Chapitre 11. TALK
Le vendredi matin, je me levai pour mettre au point quelques petites choses. Il fallait que tout soit prêt pour le moment où je devrais agir. Je retournai à la boutique de déguisement et achetai une perruque rousse et courte. Ça me donnait un tout autre style.
En début d'après-midi, je m'aventurai dans la rue. Comme je l'espérais, Mr. Brooks était en train de faire son jardin.
- Bonjour, lui dis-je.
- Tiens, bonjour Debbie !
- Je voulais vous poser une question.
- Laquelle ?
- Je vous admire beaucoup, du sans froid dont vous faites preuve depuis... enfin par rapport à ces évènements tragiques. Vous m'avez l'air d'un homme tout à fait aimable. Donc je me suis dis que vous pourriez m'aider. En fait, il est prévu depuis longtemps que j'aille à une fête ce week-end. C'est une fête déguisée. Je voulais me déguiser en policière. Wendy m'avait dit que vous aviez des relations dans la police et que vous pourriez me trouver un uniforme à prêter, que je vous rendrai lundi. Mais Wendy est... Alors je me demandais si vous pourriez me rendre ce service ?
- Bien sûr, ce sera avec plaisir. Je le déposerai chez toi demain matin.
Évidement, il n'y avait aucune fête. J'avais juste besoin d'un uniforme pour la suite de mon plan. Et tout le monde savait que Mr. Brooks était un ami des policiers municipaux de la ville. De plus, en m'adressant à lui, je donnais l'impression d'être son «amie» et ça pourrait toujours m'être utile à l'avenir. Si Mr. Brooks pensait que je le trouvais admirable, peut-être ne ferait-il pas trop attention à moi et à mon espionnage au cas où il s'en rendrait compte.
Je rentrai chez moi. Il fallait que je parle à mes sœurs. Je n'eus pas à les prier. Dès que j'entrai dans ma chambre, elles arrivèrent à ma suite et me demandèrent :
- Quoi de nouveau sur l'enquête ?
Je me serais crue héroïne d'une nouvelle policière, ou tout simplement de ce métier. J'avais tellement changé depuis le début du mois. Je répondis en expliquant ce que j'avais pu observer en suivant Mrs. Brooks toute sa journée et en surveillant la villa toute la nuit. Puis je parlai des conversations que j'avais pu avoir avec Andie. Samantha fut la première à réagir.
- Il faut absolument faire cracher le morceau à Andie.
- Quoi ?
- Eh bien oui, Andie a forcément fait ou vu quelque chose.
- Vu... Je n'avais pas encore pensé qu'elle pourrait savoir des choses, sans avoir rien commis je veux dire.
- Beckie et moi avons mené une petite enquête sur la journée de Mr. Brooks de notre côté. Ça nous a semblé tout aussi important que pour sa femme. Il passe beaucoup de temps, énormément de temps à parler avec les policiers. Il a au moins tenu la conversation dix minutes à chacun.
- Ça te semble étrange qu'ils soient amis ?
- Évidement. Ça peut arranger plein d'affaires d'être ami avec des policiers. Imagine. Reprenons ta dernière supposition. Si Mrs. Brooks avait tué Wendy. Son mari qui est ami avec les policiers leur a soutenu pendant des années que sa femme était un ange. Ils ne penseront pas un instant à l'accuser de quoi que ce soit. Ça peut être le cas avec des milliers de supposition qu'on pourrait faire sur les Brooks.
- C'est vrai. En attendant, l'amitié de Mr. Brooks avec les policiers va pouvoir m'être utile.
- Comment ?
- Je lui ai demandé de me procurer un uniforme. J'en aurait besoin pour étudier une personne...
- Et Mr. Brooks ne se doutera pas de quelque chose ?
- Je lui ai dit que je le trouvais admirable, très gentil. Et lui ai dit que j'avais besoin du costume pour une fête déguisée.
- Tu penses à tout Debbie. Tu ferais une détective magnifique.
- Et toi, parle-moi de Mr. Brooks. Qu'a-t-il fait d'autre ?
- Il a travaillé dans son atelier, où il fabrique des meubles. Ils sont très jolis ces meubles. Mais c'est très cher. Si seulement j'étais riche...
