30. La pêche aux infos de Madison

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30.     La pêche aux infos de Madison

 

Elle entra dans le petit salon où ils l’attendaient.

— Salut vous deux, ça va ? Je ne dérange pas ?

— Non Madison, pas de soucis. Alors, quoi, tu te sens seule ?

— Bah oui, tes parents sont partis au marché, toi t’es ici avec Clémence… Et moi, je me retrouve, toute seule, en bas.

— Quoi, Christophe a l’habitude de te tenir compagnie ? Désolé, je le réquisitionne rien que pour moi. Dit Clémence.

— Oui, c’est ça, tu me piques mon cousin, Clémence !

Madison rigola.

— Ah, mais, je croyais que tu étais contente que je sois avec lui, ce n’est pas ce que tu as dit hier quand on s’est croisé avec les pizzas ?

— Mais oui, je suis heureuse pour vous deux, mon vieux cousin est enfin casé ! Mais bon, je m’ennuyais un peu en bas…

— Et donc, tu viens t’incruster chez moi, Madison…

— Oui cousin !

— Allez, raconte nous ce que tu fais ici Madison, j’imagine que tu as des choses à dire, non ?

— Euh… Tu veux savoir quoi ?

— Bah, si tu es ici chez ton oncle et ta tante, j’imagine que chez toi, tu dois t’ennuyer encore plus, non ?

Madison se trouva un peu coincée… Elle qui pensait leur tirer les vers du nez et raconter le tout à sa tante ce soir, là, Clémence changeait la donne en l’interrogeant, elle. Christophe rigolait sous cape, il connaissait sa cousine et savourait le fait que Clémence l’ait coincée de la sorte.

Madison rebondit,

— En fait, ma mère, la sœur de la mère de Christophe, est en voyage avec son nouveau compagnon, en Thaïlande.

— Tu vivais seule avec elle ?

— Oui, sauf depuis un an, depuis l’arrivée de Robert…

— Tu l’apprécies ou pas, ce nouveau compagnon de ta mère ?

— Bah, ça va, il est sympa… Mais bon.

— Quoi, il monopolise ta mère, et ça, ça te va moins, c’est ça ?

— Bah, un peu… Et mais arrêtes, tu vas tout savoir de moi et je ne saurais rien de toi !

— Donc c’était bien ça que tu étais venue chercher… Des infos.

Madison lui lança un regard un peu interloqué puis eut un petit rictus, elle finit par lâcher,

— Oui, c’est vrai… Je voulais des infos ! Mais bon, j’ai envie de savoir comment il s’en sort le cousin et si je pourrais être dame d’honneur, tout ça.

— Ah oui, tout ça !

Clémence écarquilla les yeux, elle se retourna vers Christophe qui était écroulé à côté d’elle dans le divan, secoué par les rires qu’il tentait de retenir, des larmes coulaient sur ses joues. Clémence lui dit,

— Ça, tu m’en avais parlé dès le premier jour, de l’aspect « dame d’honneur », tu penses qu’elle a déjà une idée pour la robe ?

Madison les regardait, un peu effarée, elle ne s’attendait vraiment pas à ça, pensant trouver une Clémence plus timide et un cousin taiseux à qui elle tirerait les vers du nez, comme elle savait le faire.

Elle finit par sourire, il était si rare de voir son cousin pleurer de rire… Madison se fit même la réflexion que cela faisait des années qu’elle ne l’avait pas vu rire à ce point. Elle avait des souvenirs de ce type quand elle était plus petite, mais, le voir comme cela, à présent, cela lui réchauffait le cœur.  

Il est bien, il est heureux, se dit-elle.

Entre deux rires, Christophe répondit,  

— Oui, je crois qu’elle en a déjà une bonne idée ! Fais gaffe, sinon elle choisira elle-même la robe de mariée !

Madison ouvrit la bouche puis la referma et demanda,

— Vous allez vous marier ?

