26. Élodie & William : Fight club
27 janvier 2014, Paris
— T’étais où, salope ? Avec lui, c’est ça ?
Élodie Hatkins tente en vain de se protéger de la nouvelle volée de coups que lui assène sans relâche son mari. Acculée au sol, elle rampe sur le carrelage-damier noir & blanc du long couloir de leur appartement de Montmartre. Son sac à main n’est plus très loin, elle sait qu’il est sa seule chance de s’en sortir ce soir, son unique planche de salut. Elle tend le bras, elle y est presque, peut presque en toucher l’anse. Presque. Quand soudain, une poigne de fer s’agrippe à ses chevilles et la tire en arrière en lui arrachant un cri d’effroi.
— Où crois-tu aller comme ça, petite pute ? Tu penses pouvoir t’échapper d’ici pour aller le rejoindre, c’est ça ? Mais tu rêves, ma jolie ! Tu m’appartiens ! Tu le sais ça, pourtant...
Elle se tortille, se débat de toutes ses forces mais le combat est inégal. Désormais, elle est sur le dos et lui l’écrase de tout son poids.
— Ah, on fait moins la maligne, là, hein ! Mais puisque tu aimes tant te faire tringler par une bite, tu vas être servie…
Tandis que le brutal quinquagénaire défait sa ceinture et s’apprête à se débarrasser de son futal, les larmes de la suppliciée affleurent sans qu’aucun son ne puisse sortir de sa bouche. Elle est tétanisée, mais lui n’en a cure...
— C’est ça que tu veux, hein, sale chienne ? Un mâle qui te domine, te dresse, te défonce la chatte jusqu’à te faire jouir... Seulement, ce soir, c’est moi qui vais te baiser, ma belle ! Moi qui vais te rendre docile et disciplinée ! Tu m’entends, Élo ? Tu es à moi et je vais te niquer comme la pire des traînées...
Prisonnière sous son joug, le venin qu’il crache au visage défait de son épouse l’atteint de plein fouet et la paralyse. Les yeux exorbités par la folie qui l’habite et le sexe tendu d’excitation, Mister Hyde prend le pouvoir sur Jekyll et jubile d’asservir une fois de plus sa sex-doll.
C’est alors que la rage du désespoir finit par éveiller en elle un ultime instinct de survie : un coup de genou bien placé dans les testicules de son bourreau. Ce dernier hurle sa douleur en jurant comme jamais, Élodie profitant de son bref relâchement pour se dégager de son emprise. Elle se relève et court jusque vers l’entrée, atteint enfin le précieux sac à main et en sort le salvateur revolver que lui avait fourni son amant et dont il lui avait appris le maniement. Tout se bouscule dans son esprit, mais elle s’efforce de ne pas perdre son sang-froid afin de ne pas être prise en défaut. Elle arme le chien, pense avoir suffisamment d’avance pour ne pas avoir à utiliser l’arme à feu qu’elle tient entre ses mains, sauf que William est sur ses talons. Paniquée, elle tire et blesse légèrement l’épaule de son poursuivant. Sans réfléchir, elle sort précipitamment de l’appartement, referme la porte à clé en la figeant dans la serrure et descend les escaliers quatre à quatre pour rejoindre sa voiture. Elle roulera de longues minutes en mode automatique ; puis, lorsqu’elle s’estimera suffisamment hors de portée de son prédateur, fondra en larmes en tremblant de tous ses membres.
Et si elle l’avait tué ? Il faut qu’elle appelle Virgile ; lui seul saura quoi faire…
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