- Les Brooks sont riches et ce sont des pourris ! répliqua Beckie, jusque là silencieuse.
- C'est vrai, fit Sam. Mais moi je serais une riche digne de l'être.
- Pour l'instant occupe-toi de tes passages de drogue, on verra plus tard !
- Je t'interdis de dire ça, je ne passe pas de drogue! C'était à une amie!
- Il faut être stupide pour cacher la drogue d'une amie !
- Arrêter de vous battre tout le temps ! criai-je. On n'arrivera jamais à rien si toutes nos réunions concernant l'enquête sont coupées par vos disputes débiles !
- Mais c'est qu'elle se prend vraiment pour une détective celle-là, lança Beckie.
- J'essaye juste de savoir. Vous m'aidez de bon cœur ou vous dégagez !
- Ça va, on va t'aider.
- Bien, demain après-midi, je vais mener une petite enquête chez Gina Silver. C'est là-bas, le cabinet dans la rue glauque où Mrs. Brooks a été hier.
- Mais si tu rencontre Mrs. Brooks, elle va te reconnaître.
- Non, je porterai une perruque.
- Et que vas-tu apprendre chez cette Gina Silver ?
- D'abord quel genre de cabinet tient-elle et ce que peut y faire Mrs. Brooks. Ensuite, j'interrogerai Gina elle-même sur la présence de Mrs. Brooks.
- Elle ne te répondra jamais !
- Je porterai un uniforme de police. Je l'emmènerai au poste en garde à vu si elle n'avoue pas.
- Tu n'as pas l'âge d'une policière.
- Elle ignore mon âge. Je serai une débutante de dix-huit ou dix-neuve ans.
- Et tu ne pourras pas la conduire au poste, puisque tu n'es pas vraiment policière.
- Elle ne le saura pas non plus.
- C'est plutôt malin effectivement. Mais fait attention à ne pas avoir de problème avec la police.
- Si c'est le cas. Je trouverai une excuse à apporter et Mr. Brooks prendra ma défense.
- Et nous, que faut-il que l'on fasse ? demanda Sam
- Toi Sam, tu te feras encore plus discrète que dans tes précédentes filatures et surveilleras Andie. Beckie, tu t'occuperas de Mrs. Brooks. Vous vous posterez dans la rue, cachées. Quand Andie et Mrs. Brooks sortiront, vous les suivrez. Prenez vos téléphones et prévenez-moi s'il y a une chose importante. Par exemple, si Mrs. Brooks vient au cabinet de Gina. Ainsi, je pourrai me préparer à sa venue. On se retrouvera dans ma chambre quand nous serons toutes rentrées. Ne lâcher pas Andie et la mère de Wendy avant leur retour chez elles.
- OK.
- Ça marche.
À ce moment, ma mère poussa la porte de la chambre. Elle entra et demanda que nous descendions au salon pour parler. Nous obéîmes, un peu surprises. Nous nous assîmes dans le canapé et ma mère s'installa sur le fauteuil en face. Nous la regardâmes, attendant de savoir ce qu'elle avait à nous dire. Elle demanda :
- Vous allez bien ?
- Oui.
- Vous n'avez pas de soucis particuliers ?
- Non.
Ces questions me rappelaient la terrible question de Wendy: «Es-tu heureuse Deborah ?». Cette phrase commença à résonner dans ma tête et je hurlai sans m'en rendre compte:
- Laisse-moi ! Je suis heureuse je te dis ! Pourquoi tu ne me dis rien toi ?
Tout le monde me dévisagea. Je réalisai alors ce que je venais de dire, une fois de plus.
- Excusez-moi.
- À qui tu parlais ? demanda ma mère.
- Pas à vous évidement... c'était juste un monologue un peu... enfin c'était pour me...
- C'était à Wendy ?
- Non....... Si.
- Je sais bien que vous avez été toutes les trois tourmentées par le suicide de Wendy, mais il faut vous dire que c'est fini de toute manière. J'ai l'impression que vous avez beaucoup de mal à tirer un trait là-dessus. Il est peut-être encore tôt pour cela, c'était une voisine et la meilleure amie de Debbie. Mais vous vous comportez vraiment bizarrement, comme si vous attendiez que Wendy revienne. Je pense que vous ne ressentaient pas les choses comme les autres habitants du quartier. Vous voulez m'expliquer ?
