait pas dormi de la nuit, à cause du bruit des festayres ... et à cause de ce qu'elle avait vu.
- Tu veux qu'on parle ? Je suis là ! Je t'écoute.
- Gwen ... ce n'est pas ce que tu crois
- Ah bon ? Alors qu'est ce que je crois ?
- Et bien ... euh ... cette fille ... ce n'est pas ... ce n'est pas ...
- On m'a toujours dit que les gens qui bafouillaient c'était parce qu'ils se sentaient coupables
Bim ! T'as voulu qu'on parle
Bon ... Elle est vraiment énervée ...
- OK Gwen écoute. Oui je suis sortie avec elle avant de te revoir. Oui je ne suis plus le même depuis qu'on s'est connu. Oui on a dansé deux secondes. Mais je te jure que le baiser je ne l'ai pas vu venir. Je te promets ...
Les mots ne pénètrent pas sa carapace : bien sur que ce n'était plus le même ... « sorti avec elle », « dansé », « baiser » ... ces mots glissaient sur sa peau comme de l'acide, laissant une brûlure vive.
Fais attention à ce que tu me promets
- Gwen, je te jure que c'est fini entre elle et moi
- Les gens font des promesses mais ça se complique quand il faut commencer à les tenir
- Tu sais que je ne fais pas souvent de promesses. Mais la je te promets que c'est fini entre elle et moi. Ça n'a même jamais vraiment commencé. Je te le jure.
Tout son corps s'est contracté en entendant les mots « je te le jure ». Gwen voulait le croire. Elle le voulait vraiment mais elle n'avait plus confiance. Ce n'était plus l'homme qu'elle avait connu. Elle ne le reconnaissait pas. Ils étaient là face à face. Il attendait qu'elle réponde. Il savait qu'il avait déconné ... Il fallait qu'il bousille tout à chaque fois. Elle ne savait pas quoi lui dire. Le ciel commença à pleurer mais aucun des deux ne bougea. Les trombes d'eau finirent par tomber sur eux, faisant disparaître les boucles d'or de Gwen et le gel de David. L'eau ruisselait sur le visage du brun mais il n'osait pas bouger. Il attendait qu'elle lui parle qu'elle lui pardonne. Gwen sentit sa robe devenir transparente sous l'eau battante mais elle ne savait pas quoi lui dire. Elle savait qu'il ne la laisserai pas partir sans qu'elle dise quelque chose. Au bout de quelques minutes, David se rapprocha doucement de Gwen et cette dernière ne bougea pas. Elle était faible, elle devrait être plus dure mais ... elle l'avait tellement attendu. Il écartant du bout des doigts la mèche de cheveux qui était collé sur sa joue et un de ses muscles tressaillit sous le contact brûlant de David. Elle se figea et leur regard ne se quittait pas. Elle se sentait mise à nu comme s'il pouvait lire le fin fond de son âme.
- Tu me croies ?
Silence.
- Et Marie dans tout ça ?
Merde ! Elle est au courant ...
David décida que c'était le moment où jamais de laisser tomber sa carapace. Il fallait qu'il joue franc jeu
- J'avais bu. Je pensais à toi. Je voulais arrêter de penser, tu me hantais. Alors j'ai bu. Beaucoup. Trop. Mais il ne s'est rien passé. Apparemment je l'aurai même appelé par ton prénom dans la nuit.
La bouche de la blonde s'ouvrit et se referma comme celle d'un poisson. Peut être qu'il lui poussait des branchies sous ce déluge. Elle était entrain de se noyer dans l'air vide qui les séparait. Ça aurait pu ressemblait à la scène d'amour de « N'oublie jamais » avec Noah et Allie qui finissent par faire l'amour trempés par la pluie, mais ça pris plutôt la tournure de celle du film « Orgueil et préjugés » où Mr Darcy avouait à Lizzie ses sentiments. Les rôles inversés bien entendu. Il ne manquait que le « je vous aime d'un amour ardent ».
Quoi ? Mon prénom ? Je le hantais ?
Pardonne-moi. Tu me tues la. Ce regard ...
Mais alors ... non ! Non ! Re-saisisse toi ma grande.
- David ... J'aimerai tellement ...
- Gwen, crois moi !
- Et la confiance là dedans ? Elle a disparu ...
- Gwen s'il te plaît ...
- J'aimerai ... mais ce que j'ai vu hier soir ... Ce n'était pas toi, ce n'était pas le toi que je connais ...
- Non c'était le connard qui a pris possession de moi depuis que tu m'as quitté ... Il prend le dessus parfois ... mais ne le laisse pas tout gâcher
Elle me dévisage comme si elle venait de se réveiller le matin de Noël et qu'elle avait découvert le père noël mettre ses cadeaux au pied du sapin.
Il ne faut pas que je cède ... Il pourrait me tromper vu qu'il se laisse embrasser par n'importe qui ... Mais ... Tout ça pour se quitter pour ça ? Il m'a tellement manqué ...
- Comment être sur qu'il ne reprendra pas le dessus demain ? Après demain ? La semaine prochaine ?
- Fais-moi confiance ...