Clémence regarda Christophe, ils échangèrent un regard à la fois surpris, effaré et amusé puis éclatèrent de rire tous les deux. Christophe la prit dans ses bras et la berça, tentant d’arrêter son fou rire, Clémence tentait de reprendre une respiration normale, mais repartait en fou rire dès qu’elle regardait Christophe.

—  Hé, mais ho, ça va aller là ? C’est quoi qui vous fait rire là ? Vous avez fumé la moquette ou quoi ?

Clémence se redressa, se frotta les yeux, elle pleurait de rire elle aussi, et fini par arriver à articuler,

— Oh, non, et on n’a pas mangé de space cake non plus Madison.

— Mais quoi alors ?

— Toi, et ton envie de mariage… Christophe m’a parlé de ton appétit pour ce genre de festivités, dès notre premier matin.

— T’as dit quoi cousin ? Lui demanda-t-elle en le fusillant du regard.

— Mais la vérité Madison, que tu rêves de me voir casé et marié et que tu penses déjà à la robe que pourrait revêtir Clémence ce jour-là pour savoir à quoi ressemblerait la robe des demoiselles d’honneur.

Madison bouda. 

— Hé, mais ça va Madison, il n’y a pas de souci, juste que nous trouvons ça très drôle, tous les deux.

Madison fusilla son cousin du regard, il récupérait de son fou rire, puis répondit à Clémence,

— Oui, c’est bon, je sais, j’aime bien les fêtes, c’est tout.

Elle regarda Clémence en boudant encore un peu, puis reprit,

— Mais vous deux, ça a l’air d’aller plutôt bien entre vous, non ? Ça fait super longtemps que je n’avais pas vu Christophe rire comme ça… Vous avez une super connivence entre vous, ça se voit.

Christophe se rapprocha de Clémence, passa son bras sur ses épaules et lui glissa,

— Oui, on peut dire ça, t’en penses quoi de cette analyse ?

— Oui, je suis assez d’accord, je pense que la notion de complicité pourrait aussi être évoquée par rapport à nous, non ?

— Oui, je trouve aussi que nous sommes plutôt complices.

Madison les regardait échanger autour de leur complicité et fini par intervenir, frustrée de se sentir un peu mise à l’écart par le couple qui semblait bien s’amuser de la chose.

— Hé ho, je suis là hein !

Christophe soupira, embrassa la tempe de Clémence puis répondit à sa cousine,

— Oui Madison, je sais… Mais là, nous t’offrons un échantillon de ce que tu cherchais comme infos, non ?

— Ha… Oui, je vois bien, vous vous entendez super bien, vous vous parlez de tout, j’imagine, mais…

Elle se tut. Clémence se permit d’intervenir.

— Mais, tu aurais aimé un scoop, c’est ça ? Une annonce de fiançailles, ou un truc du style…

Madison soupira,

— Je sais que ça vous met la pression et que je cherche à savoir des trucs, c’est pas correct de ma part.

Clémence la laissa continuer, elle posa sa main sur la cuisse de Christophe lorsqu’elle sentit qu’il se tendait un rien, probablement pour lui répondre. Il sembla avoir compris, il ne parla pas, mais regarda Clémence avec des questions dans les yeux lorsque celle-ci tourna la tête vers lui, elle lui fit un « chut » silencieux.

Madison se tortilla un peu sur le fauteuil puis lâcha,

— Ta mère s’inquiète Christophe !

— Mais de quoi ? Demanda Christophe.

— Que Clémence soit comme Sophie… Moi, je ne l’ai pas vraiment connue cette Sophie, j’avais douze ans quand vous avez rompu, je n’ai que ce que tante Mathilde m’a dit pour me faire une idée.

— Et ?

— Et je ne sais pas, pour moi vous vous aimez tous les deux, je ne sais pas ce qui fait peur à ma tante.

Clémence regarda Madison et lui répondit, d’un ton calme,

— Je crois qu’elle a peur que je largue ton cousin, Madison, je pense qu’elle n’arrive pas à me faire confiance, pas encore. Dit Clémence.

— Ouais, c’est peut-être bien un truc comme ça… Lâcha Madison songeuse.