Je regardai Beckie, elle regarda Sam et Sam me regarda avant de répondre :
- Wendy cache un terrible secret.
- Elle a été assassinée, dit Rebecca.
- Andie est folle, ajoutai-je.
Ma mère nous regarda, désemparée. Elle dit, prise entre la colère et le désespoir :
- Wendy ne cache rien puisqu'elle est morte, personne ne l'a assassinée et je ne sais même pas qui est Andie !
- C'est la voisine de Wendy.
- Elle doit nous dire ce qu'elle a fait !
- Mais elle ne parle que de Jane.
- Qui est Jane ?
- Tu n'as qu'à l'écouter, peut-être qu'après t'avoir parlé de Jane, elle crachera la vérité pour Wendy.
- Oui, je devrais essayer.
- Elle m'avait fait peur avec son histoire de volet.
- Mrs. Brooks m'a bien plus effrayée avec ses couteaux.
- Oh oui, puis ce que tu nous a raconté d'hier soir.
- En plus elle est alcoolique.
- Et son mari violent !
- Mr. Brooks aurait tout a gagné dans ses relations avec la police.
- Mais qu'y gagne-t-il vraiment ?
- Et Gina, dans un quartier si glauque, ça m'étonnerais que ce soit une personne très fiable...
Nous étions en plein délire, nous parlions de cette affaire et de son étrangeté sans que ma mère n'y comprenne rien. Elle nous regardait, accablée. Elle cria :
- Stop !
- Pardon.
- Il faut que vous alliez chez un psychologue. Absolument.
- Non ! fit Beckie.
- Je ne suis pas folle ! criai-je.
- Je ne veux pas raconter ma vie à un gars qui ne sait rien et qui fait son malin avec ses théories bidons ! rétorqua Sam.
- Papa ne te laissera pas nous envoyer là-bas ! repris-je.
- Oui, papa n'aime pas non plus ses gars qui se la joue, genre ils savent ce qui est vrai et ce que tu ressens ! ajouta Sam.
- N'importe quoi ! soupira Beckie.
- J'en ai parlé avec votre père. C'est vrai qu'il n'aime pas ces méthodes mais dans votre cas c'est le dernier recourt. répondit ma mère.
- Je suis majeure ! déclara Beckie.
- Oui, mais si tu comptes rester chez moi à ne rien faire pendant des années, tu as intérêt à voir ce psy avant que je décide de te mettre dehors.
- Tu ne ferais pas ça maman !
- Pas si tu vois un psy, comme tes sœurs.
- Mais on va très bien, je t'assure.
- D'accord, dis-je. Je veux bien voir ce vieux psy. De toute façon ça ne changera en rien ce que je sais et ce que j'en pense. Si ça fait plaisir à maman, j'irai. Mais il y a une condition.
- Laquelle ?
- Je veux que Beckie et Sam lui parlent avec moi, je veux que nous restions toutes les trois pendant la consultation. Sinon je ne dirai rien.
- Bien, va pour la thérapie de groupe.