- Je ne sais pas ... Je n'ai pas aimé ce que j'ai vu, le toi que j'ai vu ... Le David d'avant me manque ...
- Il est toujours là ...
- Mais où ?
Silence. David comprit que c'était peine perdue. Elle n'avait plus confiance. Il l'avait perdu.
- Tu as raison. Je suis un connard. J'ai changé et tu ne me reconnais pas. Vaut mieux tout stopper la avant que je te fende le cœur.
Silence.
- Parce que c'est sur que c'est la suite logique. On se met ensemble. Et je te brise le cœur. Parce que je ne suis plus le même. Et que tu attends de moi des choses que je ne peux pas te donner. Parce que je ne suis plus comme ça. Je suis un sale con de zombie.
Il lâcha ça d'une traite et il parti, sans lui laisser le temps de répondre. Il la laissa là, seule en bas de son immeuble, surprise du revirement de situation. Ses larmes étaient pleines de regrets. A moins que ce soit des gouttes de pluie ?
J'ai tout bousillé ... Elle a qui je tenais plus que tout ... Je ne la méritais pas façon ... J'ai tout perdu, encore ...
Il fallait qu'ils se rendent à l'évidence : ce n'était plus pareil entre eux. Ça l'avait été les quelques jours après leur retrouvailles mais apparemment, David avait trop changé, ils n'étaient plus compatibles.
On n'a plus 17 ans. J'ai besoin de confiance et de quelqu'un qui veut les mêmes choses que moi. Mais il m'a dit que celui d'avant était la quelque part ... s'il fallait que je l'aide à reprendre le dessus ? Et puis la confiance ça s'acquiert avec le temps ...
On n'a plus 17 ans. Je ne suis plus ce gentil mec qui n'a pas confiance en lui. Il faut que je renonce ... même si elle est mon premier et grand amour. Je ne la mérite pas ...
♂
Elle rentra chez elle et se mit devant la télé. Elle n'arrivait pas à réaliser ce qu'il venait de se passer. Ça y est c'était fini, leur retrouvaille, leur histoire, leur couple ... il venait d'y mettre un point final. Ça avait duré une semaine et il arrêtait tout. Oui elle avait mal réagi, oui elle lui en voulait beaucoup ... mais de là à tout plaquer ? Elle aurait changé d'avis, elle change toujours d'avis, elle pardonne les gens qu'elle aime. Toujours.
Je l'aime tellement ... Pourquoi est ce qu'il a fallu qu'il embrasse cette conne ? Enfin qu'il se laisse embrasser ... On était si bien parti ! Oui il a changé mais moi aussi ! On se serait adapté, on se serait redécouvert ...
Les larmes noyèrent ses joues, trempèrent son cou jusqu'à son oreiller.
♀
David erra dans les rues pleines de festayres comme un mort vivant. Il n'avait plus goût à rien, plus envie de rien. Il savait qu'il lui avait fais du mal et c'est pour ça qu'il fallait qu'il stoppe tout. Avant qu'il ne la brise complètement. Il n'était pas un type bien, il ne l'était plus depuis longtemps ...
Mais avec elle, l'ancien David avait repris le dessus. Je n'avais pas eu envie d'aller voir ailleurs, je ne m'étais pas lassé ... Pourquoi j'ai fui comme ça ? J'ai fui le bonheur de peur qu'il ne se sauve en premier ...
David s'installa à sa table de dessin et termina sa bande dessinée en une nuit. L'inspiration l'avait habite depuis qu'il l'avait retrouvé et il avait avancé à grande vitesse. Ce qu'il venait de se passer ce soir, lui avait donné une idée pour finir le premier tome et commençait un deuxième. Il n'avait jamais autant dessiné et il pourrait envoyer ses dessins à son éditeur. Grâce à elle, il avait réussi quelque chose dans sa vie, il avait été au bout de ses rêves. Mais il ne pu pas savourer son succès, tellement il était malheureux de l'avoir perdu.
Flashback Dix-huit
En arrivant au temple de Philae, Gwen eu envie de pleurer. Elle avait vingt ans et elle réalisait son rêve de toujours, celui de venir en Égypte. Le seul petit point noir qui la rendait triste, était qu'elle visitait ce superbe pays avec sa mère. Bien sur, elle adorait sa mère et l'aimait profondément. Mais, elle devait y aller avec David. Ils se l'étaient pourtant promis ...
- Promis, je sais que c'est ton rêve. Je t'amènerai un jour en Egypte, ça sera notre premier voyage
- Oh oui ! Voir le sphinx et Abou Simbel.
- Et les felouques et les temples
- Oui mon préféré celui de Philae surtout !
- Pourquoi c'est ton préféré ?
- Il est au milieu du Nil donc il doit être sublime, bien qu'à moitié submergé. Et surtout il est en l'honneur d'Isis
- Je te promets qu'on ira à Philae ensemble ...
Elle lui avait sauté au coup, elle tenait tellement aux promesses que les personnes lui faisaient. En la serrant dans ses bras, il rajouta :
- Pour toi, je serai prêt à tout. Je t'aime ma déesse égyptienne
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