Jones ?

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Les quatre cavaliers s’éloignent dans la poussière ocre du désert, galopants vers le soleil couchant alors que la musique du générique final commence. Je reste là, assis dans le fauteuil. J’ai à la fois quarante-deux ans et quinze ans. Je reviens soudain dans cette minuscule salle de cinéma dans la petite ville française au creux des Pyrénées qui allait abriter mon adolescence après mon retour de l’étranger. J’étais allé au cinéma, seul, pour la première fois. Je me souviens très clairement de la séance, comme si elle venait juste de s’achever. Indiana Jones et la Dernière Croisade de Spielberg venait de saisir tout mon être, d’enflammer mon imaginaire pour le restant de ma vie. J’étais resté jusqu’à la dernière note, goûtant la musique entraînante. En rentrant j’avais pris la décision d’étudier l’histoire médiévale et d’écrire des romans d’aventures… Aujourd’hui encore, à chaque fois que je regarde les Indiana Jones, je suis transporté vers des mondes à explorer, vers de vastes aventures…

Je me tourne vers cet adolescent angoissé par l’avenir, qui l’espace d’un film n’a plus eu peur du racisme des autres, n’a plus pensé à la terreur que lui inspire son paternel. J’ai envie de lui dire de ne pas s’en faire, qu’il trouvera sa voie, justement grâce à ce film. Il ne le sait pas encore mais son envie d’écrire ne deviendra réalité qu’avec la mort de son père des décennies plus tard, comme si cette disparition avait fait sauter les derniers verrous avec lesquels la figure autoritaire avait cadenassé l’esprit tourmenté de l’enfant que j’avais été.

Je regarde le film presque toutes les années, comme une thérapie contre la morosité ambiante, contre mes propres démons qui menacent de m’entraîner vers des abysses dont je ne suis pas certain de pouvoir revenir. Cette fois-ci c’est une année particulière. Ma fille est debout sur le fauteuil, un coussin entre ses deux petites mains, juste sous son menton, prête à se cacher un œil pendant que l’autre regarde tout de même la scène qui fait peur. Elle reste silencieuse un long moment, puis, son regard espiègle brillant de bonheur, elle me lance :

  • On le regarde une nouvelle fois ! Il est trop génial ce film ! Je veux être une Jones ! Comme Indiana ! Comme Dora ! Après, on ira à la recherche de trésors perdus sur la Gardiole !

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