Le samedi matin, le psychologue accepta de nous recevoir entre deux de ses rendez-vous. Dans la voiture, Samantha et moi réfléchissions à ce que nous pourrions lui raconter pendant que Beckie grognait obstinément. Nous arrivâmes au cabinet. Je détestais les cabinets de médecins. Ils sentaient les odeurs de médicaments, des odeurs de gens en train de mourir ou d'autres en train de naitre. Ce cycle de la vie, j'en prenais conscience, était une chose fantastique et horrible. Les cabinets des médecins étaient toujours propres, bien rangés, situés dans des beaux quartiers,... Celui de Gina ne me faisait pas peur, malgré l'environnement qui l'entourait, car justement ce n'était pas un de ces endroit pour les maniaques, il reflétait tout le contraire d'un cabinet de médecin. Nous nous assîmes dans la salle d'attente. Je me sentais mal dans cet endroit, ce milieu médical. Je trouvais ce milieu plus glauque que n'importe quelle rue où se promenait Mrs. Brooks, n'importe quel bar où elle entrait ou que n'importe quelle phrase qu'eut prononcée Andie. Et pourtant ce que disait Andie semblait souvent dépourvu de tout sens. J'avais une boule dans la gorge et un n?ud à l'estomac. Je me tordais sur mon siège pour faire passer la douleur. Je toussais pour essayer de me débarrasser de l'angoisse qui habitait ma gorge. Les gens me dévisageaient. Je devais faire des gesticulations en tous sens, peut-être même de drôles de bruits. Enfin, la porte du cabinet s'ouvrit et Mrs. Brooks en sortit. Ma mère et elle avaient toutes les deux un air gêné en se croisant du regard. Il était fort amusant de voir deux femmes avoir honte de se trouver chez un psychologue. Ma mère regretta peut-être d'avoir tant insisté pour que l'on y aille. Le médecin entra lui aussi dans la salle d'attente et nous demanda à moi et mes sœurs de bien vouloir entrer dans son bureau. J'eus envie de répondre que je ne le voulais pas, mais je ne voulais pas blesser ma mère. Je me retins donc. Nous entrâmes dans le bureau du psychologue et nous assîmes sur des sièges, face à lui. Il nous observait attentivement. C'était un homme de petite taille, aux cheveux grisonnants. Sa peau était usée, des poils sortaient de ses oreilles, la semelle de ses chaussures était abimée, son nez tordu... Il n'avait rien de réellement réconfortant. Il faisait plutôt peur. Son observation terminée, il nous demanda :
- Dîtes-moi, se passe-t-il des choses anormales dans vos vies ?
- Il y a un canadien qui prétend être un prophète, mais c'est un fantôme, dit Sam, il vient dans ma chambre toute les nuits et me verse de l'eau dans les cheveux.
- Étrange.
Je me retins de rire. Sam était extraordinaire. Beckie joua le jeu à son tour :
- Un indien déguisé en vache hurle tous les matins sous ma fenêtre pour me demander de venir le traire.
- De plus en plus intéressant.
Je dis enfin :
- Tous les mardis, à quinze heures, elle change les roses du vase. Elle ne l'oublie jamais. Et puis elle aiguise des couteaux. Vous savez vous ce qu'elle a.
- Qui ça ?
- Votre cliente précédente. Pourquoi était-elle ici ?
- Mrs. Brooks ? C'est une femme tout à fait charmante.
- Dîtes plutôt tout à fait dérangée. Que vous a-t-elle dit ?
- Rien.
- Ne me faîtes pas croire que vous êtes son amant. Je suppose qu'elle est bien venue vous parler comme les gens parlent normalement à un psychologue. Elle vous a dit n'est-ce pas qu'elle est une meurtrière ?
- Ma pauvre enfant, vous divaguez !
- C'est vous qui êtes tous fous ! Faites-moi internée temps que vous y êtes ! Personne ne voudra me croire. Cette femme me rend folle. Vous connaissez Gina Silver ?
- Pas le moins du monde.
- C'est impossible. Je vous demande ce que vous a confié Mrs. Brooks. Dîtes-le-moi !
- Secret professionnel, miss Maylord.
- Épargnez-moi vos règles stupides. Je ne vous parle pas de votre emploi, je vous parle d'une affaire de vie ou de mort, je vous parle d'un meurtre ! Soyez sérieux !
- Votre mère m'a informé que vous étiez affectée par la perte de Wendy Brooks mais je ne pensais pas qu'il était question d'une telle folie.
- Je ne suis pas folle ! Je vais vous prouvez que j'ai raison. Et Andie, que vous dit Andie ?
- Vous voulez parlez de la voisine des Brooks ?
- Oui.
- Cette jeune fille est encore plus aggravée que vous. Je crains que son cas ne soit désespéré.
- Sam, peut-être qu'Andie n'est pas si folle que ça.
- Tu penses ?
- Oui. Il faut absolument que je lui parle; même si je dois écouter ce qu'elle a à me dire à propos de Jane. Elle vous a parlé de Jane n'est-ce pas Mr. Adam ?
- Effectivement. Des propos fort peu cohérents. Une histoire de volets et de meurtres. Ou je ne sais quoi de tout aussi confus.
- Le canadien et l'indien, il n'y en a pas. Je suppose que vous le saviez. Par contre, ce que je vous dis au sujet de Mrs. Brooks est totalement vrai.
- Parlez-moi donc plus en détails de cette histoire, de Mrs. Brooks.
- Non. C'est mon secret professionnel.