Christophe tourna la tête vers Clémence, étonné, et lui demanda,

— Mais quoi, Clémence, tu le sens vraiment comme ça avec ma mère ? Tu crois qu’elle ne te fait pas confiance ?

— Elle a peur de mes intentions, je crois. Tu sais, que je te brise le cœur, que je vide ton compte en banque, que mes projets ne soient pas les mêmes que les tiens et que je te force à me suivre… Des choses comme ça, tu vois ?

Il fronça les sourcils, Madison était tout ouïe,

— Mais… Mais qu’elle arrête ! C’est ça que tu n’étais pas bien après l’avoir suivie dans la cuisine. Je vais lui dire de te lâcher la grappe !

Il était énervé, Clémence le sentit, il était tendu de tout son corps, sa respiration était saccadée. Elle lui caressa la cuisse et lui dit,

— Hé Christophe, je lui ai dit que je pensais que nos projets me semblaient bien proches, je pense qu’elle a compris.

— Mais quand même !

Il la serra dans ses bras et lui dit,

— Je n’ai pas envie qu’elle soit continuellement sur ton dos, j’ai envie que tu te sentes à l’aise de venir chez moi, sans l’appréhension de croiser ma mère… Si elle te met mal à l’aise, tu ne te sentiras pas bien avec moi non plus, tu finiras par prendre distance et je te perdrais… Par sa faute.

— Hé, Christophe… Elle ne me harcèle pas.

Christophe réfléchissait, il se renferma.

— Non, je vais lui en parler, entre mère et fils.

Il soupira bruyamment puis reprit,

— Madison, que peux-tu nous dire d’autre de ce que pense ma mère ?

— Euh… Eh bien, je crois que Clémence l’a bien cernée… Comme ton père ; il lui a dit qu’elle devait laisser Clémence tranquille, pour qu’elle ne s’enfuie pas en courant.

— Ha, Christophe sourit à moitié, il le lui a déjà dit…

— Oui, mais tu la connais, elle aime creuser. Désolée, Clémence, elle est comme ça.

— Je comprends, elle n’a pas envie que son fils souffre à nouveau… Mais bon, ce n’est pas en le couvant qu’elle le protégera des aléas de la vie.

— Tu es un très bel aléa Clémence…

Il la serra dans ses bras et posa un baiser dans ses cheveux 

— Et ma mère n’a pas à me protéger de toi.

Clémence lui prit la main et lui dit,

— Je pense qu’il faudrait que j’aie une bonne conversation avec elle, histoire que nous nous connaissions mieux, toutes les deux.

Madison les regardait et se sentait un peu de trop, elle se recroquevilla dans le fauteuil où elle était assise, Clémence le capta.

— Hé, Christophe, tu fais un bien piètre hôte, tu sais ; ton invitée ne sait plus où se mettre.

Il regarda vers Madison et lui dit,

— Tu veux un truc à boire cousine ? C’est vrai, je ne te l’ai même pas proposé.

— Bah, t’étais trop occupé à tripoter Clémence, c’est pour ça !

— Il reste des chips aussi, on n’a pas tout mangé hier soir, rajouta Clémence.

— Vous avez fait quoi hier soir ?

Madison s’arrêta tout d’un coup, rougissant en les regardant tous les deux, le couple éclata de rire, Clémence se leva et passa à côté de Madison à qui elle donna une bise sur le front puis lui dit, avant de filer vers la cuisine.

— On s’est fait une soirée Iron Man Madison ! Les trois films d’affilée !

— Ah…

— Eh oui, tu vois cousine, on ne fait pas que baiser non-stop à l’étage !

Christophe avait un grand sourire en s’adressant à Madison, cette dernière lui répondit,

— Cousin, je suis super contente pour toi, que tout aille bien avec elle, je suis ravie de te voir si rayonnant.

Il prit sa cousine dans les bras, et lui chuchota,

— Je suis heureux que tu m’aies poussé vers elle Madison.

— Mais de rien cousin, je suis trop contente que ça se réalise pour toi avec elle !

