22.     Second examen familial

 

Elle arriva dans la salle à manger, André, le père de Christophe terminait de rapporter les verres pour les boissons de ce repas de midi.

— Bonjour Clémence, je suis heureux de vous revoir.

Il lui fit la bise,

— Moi de même, monsieur.

— André, appelez-moi André.

— D’accord.

— Et moi, tu m’appelles Mathilde, d’accord ?

La mère de Christophe était arrivée sur les entrefaites, elle déposa un plat sur la table puis lui fit aussi la bise.

— D’accord, ce sera Mathilde alors.

— Assieds-toi, Christophe arrive avec le pain de viande qu’il est occupé à découper en tranches.

— Ok.

Clémence s’assit, les parents de Christophe s’installèrent en face d’elle, il se passa un petit moment d’observation réciproque, Clémence se senti scrutée de toutes parts, André prit la parole,

— Un peu de vin ?

— Volontiers.

Il la servit, elle nota que Mathilde continuait à la fixer intensément. Clémence prit une gorgée de vin puis leur dit, avec une légère hésitation,

— Si… Si vous voulez me poser des questions, n’hésitez pas.

Les parents de Christophe se regardèrent, un peu interdit.

— Désolé si nous t’avons mise mal à l’aise, dit Mathilde.

— Je…

Elle rit nerveusement,  

— J’ai eu l’impression d’être sous un microscope, mais je comprends, Christophe est votre fils et j’imagine que vous voulez avoir plus de renseignements sur moi.

— Oui, c’est vrai, dit Mathilde, mais ce n’est pas un interrogatoire. Tu sais, le voir aussi heureux quand tu es à proximité, cela me contente déjà, j’espère juste que vous savez tous les deux vers quoi vous voulez aller… Et que cela ira dans le même sens pour vous deux.

— Je l’espère aussi et comme je le disais encore là tout de suite, à Christophe, notre histoire est toute récente, ce que chacun de nous a montré à l’autre nous convient, mais seul le temps pourra nous donnera la réponse concernant notre futur.

Christophe arriva à ce moment-là et s’exclama,

— Houlà que vous semblez sérieux ! Tenez, voilà la viande.

Il déposa le tout sur la table puis s’installa aux côtés de Clémence.

— Bon, on mange ? Demanda-t-il.

— Oui, fiston, on mange, tu veux du vin aussi ? Demanda André

— Juste un verre.

Clémence prit une seconde gorgée de vin, en regardant Christophe qui lui proposait de la servir. Elle sentait une certaine tension chez Mathilde, elle ne comprenait pas trop pourquoi, elle se dit que cela devait provenir du fait que Christophe soit son fils unique et qu’elle le protégeait … D’elle ou d’autre chose. Elle respira profondément et intercepta l’assiette que Christophe lui tendait.

Le repas fut serein, Christophe lui prit plusieurs fois la main sous la table, elle posait parfois sa main sur son genou ou sa cuisse.

Clémence proposa d’aider Mathilde à débarrasser la table et ramener le dessert. Une fois dans la cuisine, Mathilde parla à Clémence,

— Je suis désolée pour là tantôt, mais j’ai tendance à être protectrice avec mon fils, je ne sais pas s’il t’en a parlé, mais il a vécu une rupture douloureuse il y a quelques années. Je l’ai vu souffrir et j’ai peur que cela ne recommence, même si je vois bien que cela semble très bien se passer entre vous, mais comme tu l’indiquais à table, il faudra voir avec le temps.

— Je comprends, je n’ai pas l’intention de lui faire du mal, il a connu des choses éprouvantes, il ne m’en a pas dit grand-chose, mais mon but n’est pas de le jeter comme il a dû l’être précédemment.  

Clémence se concentra sur le découpage du gâteau à la cannelle. Elle se sentait submergée par de la tristesse ; des flashbacks de sa première relation lui revenaient, démontrant bien la différence entre ce qu’elle vivait actuellement et ce qu’elle avait vécu avec son ex. elle fut sortie de sa bulle par Mathilde qui lui demanda,

— Clémence, est-ce que ça va ? Tu as l’air triste.

— Oh, désolée, j’étais perdue dans mes pensées…

— Ça n’avait pas l’air très drôle, ça concerne Christophe ?

— Non… Enfin… Nous avons tous les deux vécu des choses difficiles, j’espère juste que cela ne nous éloignera pas… Tout est si bien pour le moment.  

— Si tout est bien pour le moment, j’espère que cela continuera, personnellement, depuis que vous êtes ensemble, je vois mon fils revivre et franchement, j’aimerais bien que cela dure.

Clémence sourit, tant à ce que Mathilde venait de dire, que par rapport au jeu de mots que Christophe avait eu ce matin… Elle se sentit mieux, pleine d’espoir.

— Moi aussi, je suis pleine d’espoir pour la relation que j’ai avec votre fils, Mathilde, j’espère aussi qu’elle sera longue et pleine de bonheur.

Elle se retourna pour écraser une larme. Mathilde posa une main sur son épaule, Clémence l’accepta et posa sa main sur la main de Mathilde.

— Viens, ils doivent s’impatienter dans la salle à manger.

Elles arrivèrent, en souriant.

— Ça vous en a pris du temps ! On a presque vidé la bouteille de vin à deux ! Dit André.

— Eh, il fallait que nous soyons sûrs que le gâteau soit bien cuit et puis il a fallu le laisser refroidir pour pouvoir le couper correctement répondit Mathilde.

Clémence reprit sa place, Mathilde la sienne, Christophe se pencha vers Clémence pour lui embrasser la tempe et pour lui glisser à l’oreille,

— Ça va ? Tu as l’air soucieuse.

— Oui, ça va, ne t’inquiète pas.

Elle lui prit la main sous la table et croisa ses doigts avec les siens.

Christophe dégusta son morceau de gâteau, Clémence aussi.

— Et donc, vous allez visiter Tournai cette après-midi ? Demanda André, Heureusement, il y a du soleil.

— Oui, c’est ce que Christophe avait prévu pour cette après-midi. Ce sera une promenade digestive, je crois.

— D’ailleurs, si ça ne vous dérange pas, nous allons y aller.

Le couple se leva et chacun prit son manteau.