- Vous n'exercez aucune profession.
- Et vous n'en savez rien ! Bien sûr que j'exerce une profession. Ce n'est pas déclaré, mais ça ne m'empêche pas de l'exercer.
- Et quelle est-elle ?
- Ça ne vous regarde pas. Mais bon, si vous y tenez. Je suis détective, à mon propre compte.
- Voyons !
- Si vous me dîtes ce que vous savez de Mrs. Brooks je ferais de même.
- C'est du chantage, miss Maylord.
- Tout ce paye dans ce monde !
- Mrs. Brooks était venue me livrer la tristesse de la perte de sa fille.
- Et vous parler de sa dépendance à l'alcool.
- Je vous en prie ! Un peu de respect pour cette pauvre femme !
- Que vous a-t-elle dit de plus ?
- Rien.
- Vous mentez Mr. Adam. Je sais bien que vous mentez.
- Elle m'a parlé de sa sœur, ce n'était pas fort intéressant. Des histoire d'héritage de... comptes bancaires etcétéra. Bien, maintenant parlez-moi de ce que vous vous savez.
- Mrs. Brooks travaille pour le compte d'un crazy horse et son mari se travestit.
- S'il vous plait, Miss Maylord.
- La famille de Mrs. Brooks sont en fait des agriculteurs.
- Miss Maylord...
- Ils ont gagné au loto et se sont débarrassé de leur exploitation.
- Voulez-vous bien être sérieuse ?
- Assurément. Mr. Brooks a perdu tout ses biens à Vegas et sa femme a aussitôt engagé les procédures de divorce.
- Cessez de...
- Mrs. Brooks se prend pour une chèvre, elle passe toute ses nuits à bêler.
- S'il vous plait, arrêter ces histoires stupides.
- Elle drogue son mari. Et elle est alcoolique. Qui sait ce qu'ils fument !
- Assez ! Pourquoi refusez-vous de me dire ce que vous savez ?
- Vous ne m'avez vous-même pas dit la vérité. Mrs. Brooks n'a pas de sœur, Mr. Adam. Je ne vous dirai la vérité que lorsque vous m'aurait dit ce que vous savez. Je peux encore inventer des milliards d'histoires au sujet des Brooks. Je pourrais même en écrire un livre. Quand vous serez décidé à me parler sérieusement, prévenez-moi. Mais je vois bien que votre secret professionnel est plus important que votre profession elle-même. Je suis venue car mes parents estiment que j'ai besoin de votre aide et vous n'êtes qu'un incapable !
- Et comment je fais pour mon indien ? demanda Beckie ironiquement.
- Sortez ! ordonna le psychologue.
Triomphantes, nous sortîmes du cabinet. J'étais terriblement fière de moi. Nous nous mîmes à rire. Nous avions réussit à échapper à toutes les questions de ce psychologue de malheur.
- Vous avez assuré ! dis-je à mes sœurs.
- Non; c'est toi qui a été formidable ! assura Sam.
- Je crois qu'il n'avait jamais vu ça de toute sa carrière, ajouta Beckie.
Nous nous prîmes par la main afin de rire de plus belle. Mr. Adam s'entretint en privé avec notre mère. Elle ressortit du bureau avec le teint pâle. J'étais désolée pour elle mais je n'aurais pas pu faire autrement.
- Mr. Adam refuse de vous recevoir une nouvelle fois dans son cabinet, dit-elle.
- Tant mieux ! lançai-je.
- Vous avez été exécrables parait-il, surtout toi Deborah. Je te pensais plus raisonnable.
- Il y a des situations où la raison devient une mauvaise chose, maman. Mais tu ne peux pas le comprendre, malheureusement. J'espère pouvoir te le montrer un jour...
- Le docteur m'a dit que tes sœurs étaient encore des enfants et se riaient de gamineries et que toi, Debbie, était folle à lier et qu'il craignait que tu ne finisses dans un service psychiatrique.
- Qu'il dise ce qui lui plait. Moi je ne suis pas stupide. Le psy est juste sous la charme de Mrs. Brooks.
Mes sœurs éclatèrent de rire. C'était pourtant bien la vérité. Ma mère, elle, ne riait pas du tout. Je pris sa main dans la mienne et lui souris. Je ne pouvais rien faire de plus.
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