— Et moi donc.

Clémence arriva avec deux raviers de chips et les déposa sur la table du salon.

— Voilà, de quoi grignoter.

Elle leva la tête en entendant quelques bruits qui provenaient du couloir, les parents de Christophe étaient rentrés.

— Bon, je vais faire causette avec ma mère ! Lança Christophe en se levant.

— Christophe, laisse-lui le temps d’arriver… Et puis, je ne sais pas trop, mais j’ai envie d’avoir, moi, une conversation avec ta mère ; de femme à femme.

Christophe fronça les sourcils et lui dit,

— Mais, Clémence, si tu n’es pas à l’aise avec elle, ce n’est peut-être pas la meilleure idée, si je lui parle avant, ce serait mieux, non ?

— Je ne pense pas, tu te poserais comme mon protecteur et elle risquerait, encore plus, de se méfier de moi… Elle me verrait comme celle qui t’envoie pour la protéger, voire te monter contre elle.

— Je suis d’accord avec Clémence ! Lança Madison. Ça passera mieux avec tante Mathilde si c’est elle qui vient lui parler.

Christophe les regarda toutes les deux, plutôt sceptique.

— Je ne sais pas ce qu’elle a en tête, c’est ça qui m’inquiète…

— Le seul moyen de savoir, c’est de le lui demander, Christophe. Dit Clémence.

Elle lui caressa le bras, il l’enlaça et soupira quand il nicha sa tête dans le cou de Clémence. Elle passa ses mains dans son dos et le berça doucement.

— Laisse-moi lui parler Christophe, j’ai envie de mettre les choses à plat avec elle, pour pouvoir commencer officiellement une relation avec toi.

Elle le sentait respirer dans son cou et souffler aussi, lorsqu’elle termina sa phrase. Il s’écarta d’elle après avoir laissé un baiser sur la peau de son cou.

— Ok, je vais te laisser faire.

— Et je vais lui laisser le temps d’arriver et de se poser chez elle, hein ? Je ne pense pas que lui sauter dessus sera très productif.

Il la regarda tout en la tenant par la taille, il semblait troublé.

— Ok, mais tu me dis s’il y a le moindre truc de travers, promets-le moi Clémence.

— Je te le promets Christophe…

Elle caressa la mâchoire de Christophe en souriant,

— Dis, si tu prenais le temps que te raser quand même… Je propose qu’on attende pour tester le bouc.

Elle posa un baiser sur ses lèvres, il se détendit et l’enlaça avant de lui dire,

— Oui, je vais faire ça de suite… Ça me calmera un peu.

— Fait gaffe à ne pas te couper si tu es encore énervé, je n’ai pas envie de te retrouver avec des sparadraps partout mon ami.

— Je tenterais de faire attention… Et comme cela, tu auras le feu vert pour aller dire bonjour à ma mère ; je te vois venir avec tes gros sabots, tu sais !

— Oui, je le sais, tu lis visiblement en moi comme dans un livre.

Elle lui sourit et rajouta, tout bas,

— Laisse-moi tenter l’affaire à ma manière, c’est moi qui débarque dans ta famille, c’est à moi de me faire adopter.

Il sourit et pouffa d’un rire un peu nerveux. Il lui donna une tape sur les fesses et lui glissa à l’oreille,

— Allez, files te faire adopter alors !

Elle lui sourit en lui faisant un signe de la main alors qu’elle s’orientait vers l’escalier, Madison l’attendait sur le palier ; elle n’avait pas manqué une miette de la scène.

— Purée ! Comment tu l’as casé dans la salle de bains pour être libre de descendre seule ! Faudra que tu m’apprennes ça un jour Clémence !

— C’est quelque chose qu’il faut sentir Madison, il n’y a pas de recette toute faite. Viens, on va le laisser se raser, j’espère que je ne vais pas le retrouver à moitié balafré !

— Ouaips, viens, Tante Mathilde doit être dans la cuisine en train de ranger les courses qu’ils ont faites au marché.





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